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Fiche


Cwarmê d' Mâm'dî (en wallon)

Le Carnaval de Malmedy est fêté depuis le XVe siècle. Le mot Cwarmê désigne la période de carnaval, du samedi midi au mardi-gras à minuit. Durant ces quatre jours de fête, tout se dit et se chante en wallon malmédien.

Images des acteurs du Carnaval de Malmédy : haguète, longs-nés, groupes costumés

Toutes les informations sur Carnaval de Malmédy

Localisation

Ville de Malmedy, en province de Liège

Communauté

L’ensemble de la population malmédienne

Société(s) ou groupe(s) responsable(s)

La Fanfare Royale Echo de la Warche fondée en 1846, la chorale Royale Union Wallonne fondée en 1847, la Chorale Royale Malmédienne fondée en 1866, l'Harmonie Royale Fraternité fondée en 1874, le Royal Club Wallon fondée en 1898, et la Mesnie dol Haguète du Mâm'dî fondée en 1966.

Les « P’titès-haguètes » se déroulent les quatre jeudis précédant le Cwarmê. Jusque dans les années 1960, les jeudis gras étaient motifs à mascarades ; dès la tombée de la nuit, hommes et femmes se travestissaient et allaient en ville faisant halte dans l'un ou l'autre café où les femmes y taquinaient les messieurs. Souvent, ces dames se groupaient pour exécuter un « petit rôle » qui consistait à choisir une victime pour lui proposer des services en tant que coiffeuse, infirmière, etc. Cette coutume qui avait presque totalement disparu a cependant vu le retour des « petits rôles » dans les années 1990. Les enfants sont de nos jours mis à l'honneur le premier jeudi gras avec un cortège et le quatrième jeudis gras avec un grand bal masqué qui leur sont réservés. Les soirées des premier, deuxième et troisième jeudis gras sont réservées à la sortie des sociétés locales, le wallon, l’intrigue, les petits rôles et les déguisements variés font de ces prémices carnavalesques des moments forts attendus par les Malmédiens.

Les Grandès haguètes désignent les quatre jours précédant le Carême. Elles débutent le samedi même si on constate depuis plusieurs années le début des réjouissances le vendredi soir avec l’Echo de la Warche qui joue l’hymne officieux du carnaval, la " Marche du Trouv’lê ". Ces réjouissances attirent de nombreux visiteurs qui prennent part à la fête grâce à l'intervention des 15 masques traditionnels et des petits rôles. Le carnaval de Malmedy ne se regarde pas, il se vit. Le spectateur constatera que le wallon est omniprésent au Cwarmê. Cet usage si exclusif constitue la particularité essentielle du Cwarmê malmédien. Aucun amalgame ne peut être fait avec des carnavals de type rhénan. A Malmedy, au carnaval, tout se dit et se chante en wallon, y compris la cérémonie d’ouverture du samedi où le Bourgmestre remet sous forme d'une « panûle » les pouvoirs au « Trouv’lê » et le remercie en un discours versifié. Durant les mois qui précèdent la fête, la population réalise les costumes, les chars, répète les musiques pour que rien ne soit laissé au hasard durant les quatre grands jours.

LE SAMEDI
Après 1850, les sorties des sociétés avaient lieu le samedi déjà, dans le milieu de l’après-midi. « La Malmédienne » se faisait précéder d’un personnage travesti et parcourait la ville au son d’une marche lente : c’était le « Tour du Trouv’lê ». Cette pratique est restée presque intacte dans le carnaval contemporain. La cérémonie officielle d’ouverture du carnaval est fixée à 15 heures. Le grand cortège carnavalesque débute à 16h.

LE DIMANCHE
Dans la seconde moitié du 19e siècle, la tradition orale raconte que des travestis crasseux et déguenillés déambulaient dans les rues le dimanche matin, faisant grand bruit au moyen d’instruments les plus divers, par exemple de vieilles casseroles. La malpropreté des participants fit qualifier ces sorties de « mâssîs-toûrs » (sales tours). Ces manifestations furent évidemment vite défendues et remplacées, vers 1889, par les tours de ville des différentes sociétés masquées. Les « mâssîs-toûrs » actuels n’ont plus rien de sale ; ce sont de joyeuses débandades de travestis qui sortent le lundi et le mardi. Le dimanche voit donc actuellement un grand cortège (« lu toûr du parâde ») composé des sociétés et de leurs suites travesties. Immédiatement après ce tour débutent les «bânes-corantes» (bandes courantes). Ces « bânes corantes », joyeux désordre généralisé, constituent l’originalité toute particulière du carnaval de rues malmédien, bien distinct en cela de la stricte parade. Cette organisation du dimanche remonte à la fin du 19e siècle. Vers 18h30, c’est le bouquet musical final sur la place Albert 1er. Il s’agit d’un grand rassemblement de tous les participants avec l’interprétation des airs traditionnels du « Cwarmê » par les sociétés.

LE LUNDI
Le lundi est réservé aux rôles (revues satiriques en wallon) joués à l'extérieur tels les artistes ambulants d'autrefois.

LE MARDI
Jusqu’en 1891, le carnaval se terminait le mercredi des cendres par un « brûlage de l’os », interdit par le clergé dès 1892. Les Malmédiens réinstaurèrent le « brûlage de la Haguète » en 1954, le mardi-gras au soir. Toutes les sociétés et leurs suites et toute la population sont rassemblées sur la Place Albert Ier (so l’ Martchî) pour voir brûler le personnage de la Haguète au sommet d’un énorme brasier, symbole de la fin des festivités

  • Pratiques sociales, fêtes

Le Carnaval anime toujours autant la population malmédienne soucieuse de conserver ce folklore et de le transmette aux générations futures. La transmission se fait surtout au niveau du cercle familial, mais s'étend également dans le cadre des sociétés. Durant toute l'année, les sociétés se réunissent pour la préparation, la composition, l'écriture et la réalisation des costumes. Très souvent, les jeunes suivent leurs parents au sein d'une même société et l'on retrouve plusieurs générations d'une famille dans les musiciens ou les chanteurs. Certaines familles ont également un masque traditionnel de prédilection (par exemple : famille de vèheûs ou de long-nés).
Les écoles prennent part à la fête de diverses manières : par la réalisation de la recette de la salade russe, par des visites à l'atelier du carnaval, par l'invitation de personnes ressources qui transmettront leur savoir aux enfants. Lors de la sortie du 1er jeudi-gras, les institutrices choisissent un thème avec leur classe et réalisent des costumes pour le cortège.

Le Carnaval n’est pas menacé de disparition, toutefois, il est essentiel de garder vivante cette mémoire collective et identitaire. Les sociétés musicales, chorales et carnavalesques de la ville sont les garantes de la tradition et de la transmission suivant des codes bien établis depuis de nombreuses décennies, voire plusieurs siècles.

Les sociétés intègrent très tôt les jeunes afin de leur donner le goût des pratiques carnavalesques. Les directeurs musicaux proposent souvent des partitions simplifiées permettant aux jeunes de jouer un maximum. Si les directeurs de chaque société réalisent des arrangements musicaux, ils mettent un point d'honneur à maintenir l'écriture en pas redoublé (6/8) spécifique aux partitions du carnaval de Malmedy. Durant plusieurs mois, les sociétés réalisent un travail de fond par le choix des thèmes, la réalisation du char, la confection des costumes, etc.

L'Académie de musique de Malmedy joue, à ce titre, un rôle important dans la transmission du patrimoine musical en permettant aux professeurs d'aborder par le biais de leurs cours d'instruments les partitions folkloriques traditionnelles. L'habillage des Djoupsènes est un secret bien gardé qui se transmet d'habilleuse en habilleuse. Actuellement, deux personnes habillent les djoupsènes, elles ont reçu ce savoir-faire très particulier de bouche à oreille (et dans ce cas précis de doigts à doigts) des deux habilleuses précédentes. Le costume de la Djoupsène n'est pas cousu, elle est "emballée" dans un drap de lit épinglé et retenu par une corde.

Le wallon, l'un des piliers autrefois de l'identité wallonne, est chaque année remis à l'honneur. Dans ce sens, le carnaval permet sa transmission et sa préservation aidées en cela par le Royal Club Wallon, fervent défenseur de ce patrimoine oral. Le wallon s'apprend en famille ou parfois à l'école avec des "phrases-types" prononcées par les masques traditionnels. Citons par exemple : "Pardon Haguète al cawe do ramon, dju n'u l'frès jamès pus" (pardon haguète à la queue de balai, je ne le ferai jamais plus) Pov' Pièrot ki n'a pu dès djèyes (pauvre Pierrot qui n'a plus de noix).

Notons également que le wallon omniprésent a influencé le français parlé à Malmedy. De nombreux mots wallons ne trouvent pas de traduction en français et sont utilisés tels quels dans le langage oral. Par exemple : le hape-char, le clabot, la panûle,… Les groupes de rôleurs intègrent chaque année des jeunes et leur donnent ainsi le goût de la langue wallonne.

De nombreux enseignants réalisent des leçons sur le thème du carnaval local et emmènent les élèves au centre d'interprétation le Malmundarium dans la section "atelier carnaval". Beaucoup de projets tournent autour du carnaval et donnent ainsi accès à la fête aux enfants.

La cuisine authentique est liée à la fête; par exemple la salade russe, le "hètchisse", les gaufres, la soupe aux pois; se transmet de génération en génération au sein des familles.

Le carnaval est une fête populaire dont les habitants de Malmedy sont très fiers. Véritable rituel de la vie locale, il est impensable pour les Malmédiens que le carnaval ne puisse avoir lieu. Cette fête se prépare d'année en année avec la même ferveur. Le carnaval sert de lien, il permet la cohésion sociale car il implique toutes les couches sociales de la population du plus jeune au plus âgé et s'inscrit comme une identité commune. La participation au carnaval est également un vecteur d'intégration pour les nouveaux habitants de Malmedy. Par ailleurs, le carnaval participe à la pérennité de la langue wallonne qui fut l'un des piliers de notre identité.

Vous trouverez la description des masques traditionnels et leur rôle respectif dans le document « dossier complet ».

Dialogue intergénérationnel :
Depuis toujours, le carnaval tisse des liens entre les différents pôles générationnels de la population : Les anciens par leur transmission active d'un savoir et d’un savoir-faire (costumes, traditions culinaires, chants, textes, etc.) Les enfants qui dès leur plus jeune âge, au sein de leur famille ou à l'école, sont amenés à s’intéresser et à découvrir le carnaval. Les mouvements locaux de jeunesse par leur participation active à l'élaboration des petits rôles au sein du cortège.

Dialogue multiculturel :
Le dialogue multiculturel s’installe dès le plus jeune âge. L'apprentissage des chants de carnaval dans les écoles favorise l'intégration des enfants issus de communautés différentes, il en va ainsi pour les bals scolaires des jeudis-gras, la fabrication des costumes en classe pour le cortège du 1er jeudi-gras; Les enfants, quelle que soit leur origine et le nombre d'années de présence dans la ville accueillent la fête de diverses manières et se l'approprient au fil du temps par leur participation....

Développement durable (environnement, santé, économie inclusive, etc.) :
Le Carnaval est important pour l’économie locale étant donné le nombre important de participants. Il n'a pas d'impact sur l'environnement ni sur la santé.

Diversité et créativité humaine :
Le carnaval ne pourrait exister sans l’intervention du savoir-faire de nombreuses personnes : Couturiers(ères), écrivains, musiciens ou musiciennes, bricoleurs, boulangers, etc. Le carnaval se prépare pendant de longs mois : rédaction de textes pour les rôles, écriture de nouvelles partitions de musique pour les fanfares, confections de costumes aux thèmes chaque année renouvelés, créations des petits rôles, etc. En cela, il permet à la créativité de s’exprimer pleinement.

La reconnaissance a permis au carnaval de Malmedy une meilleure visibilité et une affirmation de son importance comme vecteur socioculturel. L'importance historique, sociale et patrimoniale ainsi confirmée aux yeux de tous, dépasse le simple domaine de la connaissance pour devenir un outil déterminant dans le cadre du travail pédagogique et la transmission des savoirs. Une meilleure connaissance entraîne une meilleure compréhension et un gage pour la pérennité de ce folklore. De plus, elle a sensibilisé la population locale au patrimoine immatériel et à son importance au sein de la société.

La reconnaissance a également été un vecteur de connaissances des diversités culturelles, d'échanges et de découvertes d'un patrimoine parfois méconnu. En cela, elle a permis une prise de conscience de fêtes similaires et d'éveiller la fierté envers les traditions et la nécessité de les préserver pour les générations futures.

Références bibliographiques :

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REVELARD Michel, Le carnaval Traditionnel en Wallonie, éd. Mardaga, 1987

ROLAND J., le Carnaval Wallon, ses origines, Annuaire de la Commission Royale Belge de folklore (section wallonne), annuaire 13, 1959-1960, pages 69-81

Autres documents : copie d’études, site internet, autres :

www.malmedy.be

Contact

Responsable du Service Culturel de Malmedy

Imelda Heuschen


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