Entre héritage et créativité
La Belgique a, depuis des siècles, entretenu des rapports étroits avec la tapisserie. Une communauté passionnée n’a de cesse de valoriser et de défendre ce savoir-faire d’exception. Tournai, ville licière ayant connu son âge d’or au 15e siècle, continue de maintenir son héritage textile vivant, notamment grâce au travail de ses hauts liciers et licières.
Le licier/la licière est l’artisan qui participe aux différentes étapes de réalisation d’une tapisserie : il prépare le dessin préparatoire (carton) à partir d’une œuvre mise à l’échelle voulue, choisit ses couleurs (échantillonnage), prépare son métier (de haute-lice ou de basse-lice) et monte sa chaîne, avant de commencer à tisser les motifs du carton. Les évolutions techniques montrent que ce savoir-faire a su se renouveler et s’adapter sans cesse.
Malgré une lente érosion au 19e siècle et une période d’industrialisation, la pratique artisanale et le savoir-faire se sont maintenus jusqu’à aujourd'hui. Le CRECIT, Ateliers tournaisiens de Tapisserie, et TAMAT, musée de la Tapisserie et des arts textiles, font de Tournai un terrain propice au développement des arts textiles et au dialogue permanent entre savoir-faire hérité du passé et production contemporaine. Les deux établissements accueillent artistes et stagiaires et ont pour missions la valorisation et la pérennisation de la tapisserie de lice.
Au-delà de ces deux structures, deux établissements scolaires participent activement à la transmission de la pratique : l’École des Arts de la Ville de Tournai (ESAHR) avec sa section Création Textile/Tapisserie ainsi que l’ESA Académie des Beaux-Arts de la Ville de Tournai dont l’option Design Textile inaugurera en septembre 2024 un Master à finalité spécialisé « Tapisserie-Arts textiles ».
La pratique s’adapte également face aux enjeux contemporains tels que le développement durable. Soucieux de l’environnement, le CRECIT utilise des techniques de teinture des laines limitant au maximum les rejets polluants, effectue des recherches sur les colorants naturels et s’interroge sur la problématique de la résistance à la lumière.
Dans une stratégie de diversification des reconnaissances au sein de l’inventaire du patrimoine culturel immatériel en Fédération Wallonie-Bruxelles, la reconnaissance de cette pratique artisanale, à la fois très ancienne et très investie par la création contemporaine, est tout à fait pertinente.
Vive les mariés !
Le premier dimanche de Carême, les enfants de 5 à 10 ans, encadrés par les membres de la Commission des Fêtes du Royal Office du Tourisme d'Arlon, vont en cortège souhaiter bonheur et prospérité aux mariés de l'année dans l'espoir de recueillir, en échange, friandises et pièces de monnaie.
Sous la fenêtre de ces mariés et accompagnés par un groupe de musiciens, les enfants entonnent six fois la chanson traditionnelle des Faaschtebounen, en luxembourgeois : T ass Gléck an ärem Haus, Geheit d’Faaschtebounen eraus, qui signifie en français : « Il y a du bonheur dans votre maison, jetez-nous les fèves de Carême ».
Pour clôturer chaque jetée de friandises, les membres de la Commission des Fêtes remettent aux mariés un diplôme ainsi que divers cadeaux, puis partagent avec eux le verre de l’amitié.
Les Faaschtebounen constituent une ancienne coutume dont l’origine se perd dans la nuit des temps. Elle est unique en Belgique et la Commission des Fêtes de la ville d’Arlon tient à la perpétuer... Plusieurs semaines en amont, des animations sont proposées dans les écoles primaires de l’entité pour sensibiliser les enfants à cette tradition et les encourager à y participer.
Cette jolie tradition se traduit par un moment de convivialité qui favorise la cohésion sociale, facilite l’intégration des nouveaux résidents et résidentes (mariés comme enfants participants) et permet de maintenir l’identité culturelle de la ville d’Arlon. La visite des enfants est vécue comme une fête, par l’ensemble des couples mariés, sans distinction de genre, d’origine culturelle ou de milieu socio-économique.
Aujourd’hui, la tradition inspire les artistes. Une fresque mettant en scène les Faaschtebounen verra le jour cette année et enrichira le parcours Street Art initié par la ville d’Arlon.
Pour de plus amples informations sur ces deux nouveaux éléments, consulter l’inventaire du patrimoine culturel immatériel