Une partie reste à jouer ! Le surréalisme en Belgique dans les collections de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

A l’occasion du centenaire du surréalisme, la Direction du patrimoine culturel de la Fédération Wallonie-Bruxelles consacre un ouvrage aux parcours singuliers de personnalités du surréalisme en Belgique dont les œuvres enrichissent les collections.

Seize, comme les pièces du jeu d’échecs. Seize, c’est peu, et beaucoup à la fois. En effet, le surréalisme en Belgique constitue un véritable paradoxe : alors que ce mouvement est sans doute le plus célèbre parmi tous ceux qui ont traversé notre pays, au point d’en être devenu un marqueur d’identité, les surréalistes eux-mêmes restent très peu connus du grand public. À une exception près : René Magritte bien sûr, dont le nom résonne à l’échelle mondiale.

De Paul Nougé à Jane Graverol, de Rachel Baes à Marcel Mariën, de Marcel Lefrancq à Paul Delvaux, en lisière de l’échiquier surréaliste, l’objectif de cet ouvrage, richement illustré, est de permettre au public le plus large de se familiariser avec les poètes et artistes, femmes et hommes, qui composent ce mouvement et dont les créations figurent dans les collections de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Car le surréalisme n’est pas un jeu que l’on mène en solitaire. À la manière des échecs, que plusieurs surréalistes pratiquaient avec assiduité, il est constitué d’hommes et de femmes aux personnalités diverses, aux talents variés, travaillant à atteindre un objectif commun. Un ensemble de complices qui agissent pour en trouver d’autres : c’est là que réside le sens de leur aventure.

Echiquier surréaliste

Comme les échecs également, le surréalisme requiert de la finesse et de la stratégie. L’ambition de ce mouvement n’est pas de créer des œuvres d’art mais de transformer la société. Pourtant, la révolution que les surréalistes préparent n’a rien d’un coup d’état. Leurs créations sont destinées à faire vaciller nos habitudes de pensée. Le but du jeu ? Causer la défaite de la réalité – changer la donne.

L’analogie avec le jeu d’échecs permet de souligner la tension entre individualité et collectif qui anime le surréalisme. Chacun, chacune occupe un rôle différent, évolue à sa façon, relève ses propres défis. Mais au sein d’un mouvement commun. Qu’est-ce qui a le plus de valeur, les réussites individuelles ou les projets collectifs, les interactions ? Comment montrer l’impact des rencontres, des échanges ?

Le centenaire du surréalisme incite également à faire le point sur ce qui est devenu un héritage. L’article qui conclut cette publication évoque les défis auxquels font face les Archives et Musée de la Littérature, centre d’archives de la Fédération Wallonie-Bruxelles, pour préserver les traces du mouvement. Les archives permettent de retrouver les visées profondes du surréalisme, à l’opposé des slogans et images « iconiques », tellement diffusés qu’on en a oublié la signification.

Une partie reste à jouer : le surréalisme est encore à raconter, pour que ses convictions ne s’éteignent pas, pour que ses images restent en vie, pour que ses mots restent en feu.

 

Ouvrage collectif, sous la coordination scientifique de Marie Godet

Prix de vente : 25 euros

144 pages – 26 x 26 cm – ISBN : 978-2-930624-18-1

À commander auprès de l’Agence wallonne du Patrimoine

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