Dévotion et exploit sportif
Le Pèlerinage annuel à Foy Notre-Dame existe depuis le XVIIème siècle et se déroule, chaque année, le lundi de Pentecôte, entre Rochefort et Foy Notre-Dame. Le pèlerinage dit « sous les armes » (avec groupes costumés) a lieu tous les trois ans puis tous les quatre ans, selon un cycle septennal. La forme actuelle du pèlerinage date de 1934.
Les manifestations annuelles, qui ne sont pas « sous les armes », ne rassemblent qu’une quarantaine de personnes mais même s’il est confidentiel, ce pèlerinage revêt une grande importance pour la population locale qui y participe.
Prendre part à ce pèlerinage s’apparente à un véritable exploit sportif. Les pèlerins se rassemblent à 23h à l’église décanale de Rochefort pour démarrer à minuit. Le cortège se met en route jusqu’à l’église de Foy-Notre-Dame, le trajet s’étendant sur 26 km (x 2 aller-retour !). Plusieurs haltes et ravitaillements sont prévus tout au long du parcours.
Cohésion sociale et identité rochefortoise
Lors du pèlerinage « sous les armes », les soldats de Foy démarrent du château comtal de Rochefort et forment un cortège qui escorte les pèlerins. Lors de cette version, le pèlerinage compte environ 240 soldats, pèlerins et badauds, auxquels s’ajoutent près de 1000 spectateurs et spectatrices au départ et plus de 2200 au retour en ville. Parmi les soldats de la garde de Foy censés protéger les marcheurs des brigands, des femmes sont également présentes. Rita Pigeons, commandant de peloton, fait partie de celles-ci : « Lorsque j'étais petite, c'était réservé aux hommes. Et en voyant passer le cortège, je me disais toujours que si j'avais été un garçon, j'aurais été un soldat de Foy. Et puis en 1999, la procession en armes a été ouverte aux femmes. Et j'ai pu réaliser mon souhait de petite fille. »
La Communauté est très dynamique, implique de nombreux bénévoles, participants et participantes de toutes générations qui défendent une profonde identité rochefortoise. La dévotion à la Vierge est un des éléments fondateurs de la pratique de l’évènement mais elle ne constitue qu’une porte d’entrée vers une fête communautaire importante pour cette collectivité très soudée.
Jeu de main, pas si vilain…
Les origines de la balle pelote remontent au Moyen-Age. A cette époque, les « jeux de paume », jeux de balle se jouant en plein air (longue paume, à mains nues) ou dans un espace fermé (courte paume, avec ustensile de frappe) sont pratiqués. La balle pelote dérive du jeu de longue paume, plus populaire que la courte paume.
A la fin du 19e siècle, suite à la codification des règles, à la création de fédérations et l’organisation de compétitions régulières, la balle pelote devient un sport. On joue à la balle pelote en Hainaut, dans le Namurois et le Brabant.
De la fin du 19e siècle à la veille de la Seconde Guerre mondiale, elle est le jeu de balle numéro 1 à Bruxelles et en Wallonie. Benoît Goffin, historien qui lui a consacré deux ouvrages, considère ce jeu comme « un des derniers traits de la société traditionnelle qui a muté avec l’apparition de la télévision et de la voiture, devenue de plus en plus envahissante. »
Jusqu’alors, la balle pelote se joue dans la rue ou sur la place du village. Le ballodrome se trouve au cœur de la localité, à côté d’un ou plusieurs cafés, souvent devant l’église. Toute une communauté se rassemble autour de ce jeu sportif qui anime le village. Les voitures toujours plus nombreuses et la nécessité d’aménager des places de parking vont progressivement pousser les ballodromes à l’extérieur des localités et provoquer leur abandon progressif.
Malgré une lente érosion à la fin du 20e siècle, la discipline est toujours pratiquée aujourd'hui. Du côté de la Fédération des jeux de paume Wallonie-Bruxelles, on tente de se réinventer depuis les années 2000. Des efforts pour entretenir ce sport patrimonial ont été décuplés tels que la révision des compétitions ou l’organisation d’une coupe du monde. Résultat : la discipline résiste, encore et toujours.
Bien plus qu'un sport
Dans nos régions, la balle pelote est pratiquée depuis le 14e siècle. Ce jeu est plus qu'un sport, c'est un réel patrimoine. « La balle pelote est l'un des derniers indices du passé, de cette société traditionnelle où on parlait wallon et où les gens des villages se connaissaient bien. Si la discipline a aujourd'hui du mal à trouver sa place dans la société moderne, elle tient bon car elle représente souvent un héritage dont beaucoup de familles wallonnes sont fières » explique Benoît Goffin.
La balle pelote réunit plus de 3000 joueurs sur le territoire de la FW-B et témoigne d’un profond enracinement communautaire. A la fois, jeu traditionnel, sport à part entière et patrimoine culturel vivant, la balle pelote combine ces trois dimensions. Des actions de sauvegarde concrètes sont mises en place aujourd’hui et sont prévues dans le futur pour réduire l’érosion de la pratique (sensibilisation dans les écoles, action de communication, programmation de compétitions dans des lieux publics à forte visibilité). Ces initiatives permettent à la balle pelote de croire en son avenir.
Pour de plus amples informations, consulter l'inventaire du patrimoine culturel immatériel