Fiche
Le cirque traditionnel itinérant propose un spectacle constitué d’une succession de numéros visuels évoluant dans une piste ronde, où la performance artistique prend le pas sur une composition théâtrale. De nombreuses coutumes et traditions se sont forgées tout au long de l’histoire du cirque.
Toutes les informations sur Arts et culture du cirque traditionnel itinérant
Localisation géographique :
Dans l’ensemble de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Communauté concernée :
Les producteurs de cirques traditionnels, les programmateurs et organisateurs. Les artistes de cirque, les amis du cirque, le public en général en Belgique francophone ainsi que les partenaires internationaux.
Société(s) ou groupe(s) responsable(s) :
Personne physique : Alain Gombert Chabri
L’un des objectifs de ce document est de présenter au lecteur le patrimoine culturel du cirque traditionnel. En parcourant ce texte, le lecteur fera connaissance avec les coutumes et les traditions qui se sont forgées tout au long de l’histoire du cirque, il découvrira aussi un vocabulaire propre au cirque dont la provenance des termes est aussi variée que l’origine multiculturelle du cirque traditionnel.
Les acteurs du cirque traditionnel ne considèrent pas leur art figé et le concept étroit. Au contraire, le cirque traditionnel est en perpétuel renouvellement et offre un éventail d’expressions artistiques bien différentes tout en respectant son identité. Il est donc légitime de définir ce qu’est à l’heure actuelle le cirque traditionnel. Nous pouvons considérer comme cirque traditionnel tout spectacle constitué d’une succession de numéros visuels évoluant dans une piste ronde, où la performance artistique prend le pas sur une composition théâtrale.
Certains éléments sont caractéristiques au cirque traditionnel :
- Le spectacle a lieu sous chapiteau, autour d’une piste circulaire ;
- Un Monsieur Loyal présente chaque numéro ;
- Le spectacle n’a pas d’unité mais présente une succession de numéros indépendants dont la performance physique est centrale ;
- On trouve plusieurs disciplines : acrobatie, mime, jonglage, trapèze, équilibre, fil de fer, clowns…. ;
- Le spectacle est mis en musique par un orchestre ou une fanfare qui fait partie de la troupe
- Un numéro de cirque est avant tout spectaculaire.
La création d’un numéro de cirque traditionnel est faite dans l’optique de se produire face à un public très varié. Les numéros sont donc internationaux, au sens où ils ne sont pas spécifiques à une région géographique. Ils sont aussi intemporels, bien qu’une actualisation de la « mise en piste » soit régulièrement pratiquée.
Les éléments fondamentaux du cirque traditionnel sont donc :
1. La succession des numéros. Un spectacle de cirque traditionnel est constitué d’une succession de numéros (une douzaine, durant chacun environ huit minutes). Leur enchaînement ne correspond à aucune logique narrative mais à un collage, une suite de différentes disciplines ou techniques des arts de la piste qui font monter en puissance l’intensité émotionnelle du spectateur. Les numéros sont ainsi interchangeables, bien souvent les artistes n’ont pas conçu ensemble le spectacle et parfois se rencontrent quelques jours précédant la première représentation. L’ordre de passage des divers numéros obéit plutôt à des contraintes techniques (installation d’un filet ne peut se faire qu’au début du spectacle ou à l’entracte) et à des contraintes rythmiques ou émotionnelles (alternance de numéros à sensation et de numéros plus calmes, on ne commence pas un spectacle par un numéro de trapèze et on ne le termine pas par un numéro de dressage). Des reprises clownesques et l’intervention de Monsieur Loyal ponctuent régulièrement le spectacle : elles ont deux buts principaux, détourner l’attention des spectateurs de l’installation des agrès nécessaires au numéro suivant et soulager, par le rire, des émotions fortes provoquées par les acrobaties précédentes.
On rassemble sur un lieu unique (la piste qui devient l’élément unificateur) tout ce qui d’évidence n’a jamais coexisté : le clown et le cheval, la bicyclette et le funambule. Cette combinaison d’éléments disparates voulue et inventée par Astley devient vite une constante et un élément fondateur du cirque. Un spectacle doit obligatoirement comporter un certain nombre d’éléments que l’on nomme les « fondamentaux » du cirque traditionnel : un numéro clownesque, un numéro équestre, un numéro d'art aérien (trapèze, ballant, corde aérienne, tissus, etc) un numéro de jonglerie, de l’acrobatie et/ou de l’équilibre (fil, objet mobile, au sol…). Le spectacle se termine généralement par une parade de tous les artistes et souvent par un charivari, sarabande rapide et acrobatique exécutée par une troupe de clowns ou d’acrobates déguisés, étonnants par leurs costumes et leurs prouesses. La musique de cirque (cuivres et percussions) est également indispensable.
2. La piste : Le choix du lieu de spectacle est parfois lié à une réalité commerciale. Un espace vaste et ouvert, permettant de rassembler un public nombreux offrant une vision élargie des acrobaties réalisées sur des chevaux. Lorsque Philip Astley, en 1768, ouvre son établissement, il adopte le cercle, adapté aux exigences d’un spectacle, offert à la curiosité de la foule sur un terrain vague, dans un espace vide qui se formalisera au fur et à mesure de l’évolution des exercices pour parvenir à une aire circulaire de 13 mètres de diamètre. Le diamètre de cette piste est en grande partie défini par la longueur de la chambrière, le long fouet qui permet à l’écuyer lorsqu’il est placé au centre de toucher les chevaux pour régler leur allure. C’est aussi le diamètre minimum permettant au cheval de galoper.
3. Le ressort de l’émotion et la dramatisation des numéros. Un spectacle de cirque est donc une suite de numéros. Grâce à cette forme esthétique fondée sur des foyers multiples, le spectacle tout entier devient un vaste dispositif émotionnel, un piège affectif efficace. La présentation est dramatisée par l’effet de collage visuel qui en accentue l’étrangeté. L’incongruité des rapprochements multiplie l’aspect disparate des éléments qui constituent le spectacle où, contrairement à un spectacle classique, il n’y a aucune convergence vers un acte central mais bel et bien une réelle concurrence entre les numéros. Un tel accent mis sur la performance individuelle appelle une représentation linéaire où chacun sera tour à tour bien visible. Cette structure appelle aussi la dramatisation de chaque numéro. Par palier de difficulté technique croissante, chaque étape est marquée par une pause et l’appel aux applaudissements. L’artiste s’efforce d’installer dans l’esprit du public l’idée d’une limite infranchissable et c’est évidemment pour mieux la franchir. Le ratage intentionnel (le « chiqué ») est même une technique de construction dramatique couramment utilisée.
Dans le cirque, un accord tacite s’installe dès le début du spectacle entre les artistes et le public sur la considération d’un exercice récompensé par les applaudissements. Le public voit l’artiste comme un individu capable de toutes les prouesses et c’est par des applaudissements qu’il marque son admiration après un exercice réussi.
4. L’imagerie. Les couleurs, les formes, les odeurs et les sons du cirque sont très standardisés et font partie d’une imagerie populaire et traditionnelle très ancrée. Le rouge, le brillant, les étoiles, les objets ronds ou coniques, le maquillage et les costumes voyants, les roulements de tambour, les odeurs de crottin et de barbe à papa sont autant d’éléments fondamentaux qui constituent une esthétique du cirque aisément identifiable et attendue.
5. L’absence de texte. Les artistes de cirque (à l’exception des clowns et de Monsieur Loyal) ne parlent pas. Contrairement aux comédiens, ils n’interprètent pas un personnage. L’influence du théâtre et des autres arts dans un monde auparavant très fermé va provoquer la rupture que représente le nouveau cirque.
6. Le clown. Clown de reprise dont les facéties interviennent entre les numéros ou clown d’entrée interprétant des farces tirées du théâtre forain, on ne peut concevoir un spectacle de cirque sans sa présence. Il est important de maintenir la tradition du clown, car son apport culturel au monde du cirque est multiple.
Tout d’abord, au fil des années, les clowns se sont constitués un répertoire d’entrées clownesques qui sont de véritables classiques du genre tel que « l’entrée du miroir », « Abeille donne-moi du miel » ou « Charge et décharge ! ». Certains spécialistes ont rédigé des recueils d’entrées clownesques, le plus connu étant « Entrées clownesques » de Tristan Rémy, publié en 1962.
Les premiers clowns étaient des clowns blancs. Par la suite est apparu le personnage d’Auguste signifiant idiot en dialecte berlinois, paré de son caractéristique nez rouge. Plus tard encore, le contre-pitre fit son apparition, aussi appelé deuxième auguste. Le trio de clowns était ainsi formé avec le clown blanc sérieux et déstabilisé par le premier auguste qui était accompagné de son « petit frère », le contre-pitre.
De nombreux comiques du cinéma se sont inspirés des techniques et du répertoire des clowns du cirque tels que Charlie Chaplin, Laurel et Hardy ou les frères Marx. Enfin, par son allure si particulière, la panoplie vestimentaire du clown et son grimage présentent aussi un intérêt culturel.
Le maquillage du clown blanc se constitue d’un sourcil tracé sur le front, appelé signature. Chaque clown ayant sa propre signature et il est mal vu de s’approprier la signature d’un collègue. Les narines, ainsi que les oreilles doivent être peintes de rouge et une mouche vient agrémenter le tout.
Le costume large et orné de brillants du clown blanc s’appelle le sac ou la souquenille. Une paire de bas en soie claire et des escarpins viennent compléter cet élégant accoutrement.
Différences fondamentales entre cirque traditionnel et cirque nouveau ou contemporain :
Dans les années 60, le cirque traditionnel connaît une crise et une désaffection du public qui s’expliquent notamment par la généralisation de la radio et de la télévision. Dans les années 70, de jeunes artistes de cirque essaient alors de renouveler les arts du cirque en apportant quelques modifications :
- Le spectacle n’a plus forcément lieu sous un chapiteau ni autour d’une piste circulaire mais il peut également se dérouler sur des scènes de théâtre ou dans la rue.
- Disparition des numéros de dressage et du personnage systématique de Monsieur Loyal.
- Le spectacle est conçu comme étant une seule et même histoire et non plus une succession de numéros.
- Le cirque s’ouvre vers d’autres disciplines qui sont intégrées dans le spectacle : théâtre, danse, arts de la rue…) C’est ce qu’on appelle « le cirque nouveau ». Un spectacle de nouveau cirque privilégie le développement d’une histoire et aborde des thèmes sociaux au détriment de l’exploit physique des numéros. Avec le nouveau cirque, le spectateur est davantage invité vers une réflexion personnelle que saisit par la prouesse technique de l’artiste.
7. La vie du cirque. De quoi se compose le cirque ? Chaque cirque comprend un chapiteau, une ménagerie où vivent les animaux, les caravanes de la troupe, un ou plusieurs camions-bureaux, des camions pour le transport du matériel et des animaux.
Qui travaille au cirque ? En plus des artistes, bien d'autres personnes travaillent au cirque: les monteurs qui installent et démontent le chapiteau, des techniciens qui se chargent de l'électricité et de l'éclairage, les mécaniciens pour les camions et les voitures, des personnes pour l'entretien de la ménagerie et des écuries, un(e) secrétaire, un(e) comptable,...
Le cirque et son spectacle :
LES AVANT-COURRIERS: organisent l'implantation du cirque, commandent la nourriture, la litière des animaux et collent les affiches. Puis arrive le convoi avec ses roulottes, ses cages et ses remorques.
LE MONTAGE: les monteurs dressent le chapiteau; chaque pièce est numérotée pour faciliter montage et démontage.
LA MENAGERIE: est une collection d'animaux. Autrefois, grâce aux animaux venus d'Afrique ou d'Inde, les ménageries permettaient de donner des leçons d'histoire naturelle. Aujourd’hui, il n’y a plus d’animaux sauvages dans nos cirques, conformément à la législation.
LA PARADE: quelques artistes costumés et quelques animaux défilent dans les rues pour attirer les spectateurs.
LA PISTE: est l'endroit où ont lieu les numéros.
LES CLOWNS: sont de grands artistes car ils doivent être à la fois des comédiens, des acrobates et des bons musiciens. Vers 1870, le numéro de clown se double de l'Auguste avec son nez rouge, son costume trop grand pour lui et d'énormes chaussures qui contrastent avec l'élégante robe pailletée et le chapeau en cône du clown blanc.
LES FUNAMBULES: travaillent à deux mètres du sol et se servent d'un balancier pour se maintenir en équilibre.
ACROBATES ET AERIENS: l'acrobatie au sol est le travail de base de tous les métiers du cirque dont les figures principales sont la rondade, le flic-flac, la roue, la roulade et le saut périlleux. Les aériens sont les acrobates qui travaillent en l'air, avec des cordes et des anneaux.
LES TRAPEZISTES: le trapèze est un numéro vedette, car il mêle le risque suprême au rêve de l'homme de voler de ses propres moyens. Il est exécuté par deux artistes, le "voltigeur" qui vole, et le “porteur” qui le rattrape.
LES JONGLEURS: jettent en l'air toutes sortes d'objets (balles, massues, chapeaux, assiettes, ...). Le jonglage nécessite vitesse et souplesse.
LES CYCLISTES: pédalent sur des monocycles.
LES CHEVAUX: les numéros équestres sont à l'origine du cirque, sa piste ronde de 13 mètres correspond à la longueur de la chambrière, fouet du dresseur.
Les numéros équestres sont de plusieurs sortes :
- la HAUTE ÉCOLE qui est le dressage du cheval et sa présentation montée. L'écuyer fait alors corps avec son cheval, ce qui implique une véritable complicité: il lui apprend à danser, sauter, se cabrer, marcher debout, saluer le public.
- La VOLTIGE qui consiste en des acrobaties équestres, comme de tenir en équilibre sans selle.
- Dans les numéros de dressage les chevaux sont en liberté, menés à la chambrière; ils forment ainsi une sorte de ballet.
- Les COSAQUES réalisent des acrobaties sur et sous des chevaux galopant à vive allure.
8. L’itinérance. Le mode de vie au sein d’un cirque traditionnel est très particulier car c’est une vie en caravane. Le cirque rassemble autour du chapiteau les caravanes de la direction, des artistes et des employés. Pour cette communauté, le chapiteau est bien plus que le lieu des représentations, il est au cirque ce que l’église et la maison communale sont au village. On y organise les fêtes, les anniversaires, les mariages, et même les enterrements. La proximité de toutes les couches sociales de cette entreprise fait qu’il existe une grande solidarité entre circassiens. Les artistes se connaissent, se soutiennent, répètent ensemble, travaillent ensemble et se marient même souvent entre eux. C’est art de vivre est spécifique au cirque traditionnel.
L’itinérance est un élément essentiel de la vie au cirque et son organisation est réglée minutieusement. Sitôt la dernière représentation achevée, le personnel s’active pour démonter le chapiteau et charger le matériel dans les camions. Cette opération dure généralement quelques heures, suivie du départ de la troupe pour la prochaine étape lors d’un voyage de nuit ou de jour. Les convois du cirque partent en premier car ils doivent être placés idéalement, suivis des convois des artistes. Un plan de disposition respectant un ordre bien établi est planifié par l’avant-courrier. Après avoir tracé les contours du chapiteau, les camions abritant les animaux, quand il y en a, sont placés le plus proche du chapiteau. Les caravanes des artistes ne se trouvent pas toujours sur la même place que le chapiteau, lorsque les places du centre-ville ne disposent pas d’une superficie suffisante.
Il est important de souligner qu’en dehors de leurs contrats d’engagement, les artistes mènent une vie sédentaire très « normale » dans leur pays d’origine que ce soit dans une habitation fixe ou dans une caravane.
Lorsque, dès les années 1970, apparut une nouvelle manière de faire du cirque, le nouveau cirque apporta une présentation inédite au cirque en intégrant au spectacle une dimension narrative. Au départ les premières compagnies du nouveau cirque (Cirque Plume – qui vient de se déclarer en faillite et tire sa révérence après 36 ans d’existence - et Archaos entre autres) assumèrent un certain héritage du cirque traditionnel malgré une présentation des numéros alternative. Les compagnies plus contemporaines s’en éloignèrent progressivement, à tel point que la plupart d’entre elles préfèrent aujourd’hui jouer dans une salle de théâtre et délaissent le cadre naturel du cirque : la tente circulaire.
Le cirque traditionnel n’est pas seulement une expression artistique unique, c’est aussi une manière de voir la vie au sein d’une communauté soudée. C’est lorsqu’on quitte le monde du cirque, que l’on remarque à quel point cet état d’esprit est rare au sein de notre société. Tel que mentionné par David Hibling (directeur artistique de Zippos Circus), « réinventer le cirque ne doit pas signifier pour autant renier la tradition ».
La destinée de ce patrimoine culturel est liée à la situation actuelle du cirque qui peut être considérée comme paradoxale, car bien que le nombre de cirques traditionnels diminue progressivement, son succès auprès du public se vérifie toujours autant. En effet, comme en atteste le rapport de janvier 2020 de la Commission européenne sur la situation actuelle des cirques en Europe, le nombre de cirques en Belgique a augmenté passant de 7 cirques en 2003 à 108 en 2020. Pour autant, cette augmentation est exclusivement attribuable à la multiplication des cirques dits contemporains. Au contraire, le nombre de cirques traditionnels a diminué en Belgique par rapport à 2003. Or, le déclin du cirque traditionnel est injustifié au vu de son succès populaire puisque que 60% des cirques traditionnels sont visités par plus de 30 000 spectateurs par an à l’échelle européenne.
Nous expliquons en partie le déclin du cirque traditionnel par l’absence de reconnaissance des pouvoirs publics, mais surtout par une constante augmentation des contraintes administratives et législatives. Ce manque de soutien est perçu comme une injustice par les acteurs de ce secteur qui souhaitent, grâce à ce document, revaloriser le patrimoine du cirque traditionnel belge et assurer sa continuité.
Avec le nombre de cirques traditionnels diminuant au fil des années, nous risquons de voir la disparition d’un patrimoine unique. Le cirque n’est pas seulement une expression artistique, c’est aussi une communauté soudée autour de valeurs de solidarité et de respect du public. Au vu de ses valeurs, le patrimoine du cirque traditionnel est précieux et il est nécessaire de le sauvegarder.
- Arts du spectacle
Il n’est pas nécessaire d’être membre d’une famille de cirque ou né dans un cirque pour être initié à sa culture.
Les coutumes, les règles de conduite et le vocabulaire se transmettent in situ en travaillant au sein d’un cirque ou du moins en le fréquentant assidûment. En Belgique francophone, seul le cirque de M. Alexandre Bouglione se produit tout au long de l’année. Les festivals de cirque de Liège et Namur se produisent pendant la période hivernale. Il est important de noter que les directeurs des cirques de Liège et Namur ne sont pas issus d’une famille de cirque, mais ils contribuent à diffuser le patrimoine du cirque en Belgique francophone. Ces festivals permettent aussi à des personnes qui ne sont pas issues du cirque d’apprendre le métier.
Comment est-il transmis aujourd’hui ?
Comme il est dit au-dessus, les règles et les coutumes du cirque sont apprises sur place. D’ailleurs, les gens qui n’appartiennent pas à la communauté du cirque portent les noms de privés ou gadjos (mot issu du manouche).
De même, il existe un sympathique bizutage réservé aux privés désireux intégrer un cirque. En effet, un membre de l’équipe du cirque demande à notre novice d’aller chercher la clé du chapiteau. Bien évidemment, il n’existe aucune clé pour un chapiteau et le but de cette plaisanterie est d’envoyer le gadjo à la recherche de cette clé de personnes en personnes, toutes au courant de cette farce.
Concernant l’éducation artistique des enfants, celle-ci est assurée par la famille. Bien souvent, l’enfant reprenait la spécialité artistique des parents. Un numéro de cirque est donc avant tout spectaculaire et destiné à tout public. Les artistes de cirques traditionnels n’appartiennent généralement pas à une troupe. Ce sont des artistes indépendants qui sont engagés par le cirque le temps du contrat.
La création des premières écoles de cirque en Europe occidentale remonte aux années 1970 et 1980, toutefois, peu d’étudiants issus de familles de cirque fréquentent ces écoles car la formation artistique, comme on le verra plus tard, ne correspond pas aux canons du cirque traditionnel.
Il y a aussi toute une liste de numéros que l’on retrouve dans le cirque traditionnel et qui ne sont pas enseignés dans les écoles de cirque : les numéros musicaux, les numéros de transformations de costumes, les numéros d’équilibres sur escalier, les entrées clownesques, les numéros de perches, le jonglage avec balles rebond, l’antipodisme avec tissus, les numéros de rola rola, le hoola hoop, les jongleurs rapides, les lanceurs de couteaux et lasso, Monsieur Loyal, les numéros d’arbalètes, etc.
Notons que l’Italie abrite « l’Accademia D'Arte Circense» à Vérone, la seule école de cirque traditionnel. La plupart des enseignants sont d’anciens artistes de cirque traditionnel et le nombre d’anciens élèves ayant suivi une carrière internationale est impressionnant.
Retrouvez les actions entreprises pour garantir la viabilité de l’élément et sa transmission dans le dossier complet(pdf)
Il est clair que la survie du cirque traditionnel est menacée au niveau régional, national et même international. En France, le cirque Pinder, fondé en 1854 a été placé en liquidation judiciaire en 2018. L’institution danoise du cirque « Benneweis », fondée en 1887, a fermé définitivement ses portes en 2015, tout comme le cirque national néerlandais « Circus Renz ». Même « the greatest show on earth », le célébrissime cirque « Ringling, Barnum & Bailey » a annoncé sa fermeture en 2017 après 146 ans d’activités ininterrompues. Comme le souligne un rapport de la Commission Européenne, la disparition progressive du cirque traditionnel est d’autant plus absurde qu’une majorité de cirques traditionnels prévoyaient pour 2019 une augmentation du nombre de spectateurs et du chiffre d’affaire.
Alors comment expliquer cet apparent paradoxe ? Nous constatons d’abord que les causes à cette situation sont multiples. Tout d’abord, au niveau logistique et administratif. Le premier document de travail sur la situation du cirque dans les États membres de l’UE de 2003 rapportait déjà que les réglementations communales de plus en plus exigeantes, l’augmentation des licences et des lois fiscales sans cesse plus contraignantes ont alourdi le travail administratif des cirques. Les structures sérieuses de cirque traditionnel, présentes sur notre sol, doivent faire face également face à la concurrence déloyale de petits cirques enregistrés à l’étranger, souvent en irrégularité et qui ne se soumettent pas aux mêmes contraintes administratives et fiscales. Le nombre d’emplacements proposés aux cirques par les communes se réduit sans cesse. Le cirque Pauwels n’a jamais su trouver une localisation à Bruxelles depuis son éviction en 2014 de la commune de Boitsfort. Le cirque Bouglione a dû poser récemment sa tente sur un terrain privé à Mons, faute d’emplacement convenable.
Quels sont les menaces et dangers éventuels ?
Le danger est simplement la disparition de la culture du cirque traditionnel. Il s’agit tout d’abord de la perte d’une forme artistique unique en son genre. Unique par sa musique d’orchestre, reconnaissable entre toutes, unique par ses costumes colorés et riches en paillettes, et surtout unique par son chapiteau et sa piste ronde. Au cirque, le public entoure littéralement l’artiste, un proverbe dit qu’en piste, le clown doit même être comique avec son dos. L’artiste bien qu’encerclé se sent porté par le public et même assisté dans sa performance.
Le cirque est aussi un spectacle résolument familial où chaque génération y trouvera source d’émerveillement. Pour les enfants, le cirque est l’occasion de partager un moment privilégié avec les aînés, des moments à jamais gravés dans leur mémoire. C’est aussi à l’enfance que naissent les vocations. Ne plus voir de cirque sillonner nos contrées ne permettrait plus aux jeunes spectateurs de s’éprendre du cirque comme cela a été beaucoup le cas.
La disparition d’un cirque entraîne également la perte d’emplois. Le cirque Alexandre Bouglione engage selon la période entre 30 et 40 personnes. Le cirque collabore également avec des artisans et artistes locaux comme le peintre wallon Pierre Mainil qui décore les éléments des cirques depuis plus de 20 ans.
La perte de ces emplois s’accompagne bien sûr de la perte d’un savoir-faire. Il n’y a pas seulement le savoir-faire artistique, mais aussi les techniciens qui savent monter et démonter un cirque entier en une demi-journée. Il y a toute une liste de métiers techniques propres au fonctionnement d’un spectacle itinérant qui demande une grande organisation (Chef de piste, Chef monteur, Barrière, Garçon de cage, Bereiter, Garçon de piste).
Enfin, le cirque est un spectacle à part entière et des éléments entiers du cirque traditionnel ne se retrouvent plus dans le cirque contemporain. En effet, nous ne retrouvons généralement pas d’orchestre, pas de Monsieur Loyal, pas la même conception d’un spectacle itinérant, voyageant de villes en villages à la rencontre d’un public n’ayant pas facilement accès au divertissement.
Les cirques contemporains font de moins en moins la part belle au personnage le plus emblématique et le plus illustre du cirque dont sa fonction principale est d’amuser le public : le clown. Nous risquons de ne plus voir les formations de trio de clowns composées du clown blanc, d’un auguste et du contre-pitre. Ces trios de clowns présentent généralement des classiques du répertoire des clowns et avec la disparition des cirques, ce patrimoine risque de disparaître également.
Actions entreprises pour assurer la sauvegarde ?
Les acteurs du cirque traditionnel se mobilisent plus que jamais pour assurer la sauvegarde de leur secteur par des actions qui sont menées à plusieurs niveaux :
- La conservation du patrimoine
- La promotion du cirque traditionnel auprès du jeune public
- La collaboration avec les structures de cirque contemporain
- La défense des valeurs du cirque traditionnel
Pour les membres de la communauté du cirque traditionnel, le cirque est bien plus qu’un spectacle, c’est une culture, une façon de voir la vie. Il existe tout un champ lexical propre au cirque et l’appartenance à la communauté du cirque commence par l’utilisation de ce vocabulaire spécifique à tous les niveaux structurels du cirque. Des termes liés à l’organisation d’un cirque comme le palc, spectacle à ciel ouvert, plus particulièrement, cirque sans chapiteau. Des expressions propres au spectacle de cirque comme chiqué, action qui consiste à faire semblant de rater un exercice, afin de souligner sa difficulté (lazzo en italien).
De même que des mots aussi exotiques et énigmatiques que Humsti-Bumsti, Klischnigg ou Svalsette. Vous trouverez la signification de ces termes dans l’appendice lexical se situant en annexe. Il existe des ouvrages qui sont consacrés à ce domaine, comme le Lexique du cirque de Dominique Denis. Par ailleurs, la Bibliothèque nationale de France a créé un site consacré aux arts du cirque qui comprend un glossaire très complet.
Nous observons également que l’imagerie du cirque est de plus en plus corrompue. Si nous ne préservons pas le patrimoine du cirque, le public risque de faire des amalgames et se faire une idée du cirque très erronée. Le lien du cirque avec les gens du voyage est encore acceptable bien qu’à l’origine, le cirque est un spectacle mondain créé par des officiers équestres. Nous voyons maintenant dans l’imagerie du cirque, l’apparition de pirates et autres personnages n’ayant aucun lien avec le cirque.
La perception du clown a également grandement souffert des films d’horreur américains qui en font un personnage maléfique, même démoniaque. Nous dénonçons cette utilisation de l’image du clown. Notre culture ne nous est pas seulement dérobée, mais en plus, elle est pervertie par des personnes qui n’ont aucun respect de la tradition. Nous n’acceptons pas que l’histoire du cirque et sa représentation soient détournées. Cette perception erronée du cirque se retrouve également dans les sphères culturelles et ses responsables, souvent issus du monde du théâtre, chargés pourtant de promouvoir la culture du cirque. Les élites intellectuelles qui jugent les créations artistiques ont toujours préféré les cirques contemporains car les spectacles sont théâtralisés et sont débarrassés au maximum des attributs du cirque : plus de piste, plus de clown, plus de costumes colorés.
Nous constatons que dans le secteur culturel belge, le cirque est de plus en plus pris en charge par des personnes qui le considèrent comme un courant alternatif au théâtre et le juge en tant que tel.
Or le cirque n’est pas une forme de théâtre, c’est un spectacle à part entière possédant ses propres codes. Toute comparaison d’un spectacle de cirque avec une pièce de théâtre n’a aucun sens car le cirque a sa propre identité bien établie. Le cirque traditionnel doit être reconnu en tant que tel et défendu par des personnes qui le comprennent pleinement. Les responsables culturels doivent accepter le cirque pour ce qu’il est : un spectacle où le sensationnel et l’émotion sont transmis au public par les performances physiques des artistes.
Nous voyons aussi dans le cirque un repère dans un monde qui change trop vite. Lorsque le chapiteau se dresse, entouré des caravanes, c’est une vie en communauté bienveillante qui s’installe, parfois en plein milieu d’un champ, sur un parking de supermarché ou sur une place densément fréquentée. Mais nous savons que nous sommes protégés car nous formons une communauté soudée même si les liens sont purement professionnels et que nous nous quitterons à la suite du contrat.
Grâce à l’itinérance, le cirque va à la rencontre de son public, aussi isolé soit-il, même pour une étape d’un jour. L’arrivée du cirque en ville et le montage du chapiteau sont un spectacle en soi qui reste ancré dans la mémoire collective des communes visitées. Et lorsqu’une fois parti, ne reste sur la place qu’un rond de sciure, seul témoin des rires et des applaudissements, ce sont soudain des vocations qui naissent dans la tête de jeunes citadins ressentant des envies d’évasion.
Le cirque c’est une admission réciproque entre deux communautés : les sédentaires acceptent les nomades au sein de leur ville et les nomades accueillent les sédentaires sous leur chapiteau. Ces deux visions du monde, méfiantes l’une de l’autre depuis la nuit des temps, se côtoient et échangent le temps du séjour du cirque.
Ce sentiment de liberté apporté par la vie itinérante est si intense que la routine se trouve dans le changement constant et l’envie de partir se fait aussitôt sentir lorsque l’on s’attarde trop sur la même place. Nous ne voulons pas voir disparaître de nos villes, de nos campagnes le cirque traditionnel ambulant dont le chapiteau est le symbole d’une vie d’artiste au service du public.
Dialogue intergénérationnel :
En interne, comme mentionné précédemment, le dialogue intergénérationnel est inhérent à la culture du cirque. Il arrive que des familles d’artistes se spécialisent dans la création et la maîtrise d’un seul numéro. Ce numéro est transmis de génération en génération et devient, en quelque sorte, la marque de fabrique de cette famille. Le souvenir et le respect des Anciens sont donc omniprésents chez les circassiens. Dans le cirque, les Anciens enseignent également à la nouvelle génération le respect du métier. Il est par exemple interdit, par superstition, de s’asseoir sur le rebord de piste en présentant son dos à la piste, car montrer son dos à la piste, c’est montrer son dos au métier. Les numéros de cirque traditionnel sont apolitiques et intergénérationnels, aussi bien un enfant de 7 ans que ses grands-parents apprécient un spectacle de cirque traditionnel.
Dialogue multiculturel :
Le cirque est l’une des formes artistiques ayant le plus présenté au public la diversité culturelle. Troupes d’acrobates arabes ou africaines, numéro de mât chinois, barre russe, cavalier hongrois… Lorsque ces artistes arrivent en piste en costume traditionnel, ils présentent la spécialité artistique de leur pays et viennent également partager leur culture avec le public.
Les artistes et les employés travaillant dans les cirques sont en général de différentes nationalités, ce qui contribue à faire du cirque "une société internationale" (Ludo Knaepkens, ancien directeur de L’EFECOT, European Federation for the Education of the Children of Occupational Travellers). "Le cirque englobe différentes cultures où des personnes de tous horizons travaillent ensemble" (Carol Gandey, productrice de spectacle britannique).
Il existe peu de spectacles parvenant à réunir toutes les classes sociales et tranches d’âge. Le cirque d’Alexandre Bouglione désire maintenir l’accès à la culture du cirque aux publics les moins favorisées en proposant des places à cinq euros.
Le cirque traditionnel a inspiré toutes les cultures, mais aussi toutes les formes d’expression artistiques. Par son ambiance féérique et festive, par son caractère à la fois bohème et mondain, le cirque fut un thème de prédilection pour des peintres comme Toulouse-Lautrec, Degas, Renoir, Matisse, Picasso, Georges Seurat et Marc Chagall.
On peut penser qu’à partir du moment où autant de peintres se sont inspirés du cirque traditionnel, celui-ci doit bien contenir une valeur artistique unique. Des œuvres cinématographiques comme les clowns de Roberto Fellini ont fantasmé sur la mélancolie profonde du clown ou le film Trapèze avec Tony Curtis, Gina Lollobrigida et Burt Lancaster sur le courage et l’héroïsme des trapézistes.
De nos jours encore, le cirque traditionnel inspire par sa vie itinérante, par son statut de spectacle complet où se mélangent les rires, les peurs, l’admiration et surtout par le fait qu’il s’adresse à l’enfant qui sommeille en nous.
De nombreux artistes se sont servis de ces thèmes propres au cirque pour la conception de leurs œuvres comme par exemple la réalisation d’un album de musique. Le festival belge de musique Cirque Magique s’inspire pleinement de la représentation du cirque pour immerger les festivaliers dans un cadre féérique. Le cirque traditionnel a été la principale source d’inspiration du cirque contemporain. Il est important de garder un lien entre les deux expressions qui peuvent en apprendre davantage l’une de l’autre.
Développement durable (environnement, santé, économie inclusive, etc.) :
Certes, le cirque sous chapiteau est un spectacle ambulant et son transport, se faisant par voie routière, présente un impact environnemental que nous ne pouvons nier. Les cirques mènent une réflexion pour que ce spectacle itinérant soit en cohésion avec les ambitions environnementales du XXIème siècle. Ainsi, L’ÉcoCirque d’André-Joseph Bouglione est un cirque porte-drapeau de l’écologie. L’un des principaux objectifs de ce cirque sans animaux est de se déplacer à terme par voie ferroviaire. Au-delà d’un spectacle dont le message écologique est omniprésent, des conférences sur les enjeux environnementaux et des stands commerciaux de produits locaux sont installés dans l’enceinte du chapiteau et ses alentours. D’autres cirques prennent des initiatives originales afin de respecter la tradition tout en défendant le bien-être animalier. Le cirque Roncalli, par exemple, a banni les animaux de son programme et les a remplacés par des hologrammes 3D projetés sur un écran. Cette initiative, faisant appel à une technologie de pointe, fut très appréciée par les défenseurs des animaux. Le cirque Roncalli a également banni le plastique dans la vente de ses friandises.
D’un point de vue économique, le spectacle participe à l’économie locale du village. Les cafés aux alentours, les partenaires et fournisseurs économiques profitent de la venue d’un cirque pour stimuler leur commerce. Le cirque utilise grandement les ressources locales pour maintenir son activité.
Le contact du cirque avec les locaux ne se fait pas que sous le chapiteau, mais commence dès la parade du cirque. Les parades sont de véritables évènements lorsque les artistes traversent les villes sur des chars richement décorés, le tout accompagné par l’orchestre jouant une musique festive. La parade est un moment favorable économiquement aux commerces locaux qu’il est important de préserver et de considérer comme faisant partie intégrante de la culture du cirque.
Alexandre Bouglione accorde beaucoup d’importance à la restauration du patrimoine. Dans son atelier, il restaure souvent avec du matériel de récupération de vieilles roulottes pour leur rendre leur lustre d’antan.
Diversité et créativité humaine :
Au vu des origines diverses des artistes, le cirque est une véritable « légion étrangère » des arts scéniques. La création du trapèze volant au Cirque d’Hiver en 1859, des jeux icariens à la même époque ou encore des numéros de bascule russe sont autant de preuves que la créativité est immanente au cirque depuis ses origines.
Il y a toujours eu une créativité artistique au cirque au service de la performance physique. Ce pouvoir innovateur n’a jamais quitté le cirque, puisque aujourd’hui, des nouveaux numéros incluant des drones, des jeux de lasers ou des motos cross se sont invités sur la piste à côté des numéros plus conventionnels.
Le potentiel d’innovation de nombreux cirques parvenant à combiner tradition, modernité et innovations du cirque a également été salué par le rapport de la Commission.
Les cirques traditionnels font de plus en plus appel à des metteurs en scène issus du théâtre. En Allemagne, le cirque Roncalli a engagé un poète pour l’écriture du spectacle, le cirque Krone, qui a inclus une narration dans son spectacle, a travaillé avec des compagnies théâtrales pour leur nouvelle création. En Angleterre, le Zippos Circus est un cirque traditionnel mais dont la mise en scène des numéros a été assurée par des personnalités issues du théâtre.
Le potentiel d’innovation se retrouve également au niveau des moyens technologiques utilisés pour la conception et la réalisation des spectacles. De nombreux cirques tels que le cirque Arlette Gruss en France intègrent dans leur scénographie des équipements sonores et lumineux à la pointe de la technologie.
Les cirques belges ne sont pas en reste comme par exemple le festival de Namur qui compose des spectacles mélangeant les éléments traditionnels aux numéros les plus modernes. Le spectacle dispose aussi d’une installation lumineuse haut-de-gamme mettant en valeur les numéros, le tout accompagné par un orchestre de plusieurs musiciens.
En Belgique, il y a aussi de l’innovation au niveau des débouchés. Alain Gombert avec Cirque Chabri propose aux visiteurs une expérience complète sur le thème du cirque. Avec une exposition, des ateliers pratiques et un spectacle, les visiteurs seront à la fois spectateurs et acteurs. L’Office du tourisme de la Ville de Soignies a marqué un intérêt pour une telle démarche et des négociations sont en cours.
Né dans les quartiers chics de Londres, le cirque s’est transformé en un spectacle populaire et complet. Des générations s’y sont rendues pour découvrir des artistes évoluant sur cette piste de 13 m de diamètre. Pourquoi cette dimension précisément ? Car c’est le rayon minimal permettant au cheval de galoper et facilitant les acrobaties du voltigeur à cheval par la force centrifuge.
Le cirque traditionnel est en péril, c’est un fait. Pour autant, son esprit n’a jamais été aussi présent. Il n’a de cesse d’inspirer les autres formes d’art, que ce soit le cinéma et la chanson, comme si ce spectacle représentait la douce nostalgie de l’enfance. Combien de fois n’entendons-nous pas des adultes affirmer qu’« enfant, j’allais au cirque avec mes parents, mes grands-parents ».
Les spectacles contemporains ont insufflé un vent nouveau au monde du cirque. Mais en se théâtralisant, ils ont renoncé à la tradition et ne peuvent garantir, à eux seuls, la pérennité du patrimoine.
L’objet de ce dossier est de faire prendre conscience qu’il existe un véritable patrimoine culturel du cirque traditionnel. Il s’agit de montrer que les artistes et producteurs belges désirent montrer une image résolument moderne du cirque tout en respectant son identité et ses traditions. Une nouvelle génération de passionnées est aussi en train d’apparaître, une génération prête à relever le défi de défendre ce patrimoine. Mais pour cela, il faut que le cirque traditionnel soit identifié comme un spectacle portant en lui une véritable culture avec une identité propre et reconnue, empêchant ainsi tout amalgame.
Les acteurs du cirque traditionnel ont toujours compté sur leur propre travail pour assurer leur survie, mais aujourd’hui une véritable reconnaissance du cirque traditionnel comme art à part entière est vitale.
Cette reconnaissance peut faciliter les demandes de réservations d’emplacement, diminuerait la pression sur les interdictions d’affichage et favoriserait ainsi le retour des cirques en ville. Cette reconnaissance par la Fédération Wallonie-Bruxelles peut aider les dernières structures présentes sur notre sol à traverser cette période trouble et même encourager la création de nouvelles.