La Direction du Patrimoine culturel propose une série de capsules vidéo « Cap sur nos Trésors ! » à la découverte de quelques-uns des Trésors classés par la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Jacky Legge, conservateur au Musée du Folklore et des Imaginaires de Tournai et animateur arts plastiques de la maison de la culture de Tournai, présente ici la Naïade, l’une des œuvres les plus emblématiques du sculpteur George Grard (Tournai 1901 – Saint-Idesbald 1984), classé Trésor de la Fédération Wallonie-Bruxelles depuis le 1er mars 2016.
Cette figure montre une femme nue, vigoureuse, les bras le long du corps, les mains ouvertes, les pieds solidement ancrés au sol. Exemplaire unique en bronze, signé et daté de 1950, la Naïade a été commandée par le Service des Voies hydrauliques afin d’orner le pont-à-pont reconstruit à Tournai suite à la Seconde Guerre mondiale.
L’installation de la Naïade sur le pont-à-pont engendre immédiatement d’importantes polémiques : articles dans la presse, voilage de la sculpture, intervention de l’évêque ou encore question parlementaire. Il est même question de modifier le parcours de la grande procession. Face à cette pression, la sculpture est déplacée au pied du pont, entre deux peupliers, où elle resta durant 30 ans. A cette époque, elle constituait un détour obligé pour les bleusailles des jeunes militaires en garnison à Tournai et les étudiants accueillis dans les hautes écoles.
La réinstallation de l’œuvre monumentale sur son socle d’origine eut lieu le 7 janvier 1983. Depuis lors, la Naïade occupe une place importante dans l’imaginaire générale de la Cité, incarnant la liberté et l’anticonformisme. Elle est d’ailleurs devenue l’élément central du Carnaval de Tournai ; la désignation du Roi et de la Reine de Carnaval se déroulant à ses pieds. Elle est déguisée par la confrérie des Diables et les groupes du carnaval se regroupent à ses abords immédiats.
Depuis 1950, la Naïade est également source d’inspiration pour des écrivains s’exprimant tant en français et qu’en picard : Roger Cantraine, Françoise Lison-Leroy, Colette Nys-Mazure, Jean Tarwé, André Wilbaux...
Son classement comme Trésor de la FW-B se justifie tant par la qualité de l’œuvre dans la carrière de Georges Grard et dans l’histoire de la sculpture belge que par la place qu’elle occupe dans le patrimoine immatériel au sein de la ville natale de l’artiste.
Retrouvez ce Trésor et bien d’autres dans la publication de la Direction du Patrimoine culture « Trésors classés en Fédération Wallonie-Bruxelles. Tome 2 ».
Découvrez également d’autres trésors classés tels que l’éléphant d’Asie naturalisé au Musée d’histoire naturelle et Vivarium de Tournai et l’ensemble des 29 tambours de l’Empire britannique au Mons Memorial Museum.