Fiche
La Ducasse rituelle de Mons, appellé « Doudou » se déroule le week-end de la Trinité et se compose de quatre temps forts : la descente de la chasse de Sainte-Waudru, la Procession du Car d’Or, la montée du Car d’Or et le « Combat dit Lumeçon » au terme duquel le dragon est terrassé par saint Georges.
Toutes les informations sur La Ducasse de Mons
Localisation
Ville de Mons, Province de Hainaut
Communauté concernée :
Les associations organisatrices : l'Assemblée particulière des acteurs du Combat dit Lumeçon, la Procession du Car d'Or, asbl, la Fabrique d'église Sainte-Waudru, le Musée du Doudou, la Ville de Mons.
La population de la ville de Mons.
Toute personne étant attachée à l’identité et aux traditions de la ville de Mons, chambourlettes (invités des locaux pendant la manifestation).
Sociétés et groupes responsables :
Plusieurs groupes ou associations sont responsables de l’organisation de l’ensemble de la Ducasse :
- La Ville de Mons - Cellule du Lumeçon ;
- l'Assemblée particulière des acteurs du Combat dit Lumeçon ;
- La Procession du Car d'Or, asbl ;
- la Fabrique d'église Sainte-Waudru ;
- Le Musée du Doudou.
La Ducasse rituelle de Mons, qu’on appelle également le « Doudou » se déroule chaque année le week-end de la Trinité. Elle est composée de quatre temps forts :
Temps 1 : La descente de la chasse de Sainte-Waudru, sainte patronne de la ville de Mons, samedi soir. Trompettes thébaines, timbales et orgues résonnent dans la Collégiale et marquent l’ouverture de la cérémonie. Durant cette séance solennelle, au cœur de la Collégiale Sainte-Waudru, le Doyen confie au Bourgmestre les reliques de sainte Waudru afin de les processionner, dès le lendemain, dans les rues de la ville. Cette procession des reliques de la sainte tire ses origines d’un tour instauré en 1349 afin de conjurer l’épidémie de peste noire qui frappait alors l’Europe. La cérémonie actuelle, moment de ferveur, a été établie en 1962. A la fin de celle-ci, l’air du Doudou éclate dans la Collégiale où croyants et athées se rejoignent dans la clameur et les applaudissements.
Temps 2 : La Procession du Car d’Or, dimanche matin. La châsse de Sainte-Waudru est posée sur le Car d’Or, un char d’apparat du XVIIIe siècle, tiré par six chevaux. Plus de 1.800 participants, une soixantaine de groupes (confréries, corporations,… qui ont un lien avec la Ville de Mons et/ou avec sainte Waudru) défilent dans les rues de Mons, selon un parcours précis. Ils sont suivis du Car d’Or, sur lequel est posée la chasse de sainte Waudru.
Temps 3 : La montée du Car d’Or, dimanche midi. Au terme de la Procession, lorsque tous les groupes ont terminé le tour processionnel, le Car d’Or qui porte la châsse de Sainte-Waudru, doit gravir en un seul élan la Rampe Sainte-Waudru, rue pavée et montante qui longe la Collégiale. Ce moment-clé de la Ducasse rituelle marque le glissement du caractère religieux de la manifestation vers la dimension laïque de la manifestation. Perché aux fenêtres, sur les toits, la foule s’amasse pour partager ce moment unique, rempli d’émotion. La clameur s’élève et, dans un enthousiasme général, des milliers de mains poussent le Car d’Or dans la Rampe Sainte-Waudru. L’enjeu est d’importance : une légende prétend qu’il doit gravir d’un seul élan la Rampe afin d’éviter malheur à la ville. En l’espace d’une vingtaine de secondes, le Car d’Or est au sommet, la marée humaine s’en détache alors pour rejoindre le combat. Les reliques de sainte Waudru ont à peine regagné la Collégiale que, déjà, saint Georges part affronter le Dragon.
Temps 4 : Le « Combat dit Lumeçon », dimanche 12h30. Au terme de la montée du Car d’Or, saint Georges et tous les personnages du combat (chins-chins, hommes blancs, hommes de feuilles, diables, Cybèle, Polyade, pompiers, policiers), descendent la rue des Clercs afin de rejoindre l’arène au centre de la Grand Place. Des milliers de personnes se sont rassemblés autour de l’arène de sable, avides d’arracher le crin porte-bonheur qui termine la queue du dragon. La dimension participative y est centrale. Au terme d’un jeu minutieusement scénarisé, le dragon est terrassé par saint Georges.
La mise en place de de ces évènements demande une coordination et une organisation qui constitue un temps important de travail.
Le dimanche suivant est organisé le « Petit Lumeçon ». Il s’agit du même combat mais joué par des enfants pour les enfants. Tous les personnages sont présents.
- Pratiques sociales, fêtes
La Ducasse de Mons attire chaque année des milliers de personnes. Il constitue une tradition qui se transmet de génération en génération.
La transmission se fait tout d'abord de manière intergénérationnelle au sein de la famille. Les jeunes enfants sont conscientisés depuis leur plus jeune âge à l’importance de s’investir dans la manifestation et à perpétuer ainsi leur patrimoine.
Pour devenir acteur du Lumeçon, tous les montois âgés de 18 à 32 ans peuvent poser leur candidature auprès de la ville de Mons. La cellule du Lumeçon se chargera de choisir les candidats. www.mons.be/patrimoine-mondial/ducasse-de-mons/doudou/ducasse-rituelle/combat-dit-lumecon/devenir-acteur.
Pour participer en tant que figurant à la procession du Car d’Or, un appel à la population est ouvert chaque année en amont de la manifestation. Tout le monde peut s’y inscrire.
Pour participer en tant qu’acteur au Petit Lumeçon, une procédure est à suivre pour les enfants inscrits en sixième primaire à Mons, l’année du combat. L’organisation du Petit Lumeçon permet de transmettre également la tradition aux plus jeunes.
La transmission se fait également par le biais du Musée du Doudou qui a ouvert ses portes en 2015 et qui reçoit chaque année des milliers d’enfants. Le Musée conserve aussi la « mémoire » des différentes phases et spécificités de la manifestation, objets et archives incontournables. Il devient aussi un lieu de débat, de découvertes possibles toute l’année pour les montois et non-montois autour de la Ducasse rituelle de Mons. Différents outils pédagogiques, livres, à destination des plus jeunes sont composés par le musée et contribuent aussi à la transmission.
Actuellement, l’élément ne semble pas menacé de disparition. Néanmoins, une attention particulière est donnée en ce qui concerne les savoir-faire nécessaires à la mise en place de la manifestation. Un colloque en partenariat avec le Musée international du masque à Binche, sous le haut-patronage de la commission francophone et germanophone de l’UNESCO, se tiendra les 8 et 9 novembre 2019.
Par le biais de visites guidées et/ou conférences diverses, de sa stratégie scientifique autour de la préservation du Patrimoine immatériel, le Musée du Doudou participe aussi à la sauvegarde.
Les différentes associations organisatrices de l’évènement sont les détentrices de l’élément. Elles se coordonnent autour de leurs Présidents, ressources humaines en dialogue avec la Ville (cellule Lumeçon, service événement, Musée du Doudou) et la Fabrique d’Eglise de la Collégiale Sainte-Waudru.
A Mons, être invité ou participer à la Ducasse rituelle en tant qu’acteur, participant ou dans le public est aussi une stratégie d’intégration. Percevoir, participer aux différents temps forts de la manifestation demande un « écolage » ou une expérience, un vécu tissé entre les habitants de générations en générations avec les composantes géographiques de la ville de Mons.
« Le Doudou » est sans aucun doute un des moments les plus importants dans la vie familiale et sociale des montois, vu les regroupements familiaux importants, le temps et les budgets que les montois allouent à la manifestation, l’importance donnée par les participants à la manifestation, l’enthousiasme du public d’année en année.
Dialogue intergénérationnel :
La Ducasse rituelle de Mons dit « Doudou » est l’occasion de partager une expérience intergénérationnelle, d’apprendre, de transmettre des savoir-faire et des savoir-être et de partager des moments.
Un exemple concret est la présence de plusieurs générations d’acteur du Lumeçon ou de participants à la procession dans une même famille. La présence du combat du Petit-Lumeçon qui chaque année regroupe de plus en plus de jeunes permet aussi de mesurer l’engouement du public et les liens qui se tissent entre grands-parents, enfants et petits-enfants dans le cadre de la manifestation.
Dialogue multiculturel :
La Ducasse rituelle de Mons est l’occasion d’un dialogue multiculturel, puisque de nombreux touristes étrangers, locaux d’origines diverses viennent y assister et sont parfois invités dans les maisons privées. C’est aussi un moment « sacré », à laquelle toute la ville prend part et donc, un moment de cohésion sociale, de dialogue multiculturel pratiqué à différents niveaux. Toute la population s’y retrouve et est représentée notamment au travers des personnages. Le premier acteur reste le public à Mons.
Les montois accueillent aussi chaque années des milliers de chambourlettes, invités des montois, amenés à être écolés par un montois dans la foule et dans la manifestation. Des actions de médiation sont mises en place par la ville : greeters (accueil de touristes par des montois), accès au combat pour les PMR, accès aux jeunes en difficultés par le rotary club de Mons par exemple, etc.
Le Musée du Doudou, permet aussi d’ancrer le dialogue multiculturel toute l’année au travers de l’accueil de groupes d’origines différentes qui découvrent la manifestation et l’accueil de la population locale en ce compris primo-arrivants ou réfugiés.
Développement durable (environnement, santé, économie inclusive, etc.) :
L’environnement est pris en compte par l’organisation de la Ville surtout dans la dimension festive de la manifestation (verres réutilisables, poubelles adaptées, etc.). Les revenus économiques sont importants – surtout dans le secteur horeca - puisque les cafés, restaurants du centre-ville sont pris d’assauts par le public pendant une dizaine de jours.
Diversité et créativité humaine :
Chaque année, régisseurs, couturières et artisans fabriquent de nouveaux costumes pour les participants (procession, combat dit Lumeçon, combat du petit-Lumeçon), le Dragon, les carcasses de Chin-chin, etc. sont complétement retravaillés pour l’occasion.
Dans le cadre du projet de la capitale européenne de la culture en 2015, différents stylistes se sont penchés sur des créations d’inspiration combat dit Lumeçon mais présentées en marge de la manifestation.
La reconnaissance a surtout apporté une aura plus importante, notamment au niveau de la presse. Elle a un impact positif sur la tradition (plus de diversités dans les nationalités des touristes, plus de rayonnement au national et à l’international) mais elle n’en a pas modifié les fondements.
La création du Musée du Doudou est le résultat de ces deux reconnaissances (FWB et UNESCO). Ce musée s’attache notamment à comprendre et à valoriser les différents aspects de cette histoire universelle et multiséculaire.
Références bibliographiques :
Collectif, « Le musée du Doudou, histoire d’un patrimoine oral et immatériel », Ville de Mons, 2016
Collectif, « La Ducasse rituelle de Mons », Ed. Racine, 2013
Baroillier A., Faire vivre le folklore. Dynamique de transformation de la Ducasse de Mons, 2015
- Autres documents :
Valentino M., Wattier J., Le chevalier saint-Georges et le Dragon, illu. J. Diricq, 2015 (ouvrage pour enfants)
Dossier pédagogique du Musée du Doudou (envoi sur demande : www.museedudoudou.mons.be)
- Autres sources : copie d’études, enquêtes, site internet, enregistrement sonores, vidéos, etc. :
Enquête anthropologique sur l’évolution de la manifestation par Aurélien Baroillier, témoignages accessibles à l’IHOES.
Enregistrements de la manifestation depuis plusieurs années par le Musée du Doudou (Ville de Mons), par la télévision locale conservées dans les archives de Télémb (Mons) et rtbf.
Documentaires : notamment : Le Poil Sacré du Dragon, Florian Vallée.