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Mission de recherche et d'analyse pour le service des collections

Depuis 1986, la Fédération Wallonie-Bruxelles possède dans ses collections un remarquable masque précolombien, mis en dépôt et valorisé au Musée du Masque de Binche. Il vient de faire l'objet d'une analyse poussée.

Ce masque est attribué à la culture Mixtèque (période s’étendant du 10e au 15e siècle au Mexique) et est un très bel exemple de l’utilisation de la technique de la mosaïque en turquoise. Un ensemble de plus ou moins cent masques précolombiens utilisant cette technique est maintenant connu à travers le monde et ceux-ci sont souvent conservés dans des collections publiques. Cependant, notre masque, par sa forme, son état de conservation et l’utilisation de matériaux de grande qualité, est exceptionnel et unique. Paradoxalement, nous connaissons très peu de chose sur la provenance de cette pièce et sur la composition des matériaux car ce masque n’avait jamais été étudié.

Mission d’étude et d’analyse

Depuis quelques années, ce type d’objets suscite l’engouement et de nombreux musées font analyser leur collection précolombienne pour en savoir d’avantage sur cette civilisation encore trop méconnue. Le service des collections de la FWB a souhaité lui-aussi faire analyser son masque mixtèque, afin de pouvoir comparer les résultats obtenus aux analyses réalisées sur d’autres masques en Europe et aux Etats-Unis.

Un groupe de travail a été mis sur pied par Aline Huybrechts, restauratrice du Musée du carnaval et du masque de Binche et a réuni Gaëlle Vangilbergen - restauratrice au Service des Collections de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Serge Lemaître - conservateur des collections Amérique des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles ainsi que Martin Berger - spécialiste de l’art précolombien et professeur à l’Université de Leyden.

L’intérêt du projet a été reconnu par IPERION HS1 et un panel d’analyses scientifiques a été pris en charge financièrement par cette institution. Une première série d’analyses a été réalisée à Paris, en juin 2022. La seconde et dernière phase d’analyses s’est déroulée dans le laboratoire d’analyses de l’Institut pour la Protection des Biens culturels à Ljubljana en Slovénie, en février 2024.

Analyses effectuées et premiers résultats

Des analyses pointues ont été menées pour

  • déterminer quels sont les pigments noirs et rouges présents sur le masque
  • déterminer la nature des liants des pigments et les adhésifs présents sur le masque : adhésif original ou pas, et adhésifs de restauration
  • confirmer la présence de plusieurs essences de bois dans la pièce

Les résultats de ces examens ne nous sont pas encore tous parvenus mais nous pouvons déjà dire que :

  • l’adhésif brun servant à coller les tesselles sur le masque semble être original car il contient des traces de cire d’abeille et de la résine de pin, liants utilisés à l’époque mixtèque
  • le pigment rouge est de l’hématite
  • les tesselles blanches sont en dolomite (pierre) et non pas en coquillage
  • le pigment noir n’a pas pu être identifié car la zone est « polluée » par des adhésifs de restauration
  • le masque est bien composé de deux essences différentes de bois ce qui nous permet de supposer que la zone comprenant le nez et une partie de la mâchoire est un morceau rajouté.

Les collaborations scientifiques de ce type sont des moments précieux pour faire avancer nos connaissances sur la richesse de nos collections. Cette dernière phase d’examens et d’analyses a permis d’accroitre notre connaissance technique du masque. De nouveaux questionnements sont apparus sur l’utilisation de la seconde essence de bois et les circonstances de la modification ou restauration du masque. De quoi rêver à de futures nouvelles découvertes sur ce magnifique masque précolombien...

 

1. IPERION HS est un consortium de 24 partenaires de 23 pays qui contribue à établir une infrastructure de recherche paneuropéenne sur la science du patrimoine. Il offre une formation et un accès à un large éventail d'instruments, de méthodologies, de données et d'outils scientifiques de haut niveau pour faire progresser les connaissances et l'innovation dans les sciences du patrimoine.