Fiche
On dénombre actuellement 14 groupes de sonneurs en FWB, 13 en Wallonie et 1 à Bruxelles. La pratique de la Trompe en Ré existe en FWB depuis plus de deux siècles. Elle est aujourd'hui un art musical d'une grande richesse technique, totalement séparée de la chasse à courre.
Toutes les informations sur L'art des sonneurs de trompe
Localisation
L’ensemble de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) avec quelques points forts comme Saint-Hubert, Namur, Liège, Dinant, Jumet, Bruxelles, Anvers, Brasschaat, Ypres, …
Communauté concernée :
La communauté des sonneurs de trompes en FWB qui compte environ 300 sonneurs, ainsi que le public fréquentant les messes de Saint-Hubert, les fêtes de Saint-Hubert de nombreux manèges, les fêtes et évènements organisés entre autres par la ville de Saint-Hubert, etc..
Société ou groupe responsable :
La Fédération des Trompes du Benelux asbl (FTB) (http://www.ftb-bjf.org/) pilote le projet avec l’appui des différents groupes de sonneurs du pays. Elle est la seule fédération ou organisation représentant les sonneurs de trompe en FWB.
Les musiciens de la trompe s'appellent des « sonneurs ». L’instrument est pratiqué en soliste ou en groupe. Il donne sa pleine mesure et est apprécié du public lorsque plusieurs exécutants assurent l'harmonisation d'une mélodie, d'où le rassemblement en groupes ou sociétés de trompe, associant de six à vingt musiciens.
Actuellement 28 groupes de sonneurs sont reconnus en Belgique dont environ 20 sont actifs (dont 13 en Wallonie et 1 à Bruxelles).
L’Art de la Trompe se développe vers une plus grande recherche musicale par la création, parfois ponctuelle, de petits ensembles travaillant avec d’autres instruments tels que l’orgue, le piano et la harpe, voire des orchestres ou des choeurs (voir Trompe de chasse et orchestre, Le Freischütz).
Si la Trompe de Chasse a connu son essor grâce à l’importance de la vènerie sous Louis XIV et Louis XV, elle est a évolué vers la pratique actuelle dès le début du vingtième siècle, sous l’influence de compositeurs-sonneurs tels que Tyndare Gruyer (1858-1921), Gustave Rochard (1866-1924), Albert Sombrun (1870-1922) et Jules Cantin (1874-1956) qui développèrent un répertoire nouveau, s’émancipant fortement de la vènerie et instituant ce qu’il convient d’appeler la « trompe musicale ». Le style que l’instrument a acquis à l’époque des chasses royales reste cependant présent et constitue une remarquable particularité qu’il convient de préserver et de maintenir. Ce style s’est inspiré du cri des chiens en apportant aux exécutions un artifice appelé « tayaut » ainsi que d’un autre artifice, le « hourvari », tous deux décrits dans le Vade-mecum du Moniteur de Trompe. Ceci explique que le répertoire contienne encore des fanfares utilisées en chasse à courre. Ces fanfares sont de remarquables et très courtes mélodies (une trentaine de secondes) qui contiennent toutes les difficultés d’exécution et sont donc le moyen idéal pour le débutant pour s’initier à cet art particulièrement difficile. En outre, vu la puissance sonore de l’instrument, sa pratique est plus commode en forêt ou, en tous cas, en des lieux ouverts, ce qui explique le lien que l’instrument a conservé avec le monde de la forêt et des grands espaces. A ce titre, il est souvent perçu comme un instrument de ce monde. Ceci dit, il n’attire pas plus facilement les habitués de ce monde que les citadins, au moins aussi nombreux à s’y adonner.
De nombreux groupes se sont constitués avec des sonneurs qui, pour la plus part, n’ont aucun lien avec la chasse ou la vènerie, ce qui n’a pas empêché ces groupes et les sonneurs en général, de conserver la tenue de vènerie comme habit pour leurs prestations. Ces tenues ne sont pas aux couleurs d’un équipage de chasse à courre ; chaque groupe choisit ses couleurs comme bon lui semble : plusieurs groupes pouvant avoir les mêmes couleurs. Par essence, la trompe de chasse n’a pas de lien avec la chasse au fusil ou à la carabine. Elle s’est affranchie de la vènerie dont les ambitions ne sont pas musicales et de manière plus évidente encore en ce qui concerne la Belgique où la chasse à courre n’est plus pratiquée.
La pratique de la Trompe se manifeste en public par des concerts, par l’accompagnement de messes de Saint Hubert, par sa présence dans de nombreux évènements populaires tels que les évènements organisés par la ville de Saint-Hubert, par des concours et par des stages d’apprentissage et de perfectionnement.
Les groupes de Trompes donnent régulièrement des concerts, ils ont des répétitions généralement hebdomadaires et certains ont constitué une école Le répertoire de la Trompe va des fanfares héritées des chasses royales et du Marquis de Dampierre à de courtes fanfares (+/- 1 minute) honorant des personnes ou des lieux-dits et à des compositions plus longues (2 à 4 minutes) et parfois beaucoup plus complexes avec des parties à 4 ou 5 voix, voire même mêlant d’autres instruments ou des chœurs.
Ce répertoire évolue constamment grâce à de nouvelles compositions. Parmi les compositeurs belges reconnus, on peut citer Victor Noury, Franz et Jean Vannerom dans les années ’50 ainsi qu’actuellement Alexis van Damme, André Pourtois et François de Radzitzky. Cette reconnaissance vient essentiellement de la FITF (Fédération Internationale des Trompes de France) qui s’est organisée pour répertorier et homologuer les fanfares (Plus de 5.000 compositions sont actuellement homologuées ou répertoriées dont environ 700 composées au cours des trois dernières années).
- Arts du spectacle
Les groupes recrutent essentiellement grâce à leurs prestations ou au bouche-à-oreille. Les candidats sonneurs et donc les sonneurs, proviennent de tous les milieux. Il n’est pas nécessaire, au début, de disposer de connaissances musicales qui s’acquerront progressivement par la pratique.
Il n’y a aucun critère d’admission sur le plan social, philosophique, financier ou autre. Seuls comptent le niveau progressivement atteint et l’esprit de camaraderie. Si les hommes sont majoritaires, on constate de plus en plus de femmes s’intéressant à la pratique de la trompe de chasse (à titre d’exemple, dans le groupe de la Société Royale des Disciples de Saint-Hubert de Namur, sur 17 membres du groupe, il y a 4 femmes et dans l’école de ce groupe, sur 36 élèves inscrits, il y a 10 femmes).
La transmission, indispensable vu qu’il y a toujours matière à progresser, se fait principalement grâce :
- à la présence de sonneurs dans des évènements tels que les fêtes de Saint-Hubert qui sont très importants pour intéresser de nouveaux éventuels adeptes ;
- aux écoles de trompe (Liège, Namur, Dinant, Jumet, Couvin, Bertrix pour ne citer que les principales en Wallonie) ;
- au travail des groupes ;
- aux concours et aux stages d’initiation et de perfectionnement à nouveau organisés ;
- aux concerts régulièrement organisés soit en plein air, soit dans des églises.
La transmission utilise évidemment toutes les techniques modernes de l’informatique et du Web, ainsi que les transmissions écrites (Vade-mecum et recueils de partitions, sonothèque et partothèque, par exemple), mais, dans la vie de tous les jours, dans le fonctionnement des groupes et des écoles, c’est la transmission orale qui prévaut, permettant de transmettre l’expérience des plus compétents vers l’ensemble des sonneurs.
Depuis 2016, la FTB organise chaque année un ou deux stages ainsi qu’un Championnat du Benelux.
L’Art du Sonneur de Trompe n’est actuellement pas en danger de disparition mais bien en phase de désaffection progressive. En effet, on constate une réduction lente mais claire du nombre d’adhérents à la Fédération du Benelux mais aussi à la fédération française et un intérêt de plus en plus faible des plus jeunes : l’âge moyen des sonneurs s’est progressivement élevé, passant d’une moyenne de 20-30 ans à une moyenne qui se situe actuellement vers les 30-40 ans.
Comme pour tout apprentissage musical, la Trompe requiert beaucoup de temps, d’efforts, d’énergie, de persévérance et de régularité. La Trompe n’étant pas reconnue par les conservatoires de musique, elle ne bénéficie d’aucune mise en valeur et doit créer et gérer seule tout son encadrement et cela sur base du bénévolat. Cette absence de reconnaissance réduit la visibilité de l’instrument.
Le temps nécessaire à l’apprentissage, les efforts nécessaires ainsi que le manque de visibilité expliquent le désintérêt progressif.
Les importants efforts pédagogiques et d’organisation de stages et de concours sont les principaux moyens mis en œuvre par la FTB pour remédier au désintérêt constaté. Le répertoire, en constante évolution, tant en ce qui concerne les nouvelles compositions que les associations avec d’autres instruments, contribue également à l’intérêt que la trompe peut susciter, sachant cependant que ce répertoire est largement hors de portée des débutants.
Afin d’améliorer sa visibilité, la FTB a créé un site web (http://www.ftb-bjf.org) et a obtenu en 2015 un stand à la Foire de Libramont, aux Journées de la Chasse à Verlaine (Oudoumont) et aux Journées Internationales de la Chasse et de la Nature à Saint-Hubert. Ces initiatives ont permis de récolter une septantaine de contacts qui sont suivis par des envois de mails et des invitations à diverses activités.
Les sonneurs de Trompe sont issus de tous les milieux sociaux, culturels, linguistiques et philosophiques ; on en trouve de tous les âges, hommes et femmes. Certains se sont intéressés à l’instrument par leur fréquentation de l’Ardenne et en particulier des manifestations organisées par la Ville de Saint-Hubert, d’autres parce qu’ils ont entendu des concerts ou des messes sonnées et ont été conquis par la sonorité très particulière de l’instrument et l’émotion qu’il procure. Nombreux sont ceux qui ne disposent d’aucune connaissance musicale et qui les acquièrent progressivement, au fur et à mesure de leurs progrès. L’Art de sonner de la Trompe ne suppose pas, comme souvent pensé, une importante capacité pulmonaire et beaucoup de force physique, même s’il en faut une certaine. L’investissement financier, hors l’achat d’un instrument, est relativement limité. Les cercles de sonneurs sont généralement organisés autour de répétitions souvent hebdomadaires ; plusieurs d’entre eux organisent des cours généralement gratuits ou aux cotisations symboliques pour les débutants et peuvent leur fournir des instruments pendant la période de découverte. Un instrument de bonne qualité peut se trouver pour un budget de 700 à 1.200€. Toutes les trompes ont la même tonalité et la même longueur (4,545m) ou devrait l’avoir car il s’agit souvent d’une fabrication artisanale ou semi-artisanale.
On ne peut parler de « détenteurs » de l’Art du Sonneur de Trompe qu’en relevant les résultats des championnats et les connaissances que certains ont acquises au cours de leur « vie de sonneur ». Ce sont eux qui détiennent et maintiennent l’Art du sonneur. Les fédérations nationales (France, Benelux, Allemagne, Suisse, Italie) organisent et structurent l’activité et la transmission du savoir et des compétences en organisant championnats et stages ou en labellisant des activités organisées par des groupes.
- Dialogue intergénérationnel : L’instrument demandant une certaine force physique, en particulier un travail de compression au moyen des muscles de la ceinture abdominale, il n’est pas conseillé de commencer un apprentissage sérieux avant l’âge de 10/12 ans. L’âge moyen des plus jeunes sonneurs ayant atteint un niveau correct est de 14/15 ans. En raison de cet effort physique nécessaire et de la réduction de la densité des tissus musculaires (en particulier au niveau des lèvres) les sonneurs voient leurs performances se réduire sensiblement à partir de la soixantaine, voire de la cinquantaine. Dans le travail de groupe, ces sonneurs plus âgés peuvent continuer de pratiquer leur passion et contribuer positivement à la qualité du groupe en choisissant des voix d’accompagnement moins exigeantes mais plus délicates où leur expérience fait merveille. Dans la plus part des groupes, on rencontre des sonneurs de plus de soixante ans, ainsi que des jeunes d’une quinzaine d’année. Outre l’intérêt de combiner l’ardeur de la jeunesse à l’expérience due à l’âge, cette situation contribue beaucoup à la convivialité. En outre, très classiquement, les sonneurs âgés qui ont atteint personnellement un bon niveau, servent de moniteurs/formateurs pour les plus jeunes. Ceci dit, en ce qui concerne les stages, les moniteurs sont de plus en plus sélectionnés pour leurs connaissances techniques et leurs qualités pédagogiques, indépendamment de leur âge ou de leurs résultats en concours. Dans les écoles et dans les stages, tant les plus jeunes que les plus âgés sont les bienvenus. Pour autant que la pédagogie soit de très bon niveau – et ce niveau est à la hausse grâce aux recherches entreprises – il est possible d’amener une personne de 50 ou 60 ans à un honorable niveau et donc de lui permettre de trouver une place dans un groupe.
- Dialogue multiculturel : La diversité d’origine géographique, culturelle, sociale et linguistique des musiciens illustre le fait que l’art musical de la trompe ne revêt aucun caractère incompatible avec les exigences des droits de l’homme ou avec le respect mutuel entre communautés et individus. La pratique musicale est inclusive au plan social : les groupes de trompe favorisent l’égalité des genres, en accueillant les femmes comme les hommes. Les liens intergénérationnels y sont très forts, tout comme la mixité sociale. Les membres des groupes de sonneurs représentent, en effet, une grande diversité socio-professionnelle : les métiers agricoles, les ouvriers et les employés du secteur tertiaire, mais aussi des milieux sociaux peu présents dans d’autres pratiques musicales traditionnelles, comme des membres de familles aristocratiques ou certains entrepreneurs. Cette très grande mixité est un des marqueurs de la pratique actuelle de la trompe : une fascination commune pour l’instrument rassemble dans un même groupe des sonneurs de toutes origines, y compris en termes d’âge et de niveau musical.
- Développement durable (environnement, santé, économie inclusive, etc.) : La sensibilité à l’environnement est renforcée par les cérémonies et les concerts en plein air, qui favorisent le lien avec la nature et la beauté des paysages. Les groupes de sonneurs alternent les répétitions en espace clos, en hiver, et en plein air (forêts, clairières, parcs…). La résonance de l’instrument, donnant sa pleine mesure lorsqu’il est sonné à l’extérieur, est appréciée par les musiciens et les spectateurs. Elle le différencie notamment de la plupart des autres instruments de musique, joués majoritairement en chambre. Couramment associée à cette pratique musicale, elle est d’ailleurs devenue un thème d’inspiration pour d’autres artistes, tels G. Rossini, J. Williams, G. Apollinaire, A. de Vigny et Ch. Trenet. Enfin, la maîtrise du souffle, liée à la pratique, développe chez chaque sonneur une attention particulière à se maintenir en bonne condition physique.
- Diversité et créativité humaine : Des pièces nouvelles sont homologuées chaque année attestant le contexte créatif de la musique pour trompe. Par ses caractéristiques, la trompe permet l’association avec d’autres instruments, lors de concerts poly-instrumentaux, et inspire des performances musicales innovantes, dans des répertoires inattendus et contemporains, tel le jazz.
Pour la FTB, cette reconnaissance a permis de :
- préserver, pérenniser, développer, valoriser le patrimoine culturel des sonneurs de trompe ;
- conforter / renforcer la promotion de l’Art du Sonneur de Trompe ;
- identifier la FTB come acteur de référence dans les différentes facettes de la musique pour trompe, et en particulier dans son rôle de gardienne des valeurs de partage d’une passion, de progrès musical, de respect des traditions, de convivialité, de valorisation du patrimoine culturel ;
- donner à la FTB plus d’atouts et plus de visibilité pour perpétuer cette tradition et promouvoir ce patrimoine culturel ;
- ouvrir ce patrimoine aux chercheurs, le faire partager davantage au grand public.
Références bibliographiques :
Boüessée Joël, « La Trompe de Chasse & Gaston de Marolles », éd. FITF, 1974
Poncet Jacques, « L'Art de la Trompe », éd. Grenier, 1982
Collectif, dir. Helary Yannick, « La trompe : tradition & avenir », éd. FITF, 2013
Trompes de France – Bulletins annuels de la FITF (1929 à 2014)
Baines, “A Brass instruments: their history and development”, éd. Faber, 1973
Autres documents : copie d’études, site internet, autres :
Vade-Mecum du Moniteur Sonneur rédigé par François de Radzitzky, président de la FTB
Contact
François de Radzitzky. Président de la Fédération des Trompes du Benelux asbl
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