Fiche
Le tour Sainte-Gertrude est une fête processionnelle et folklorique annuelle organisée dans la ville belge de Nivelles, qui rend hommage, depuis le 13e siècle, à la fondatrice et sainte patronne de la ville.

Toutes les informations sur Le Tour Sainte-Gertrude de Nivelles
Localisation
Ville de Nivelles, en province du Brabant wallon
Communauté
Clergé nivellois, habitants de Nivelles et autres pèlerins même étrangers (France, Allemagne,...)
Société(s) ou groupe(s) responsable(s)
Comité de Sainte-Gertrude asbl
Le Tour Sainte-Gertrude se déroule depuis plus de 740 ans chaque 29 septembre, date de la fête de Saint-Michel, ou le dimanche qui suit cette date si le 29 septembre n'est pas un dimanche (en 2017, le 741ème Tour se déroulera le 1er octobre). C'est le point culminant des festivités qui couvrent en réalité une octave (huit jours), commencée la veille du Tour par le transfert de la châsse de sainte Gertrude à la croisée du grand transept devant le chœur de la collégiale où elle est exposée au public. Le jour du Tour, au petit matin, après la messe de pèlerins, la châsse est placée sur un char de bois datant du milieu du XVe siècle, auquel sont attelés six chevaux en flèche.
A 6h45, le doyen de la collégiale Sainte-Gertrude confie au bourgmestre de Nivelles la responsabilité de la châsse pour le parcours extra muros long d'environ 14 km. L'itinéraire, qui emprunte des voiries et des chemins anciens, est jalonné de quatre haltes principales, occasions de repos et de prières. Il décrit un cercle d'environ 14 km. Les chants religieux, alternant le français en usage dans la liturgie contemporaine et des éléments du propre grégorien (issus des « processionnaires » des chanoinesses nivelloises de l’Ancien Régime), rythment la marche.
Vers 11 heures 30, le cortège revient en ville.
A 15 heures 30 débute la "rentrée solennelle", cortège en grande pompe accompagnant le char et la châsse en ville et constitué d'une quarantaine de groupes en costume historique évoquant Nivelles au moyen âge. Figurent notamment les groupes illustrant l’abbesse de Nivelles, le chapitre de Sainte-Gertrude, les notables, les serments d'armes et les géants nivellois considérés parmi les plus anciens des Pays-Bas, et des groupes historiques invités, comme les représentants de Reims.
La dernière partie de la « rentrée » est plus religieuse, plusieurs châsses et statues sont portées par les mouvements de jeunesse qui les accompagnent. Viennent en fin de cortège les pèlerins étrangers, le reliquaire et la châsse de Sainte Gertrude accompagnée par un groupe de 13 hallebardiers nouvellement créés. Ce cortège de rentrée décrit un itinéraire circulaire en ville avant de converger vers la collégiale et de revenir là où le Tour a commencé au petit matin. La châsse est alors descendue du char et confiée au clergé pour le Te Deum qui rassemble la toute grande foule pour une ultime vénération des reliques de la sainte. Les festivités se terminent le dimanche suivant, bouclant ainsi « l’octave de la fête » pour reprendre l’expression des sources par le repositionnement des reliques dans le chœur oriental de la collégiale.
Le Comité s’appuie sur un modus operandi attesté depuis des siècles. Jusqu’à la suppression du chapitre de Sainte-Gertrude en 1792, le Tour était organisé par ce même chapitre, occupant et propriétaire de la collégiale du même nom ainsi que de la châsse contenant les ossements de sainte Gertrude, les autorités communales participant à l’événement à travers leur propre organisation. A la suite de la suppression de l’ancien chapitre sous le Régime Français et du Concordat (1804), l’organisation du Tour est passée entre les mains du clergé paroissial qui s’est entouré de laïcs, certains étant membres de la fabrique d’église de la collégiale. Dans les années 1930, et plus encore à partir des années 1950, le Tour s’est étoffé dans sa partie festive, c’est-à-dire la « rentrée solennelle » en costumes d’époque, dans l’intention d’évoquer la Nivelles médiévale.
- Pratiques sociales, fêtes
Le tour est bien ancré dans l’esprit des nivellois et de leurs proches. L’organisation s’appuie sur un modus operandi attesté depuis des siècles (la première mention remontant à 1276) et nourri par des sources écrites (et tradition orale).
Depuis les années 1950, le Tour est organisé par l'asbl Comité de sainte Gertrude comptant actuellement, y compris le Doyen de Nivelles, une trentaine de membres bénévoles responsables des différents aspects pratiques et logistiques du Tour. Le comité s’efforce dans un souci œcuménique, de collaborer et sensibiliser les autorités (ville, fabrique d’église, écoles et autres associations). Le comité s’efforce aussi de perpétuer ce modus operandi festif, religieux et folklorique malgré des pressions telles que l’urbanisation et l’évolution des mentalités.
Le Tour n’est pas seulement l’affaire des seuls adultes, mais chaque petit nivellois effectue son « rite de passage » initiatique en y prenant part pour la première fois (une entaille sur son bâton dit ”de sainte Gertrude” l’attestera). Dans le même ordre d’idées, le Tour participe à l’intégration des nouveaux nivellois, initiés à la chose par leurs voisins et connaissances. La perpétuation de la tradition se retrouve par la transmission : celle des anges sur les 6 chevaux du char (petits garçons de 6 ans inscrits par les parents même avant la naissance...), des chantres marchant derrière le char, du responsable du frein de ce dernier, charge dévolue à la même famille depuis cinq générations, jusque dans la composition des groupes historiques de la rentrée constituée par des collectifs d’amis ou de membres d’une même famille.
Le comité actuel s’efforce, en dépit de la pression croissante des contraintes contemporaines (modifications urbanistiques, évolution des mentalités) de perpétuer dans les meilleures conditions et avec la meilleure résilience un modus operandi transmis de génération en génération. Le Comité s’efforce de conserver l’esprit d’une manifestation festive et religieuse accessible à tous, dans le respect des motivations de chacun, sans aucun prosélytisme. Il veille à l’observation de l’héritage des siècles à travers la pérennisation des dates, des horaires, des itinéraires mais aussi des contacts avec les riverains et propriétaires des terres visitées par le cortège (essentiellement des terres agricoles soumises aux servitudes) et des rituels, ces derniers en symbiose avec le clergé local, en particulier le doyen de la collégiale Sainte-Gertrude.
Le Tour Sainte-Gertrude est organisé par l’asbl Comité de Sainte-Gertrude comptant une trentaine de membres bénévoles responsables des différents aspects pratiques et logistiques du Tour.
Le doyen de la collégiale Sainte-Gertrude est un membre de droit. Il s’efforce également, dans un souci œcuménique, de collaborer et sensibiliser les autorités, notamment la Ville de Nivelles, les écoles et les associations. Le Comité de Sainte-Gertrude a son siège à Nivelles Le Tour présente dans un volume référentiel considérable d’objets exceptionnels parmi lesquels : la châsse de sainte Gertrude, œuvre du sculpteur Félix Roulin inaugurée en 1984, remplaçant le reliquaire gothique détruit lors du bombardement de la ville le 14 mai 1940 ; le char monumental dit de sainte Gertrude, œuvre en gothique brabançon du milieu du XIVe siècle, constitué de deux caissons en chêne sculpté posés sur deux trains de roues, la peinture du char (disparue aujourd’hui), les scènes de la vie de sainte Gertrude (conservés à la collégiale) et la sculpture et dorure du caisson supérieur ayant été réalisés vers 1460-1465 par Jacob Sourdiaus, élève du Roger de le Pasture.
Les Nivellois sont profondément attachés à la collégiale, au Tour et ses éléments précités, et au-delà, de manière sous-jacente et sans doute inconsciente, à la personne de sainte Gertrude considérée comme protectrice de la ville et de ses habitants. Cette dimension est notamment nourrie par la réputation de la sainte, basée sur les textes et les représentations qui l’ont érigée comme protectrice des faibles et des récoltes (écartant notamment les rongeurs, qu’on retrouve souvent comme attribut dans les représentations). Le rôle de protection quasi maternelle est souvent évoqué par les participants ; une protection qui porterait sur la communauté locale urbaine toute entière, traduisant une certaine dichotomie ville-campagne et un distinguo entre habitant de Nivelles (les « Aclots ») et qui ne l’est pas. Faire le Tour prend une signification mémorielle, chacun mettant ses pas dans ceux de sainte Gertrude et perpétuant en quelque sorte sa « mission terrestre ». Dans la mémoire collective, cette dimension est très présente ; pour nombre de « marcheurs du Tour » en effet, celui-ci emprunte l’itinéraire que Gertrude effectuait de son vivant pour visiter ses malades et ses fermes, et le caractère circulaire du Tour n’est que la concrétisation de sa volonté de protéger la ville et ses habitants des dangers extérieurs. Ces interprétations, au caractère volontiers romantique, montrent combien le Tour joue un rôle de ciment et de continuité, à forte charge affective, dans l’identification de chacun à la communauté locale, et cela malgré la pression du monde actuel. Beaucoup de nivellois expatriés reviennent la veille du Tour pour se réveiller le dimanche matin au son du carillon et effectuer, avec ses amis et ses proches, « son » Tour en hommage ou reconnaissance à la ville qui l’a vu naître.
D’un point de vue méthodologique, le Tour Sainte-Gertrude constitue un exemple de manifestation collective d’essence sacrée mais ayant acquis, principalement depuis les vingt dernières années, une dimension œcuménique favorisant le dialogue entre les éléments constitutifs des communautés locales mais aussi le rapport de ces dernières avec le monde extérieur. Le Tour est l’occasion de tisser de nouveaux liens, d’inviter ou inciter des amis à y participer. Il est aussi un moyen exceptionnel pour l’intégration des Nivellois d’adoption, nouveaux habitants, chrétiens ou athées, et gens issus d’autres cultures, de religion ou de pensée différentes. La marche collective du matin favorise un échange privilégié, sorte de colloque respectant la diversité culturelle croissante, puisant dans la richesse issue des différences de pensée et de mentalités. Il n’est pas douteux que, pour la société actuelle et future, le Tour participe à la cohésion sociale.
- Dialogue intergénérationnel : Le Tour n’est pas seulement l’affaire des seuls adultes, mais chaque petit nivellois effectue son « rite de passage » initiatique en y prenant part pour la première fois. Le Tour participe aussi à l’intégration des nouveaux nivellois, initiés à la chose par leurs voisins et connaissances. La perpétuation de la tradition se retrouve par la transmission : celle des chantres marchant derrière le char, du responsable du frein de ce dernier, charge dévolue à la même famille depuis cinq générations, jusque dans la composition des groupes historiques de la rentrée constituée par des collectifs d’amis ou de membres d’une même famille.
- Dialogue multiculturel : Le Tour est à la fois le garant d’une identité et le ferment de l’identité à venir. Il participe au dialogue entre les générations, entre les nivellois et les visiteurs, dans un souci permanent d’ouverture aux autres.
- Développement durable (environnement, santé, économie inclusive, etc.) : Sa vocation s’inscrit dans le développement durable par le fait de préserver une tradition multiséculaire et fondatrice tout en en modernisant certains aspects pour répondre aux défis, notamment culturels et environnementaux. Le Comité sensibilise les participants sur les comportements adéquats pour le respect de l'environnement, notamment des terres traversées et des riverains. Le grand nombre de visiteurs extérieurs le week-end du Tour est important pour les commerçants locaux.
- Diversité et créativité humaine : La créativité se crée principalement autour de la procession solennelle de l’après-midi : confections et entretien des costumes (environ 200) ou trouver de nouveaux groupes pour étoffer la procession. Un groupe de 12 hallebardiers plus un capitaine, deux tambours et un porte-drapeau a été créé par l'atelier couture pour entourer le char lors de la Rentrée solennelle.
La reconnaissance a fait connaître Nivelles non seulement en Belgique mais également à l'étranger.
- Références bibliographiques :
TARLIER J. et WAUTERS A., « Géographie et histoire des Communes Belges : Ville de Nivelles », 1862.
COLLET E., « Sainte Gertrude de Nivelles », Culte Histoire et Tradition, 1985.
- Autres documents : copie d’études, site internet, autres :
toursaintegertrude.be