Nouvelle candidature pour le patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO : L’Irrigation traditionnelle en Europe

Une candidature multinationale de l'Autriche, de la Belgique, de l'Allemagne, de l'Italie, du Luxembourg, des Pays-Bas et de la Suisse.

Le 30 mars 2022, la candidature « L'irrigation traditionnelle en Europe : savoir, technique et organisation » a été soumise à l'UNESCO pour inscription sur la « Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité ».

L'irrigation traditionnelle est un type d'irrigation agricole qui repose sur l'utilisation stratégique de la gravité et de systèmes construits manuellement – tels que des canaux et des fossés – pour acheminer l'eau des sources naturelles vers les champs et prairies. Pour utiliser cette méthode de manière durable et efficace, une connaissance approfondie du paysage, du débit d'eau et des conditions météorologiques est nécessaire.

Au niveau belge, deux canaux sont encore en activité à l’heure actuelle et représentent les deux systèmes typiques d’irrigation traditionnelle des prairies en Belgique : l’irrigation en plaine à Lommel et l’irrigation en moyenne montagne à Cierreux.

« L’abissage ou irrigation traditionnelle des prairies en Ardenne belge » est reconnu depuis le 30 août 2021 par la Ministre de la Culture en tant que Chef-d’œuvre du Patrimoine oral et immatériel de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Le canal d’abissage de Cierreux est un exemple significatif de revitalisation de la pratique en Wallonie. Si de nombreuses traces de canaux d’abissage subsistent sur le territoire wallon, il s’agit du seul canal encore en activité en Ardenne belge. Construit à la fin du 19e, le système d’irrigation installé sur le pré au Tambales a été abandonné après la Première guerre mondiale.

Heureusement, depuis 2011, une poignée de passionnés ont recréé des liens entre les détenteurs de cette tradition et les structures capables d’en assurer la survivance. C’est par leur action que la restauration du canal a été rendue possible. Chaque année, des bénévoles, des agriculteurs et le propriétaire s’occupent de l’entretien du canal et irriguent ainsi la prairie de fauche. L’abissage a généré une diversification de la végétation des prairies et a contribué au développement de l’élevage bovin en Ardenne.

L’irrigation traditionnelle permet de concilier protection de la nature, agriculture, gestion des eaux et patrimoine. Son adaptation aux changements climatiques, permettant notamment la lutte contre la sécheresse, en fait une pratique importante tant pour l’environnement que pour la société.

Aujourd'hui, une tentative commune est faite pour rendre cette tradition visible au niveau international. Les détenteurs de la tradition de 7 États ont préparé cette candidature multinationale avec des experts, des ONG, des parcs naturels et des organismes publics afin de rendre visibles au niveau international les connaissances, la signification culturelle et les pratiques sociales associées à l'irrigation traditionnelle.

L'UNESCO évaluera le dossier de candidature dans le cadre d'une procédure de plusieurs mois et devrait se prononcer sur son inclusion sur la liste en décembre 2023.