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Fiche



Le Chaudeau ou Caudia de Bois-d'Haine est une fête annuelle attestée depuis 1411. Son nom provient de la nutritive mixture qui y est préparée sur la place de village et offerte à la population en fin de journée.

Chaudeau de Bois d'Haine

Toutes les informations sur Le « Chaudeau » de Bois-d’Haine

Localisation

Entité de Bois-d’Haine dans la commune de Manage, province du Hainaut

Communauté concernée :

L’asbl Les Amis du Folklore Bois-d’Hainois (AFBdH). Tous les bénévoles participant activement au Caudia : des bois-d’hainois, anciens bois-d’hainois, leurs amis et personnes venant de la région du Centre.

Société responsable :

Les Amis du Folklore Bois-d’Hainois (AFBdH)

Le Caudia se déroule chaque mardi qui suit le dernier dimanche de juin.
La très ancienne coutume du Caudia, ou Chaudeau, de Bois-d’Haine porte en fait le nom de sa nutritive mixture qui y est préparée sur la place de village et offerte à la population.
Il ne s’agit pas ici d’un bouillon ou d’un remède, mais d’une roborative soupe de lait chauffée, sucrée, aromatisée et agrémentée de mastelles.
Les ingrédients de ce festin se veulent de coutume être offerts par la population elle-même ; ainsi en va le principe. Pratiquement, l’offrande est faite en espèce. Outre une souscription, qui est récoltée auprès des bois-d’hainois par des bénévoles quelques semaines avant la fête, la tradition veut qu’un cortège se charge symboliquement de cette récolte le jour venu.
En pratique, avec la disparition des fermes, le comité acquiert directement les ingrédients.
C’est donc toute une procession qui se met en route le mardi à 12h30 pour faire le tour du village à partir de la place Roi Baudouin, avant d’y revenir en fin de soirée, après de nombreuses haltes bibitives – pour la plupart offertes par les hôtes –, pour y cuire le sacré chaudeau sous le marronnier. Hormis le hameau de Petit-Bois-d’Haine, toutes les artères du village sont traversées… sans jamais le quitter.
En tête, défilent deux porteurs de drapeaux (un belge et un wallon) entourant deux jeunes assistants qui portent chacun d’anciennes pancartes d’acier en forme de profil de marronnier et peintes en vert (l’une portant la mention « Chaudeau, Bois-d’Haine » et l’autre, le nombre d’éditions de la coutume). Juste derrière se trouvent le maître de cérémonie (costume blanc, cravate rouge, chapeau blanc fleuri à larges bords, louche décorée et symbolique en main) et ses trois marmitons (costume blanc, calot blanc, ceinture rouge, louche en bois à la main). Ensuite vient le gros de la troupe avec d’abord quelques membres du comité, suivi de l’orchestre constitué d’un peu plus de vingt musiciens (cuivres, bois, clarinettes, tambours et grosse caisse) jouant d’entraînants airs de fantaisie et tous les sympathisants, des plus vieux aux plus jeunes sans aucune limite d’âge, souhaitant participer à la fête. Tous sont vêtus d’un sarrau bleu, foulard rouge à pois blancs et casquette de soie noire traditionnelle pour les hommes (beaucoup portant un pantalon blanc et certains des sabots de bois) et chemisier blanc, jupe longue et sobre, tablier bleu foncé et charlotte blanche pour les femmes. Parmi-eux, quelques protagonistes, munis de troncs, réclament de la menue monnaie à tout badaud qui est à leur portée. En clôture, deux anciens chars paysans en bois, tirés chacun par deux chevaux brabançons, transportent de jeunes enfants.
Au total, près de 400 personnes défilent ainsi sur les 11 kilomètres constituant le « tour ». En 2016, à l’occasion de ce qui est considéré comme ayant été le 600ème Caudia, un tombereau a été (ré)introduit dans le cortège. Celui-ci étant destiné à récolter symboliquement, lors de chaque halte bibitive, un des ingrédients et outils (mastelles à la boulangerie, fagots de bois, paille, chaudrons de fonte, seaux de bois, fourches, …) nécessaires à la préparation du brouet.

Peu avant 21h, toute la troupe, accueillie par de nombreux spectateurs, est de retour sur la place où se déroule le rituel de la préparation du breuvage : l’installation de trois chaudrons et l’allumage de trois feux de fagots sous le marronnier (l’arbre étant devenu un acteur central), les allées venues vers une maison pour y prendre le lait, vers une taverne pour y quérir les sucres et mastelles le tout avec le maître de cérémonie, montant une branche de bois portée par deux costauds volontaires, imitant grossièrement un aguerri chevalier à califourchon sur un bien piteux destrier entouré de ses écuyers. Les ingrédients rassemblés, la cuisson peut débuter, pendant laquelle, au son de la musique, les protagonistes tournent, parfois frénétiquement, en rondes autour de l’arbre vénéré.
Vers 22h, avec le coucher du soleil, sous le marronnier, un premier bol est offert au bourgmestre qui valide la cuisson. Peu après, le chef de troupe réenfourche sa pittoresque monture pour rejoindre le presbytère voisin où le curé est invité à goûter le grand cru de l’année. Après cette seconde approbation, on termine par une Brabançonne avant que le cortège ne se disloque pour laisser place à la population, désireuse d’avoir sa part du précieux chaudeau.

A l’occasion du 600ème Caudia, une chanson (parole et musique) a été écrite et a été reprise lors de chaque étape du Tour ainsi qu’avant la Brabançonne en fin de cuisson. Le comité compte intégrer cette chanson de manière durable dans le répertoire des musiciens du Chaudeau.

  • Pratiques sociales, fêtes

Actuellement un comité constitué d’une quarantaine de membres (Les Amis du Foklore Bois-d’Hainois) s’occupe de l’organisation de la manifestation folklorique et de la ducasse qui l’entoure. Depuis 2014, un comité annexe de femmes (Les Paysannes des Amis du Folklore Bois-d’Hainois) s’est créé et organise des manifestations en cours d’année.
Lors des dernières éditions, 300 à 400 personnes se sont costumées pour participer au « Tour » du village et à la cuisson du caudia.
La petite école maternelle se trouvant à quelques centaines de mètre du marronnier participe avec tous les enfants au « Tour » ; permettant ainsi une transmission de la tradition dès le plus jeune âge. Pour le 600ème Caudia, un ouvrage illustré de plus de 150 pages, qui a nécessité des années de recherches approfondies, a été publié en 500 exemplaires.
En 2016, toujours à l’occasion du 600ème Caudia, une exposition a été organisée sur une semaine, retraçant l’histoire du Caudia et a organisé un « mini-caudia » pour les plus petits qui a accueilli plusieurs centaines de visiteurs.

A l’heure actuelle l’élément n’est pas menacé.
Néanmoins, il est dépendant de bénévoles et il faudra assurer le renouvellement des cadres de l’organisation, une bonne partie du comité étant constitué de retraités. La création du comité de paysannes a permis l’intégration d’une dizaine de femme d’une quarantaine d’année.
Cette tradition pourrait aussi disparaître avec les évolutions propres aux sociétés modernes, auxquelles il faudrait ajouter le fulgurant envahissement des médias télévisuels et autres. Elles modifient les comportements individuels tout en perturbant la convivialité et la proximité traditionnelles au sein des communautés villageoises, avec pour corollaire la disparition des commerces de proximité et des cafés de village, lieux de rencontre de la population (il n’y en a plus qu’un dans le centre de Bois-d’Haine).
Aussi, un des facteurs qui pourrait amener la disparition du Caudia est la multiplicité des Carnavals. Par exemple, le même week-end que le Caudia, le Gille au Roeulx et à Seneffe sont célébrés.

Pour les Bois-d’Hainois, le Caudia évoque peu la soupe au lait à proprement parler, qui y est préparée mais plutôt le rituel du “Tour” et de la “Cuisson”. Il appelle surtout au rassemblement dans la bonne humeur des différentes classes sociales, des plus jeunes et plus anciens. Il permet de faire la fête « chez soi » et de revoir des personnes qui ont quitté le village et qui sont de retour pour cette fête. Il permet de garder une cohésion structurante, de créer ou renforcer des liens avec son voisinage, de rencontrer de nouvelles têtes. Il est par essence ouvert à tous et partageur, sans fioriture ; chacun y est le bienvenu à condition qu’il en respecte l’esprit festif.
Le caractère vivant de la fête actuelle joue incontestablement un rôle social et identitaire pour la collectivité locale et dans les environs proches. Il s’agit d’une fête intergénérationnelle où les « anciens » sont dépositaires du scénario et porteurs de la tradition, mais non fermée aux jeunes qui participent avec enthousiasme et aux femmes auxquelles certains rôles ont été dévolus ; les enfants vivent le Caudia et grandissent avec lui. A l’âge adulte, ils reviennent au village pour l’occasion. Certains prennent congé pour participer à la fête.
La fête crée un sentiment non seulement d’appartenance, mais développe aussi une solidarité parmi les participants.
La coutume repose en bonne partie sur le financement assuré par les membres de l’association grâce, aujourd’hui à une « quête » sous forme d’un carnet publicitaire auprès des commerçants, entreprises et personnalités locales, aux dons en argent recueillis à l’occasion de la quête (souscription) auprès de la population. Des manifestations sont également organisées en cours d’année pour lever des fonds et la Commune de Manage octroie un subside annuel, ces derniers éléments permettant surtout de financer la ducasse (chapiteau et spectacles) qui se déroule autour de l’évènement.

Dialogue intergénérationnel :
Le comité organisateur accueille des personnes de tout âge même si la plupart sont âgées. La création du comité de femmes a permis l’apport de personnes plus jeunes. Des liens sont réguliers entre les deux comités. Une collaboration existe avec l’école maternelle du village pour que les enseignants expliquent les traditions et pour que les enfants participent au tour.

Dialogue multiculturel :
Les traditions sont ouvertes à tous et sont expliqués aux personnes extérieures à Bois d’Haine.

Développement durable (environnement, santé, économie inclusive, etc.) :
Au niveau environnement, le tour du village s’effectuant à pied ou dans des chars tractés par des chevaux, aucune énergie fossile n’est utilisée lors de la manifestation folklorique. Le breuvage est constitué d’éléments naturels et cuit au feu de bois (ramassé dans un bois proche).

Diversité et créativité humaine :
Plusieurs musiques ont été créées spécialement pour le Caudia. Une musique pour la 600ème édition du Caudia a été écrite.

Cette reconnaissance a apporté un grand honneur au Caudia du Bois d’Haine mais a permis également d’accéder à l’octroi de subvention.

Références bibliographiques :

Ouvrage historique complet et fouillé : « Immémorial Caudia : des rites ancestraux au folklore actuel », 2016

Autres documents : copie d’études, site internet, autres :

www.caudia.be

Contact

Poulain Freddy. Président de l'asbl Les Amis du Folklore Bois-d’Hainois


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