Fiche
Tradition du mercredi des Cendres, le crossage à l’tonne est un jeu sportif où les participants et participantes sont dénommés « crosseurs ». Il se pratique à l’aide d’une crosse (sorte de club) et d’une cholette (petite balle), toutes deux en bois, fabriquées par des artisans locaux. Le principe du jeu consiste à mettre en compétition amicale plusieurs équipes, par groupe de deux, qui doivent atteindre, en un minimum de coups, une série de tonneaux ou fûts de bière vides, appelés « tonnes ».
Toutes les informations sur Crossage à l'tonne
7950 CHIEVRES.
Situé à 25 km de Mons et à 35 km de Tournai, l’entité de Chièvres est composée de : le centre-ville et ses hameaux de Vaudignies et d’Horimetz et les villages de Grosage, Huissignies, Ladeuze, Tongre-Notre-Dame et Tongre- Saint-Martin.
Communauté concernée (groupes ou individus)
Les Amis du Crossage
Les crosseuses et crosseurs participants
L’office du Tourisme et la ville de Chièvres
Société ou groupe responsable
ASBL les Amis du Crossage, soutenu et guidé par l’Office du tourisme de Chièvres
OT : Grand’Place, 30 – 7950 Chièvres
Le crossage à l’tonne est un jeu sportif où les participants sont dénommés « crosseurs ». Il se déroule dans les rues du centre-ville de Chièvres et dans son hameau de Vaudignies, chaque Mercredi des Cendres, ainsi que dans le village de Grosage et aussi à Quevaucamps, le samedi suivant depuis 2018. Dans le Hainaut occidental, ce sport se pratique à l’aide d’une crosse (sorte de club et d’une cholette (grosse balle), tous deux en bois de saule ou de frêne, fabriquées par des artisans locaux. Le principe du jeu consiste à mettre en compétition amicale plusieurs équipes par groupe de deux le long d’un parcours défini préalablement, soit en fonction d’un choix ou par tirage au sort.
Le but est d’atteindre, en un minimum de coups, une série de tonnes (tonneaux, fûts) disposées le long du parcours en des endroits déterminés devant un point d’arrêt (café ou buvette). La pratique du jeu reste la même qu’autrefois, avec les mêmes règles de base mais avec une certaine liberté offerte aux joueurs qui établissent leurs propres règles en interne. Lors du crossage, il n’est pas rare de voir les « anciennes » équipes accueillir de nouveaux membres. Les anciens se chargent alors d’expliquer les règles et les tactiques de jeu. Pour cela, certains moyens et petites astuces sont parfois utilisées pour expliquer les règles.
Avant de démarrer d’une de ces tonnes, les deux équipes concurrentes négocient un nombre de coups pour atteindre la prochaine tonne. La meilleure offrante va alors « choler » en direction de la cible ; après avoir cholé trois coups, l’équipe adverse a la possibilité de « décholer » (choler dans le sens opposé) une fois.
Quelques tactiques sont utilisées sur le parcours pour ralentir l’équipe adverse (ex. choler dans un fossé ou derrière une gouttière, décholer le plus loin possible pour empêcher l’autre équipe d’atteindre la tonne). La technique de la cuillère est également utilisée devant la tonne. Le coup est alors réalisé en levée pour que la cholette touche la tonne par le haut. Durant le jeu, les joueurs doivent suivre un circuit préétabli en fonction des tonnes. Le parcours n’est pas figé. Les crosseurs peuvent se diriger dans Chièvres, Vaudignies ou Grosage comme ils le souhaitent et en fonction des rues qu’ils veulent prendre. Le parcours de Chièvres est plus étendu que celui de Vaudignies et Grosage. Il n’est donc pas possible de s’arrêter à tous les points d’arrêt. Les crosseurs réalisent leur choix de tonnes en fonction de l’affinité qu’ils ont avec les associations ou selon les circonstances. Les tonnes sont placées aux cafés et chez les particuliers qui accueillent des buvettes d’associations.
En 1998-1999, dans un souci de sécurité, Jean-Marie Dubois, échevin du folklore et Stéphane Bonge, chiévrois, mettent en place la première assurance. Auparavant, rien n’avait été établi. Mais vu le nombre de joueurs et la dangerosité du jeu, ces deux personnes ont été soucieuses de la sécurité des crosseurs et des personnes présentes sur le terrain. La même année, des plans ont été réalisés. Un comité s’est également formé pour suivre le crossage de manière plus stricte. Le signe distinctif de l’assurance change chaque année : autocollants, badges, bracelets, brassards, … Les premières assurances étaient des autocollants à placer sur les crosses avec l’année de l’évènement et l’écusson de la ville. Puis sont venus les brassards, les bracelets en papier et enfin les badges et les masques.
Depuis plusieurs décennies, le crossage se pratique le mercredi des Cendres ou parfois le Lundi ou Mardi Gras dans certaines zones du Hainaut Occidental. A Chièvres et Vaudignies, le Mercredi des Cendres se prépare durant toute l’année. Quatre à cinq réunions sont organisées en vue de mettre en place les activités liées au crossage et aux soumonces. Ces réunions rassemblent les membres des Amis du crossage, de l’Office du Tourisme et de l’Administration communale ; ce sont les organisateurs actuels de la pratique séculaire du crossage.
En premier lieu, afin de faire participer la population par l’intermédiaire de la vie associative et de faire vivre la cause pour laquelle l’association s’investit, les organisateurs (Office de Tourisme et Amis du crossage) adressent un courrier officiel aux acteurs de l’Horeca et aux différents comités d’associations locales chièvroises qui souhaitent gérer une tonne sur un des parcours du crossage. Des consignes leur sont soumises (formulaire d’inscription, autorisations à solliciter, règles de sécurités strictes à observer, …). Ensuite, une réunion préparatoire est planifiée à l’Administration communale.
Un avis officiel est également envoyé aux riverains en vue de les prévenir de l’activité et de les inviter à protéger leur façade d’éventuels dommages occasionnés par des coups de cholette. En cas de dégâts dûment constatés après l’activité, des habitants pourront alors être dédommagés.
Quelques semaines avant le crossage, les futurs participants sont invités à se souscrire une assurance à l’Office du Tourisme ou dans un de ses relais (café, librairie). Durant la journée du crossage, chaque joueur devra être porteur d’un signe distinctif (badge, bracelet) prouvant qu’il est couvert par l’assurance, délivré par les organisateurs. Les crosseurs participants ont également la possibilité d’acheter du matériel (cholette et crosse) au bureau de l’Office du Tourisme.
Le crossage proprement dit
Le Mercredi des Cendres, ou le samedi qui suit, les crosseurs se réunissent avec leurs équipes respectives. Le crossage se déroule de 12 h jusqu’à 18h, lorsque l’obscurité commence à tomber. Généralement, les mêmes co-équipiers se retrouvent d’année en année. Chaque groupe se donne rendez-vous, à sa convenance, à un point déterminé du parcours (une buvette par exemple). Le crossage peut alors débuter. Depuis quelques années, les équipes se choisissent un nom de reconnaissance et d’autres viennent déguisées de manière carnavalesque.
Les représentants des Amis du crossage sont reconnaissables sur le terrain, vêtus de leur sarrau et de la casquette bleus ainsi que du foulard rouge. Dans un même groupe de joueurs, se constituent deux équipes de 4 personnes au maximum. Les équipes négocient le nombre de coup pour passer d’une tonne à l’autre et laquelle d’entre elles déchôlera. L’équipe qui commence doit atteindre la tonne en un minimum de coups. La négociation se reproduit à chaque nouveau départ vers une autre tonne. Après l’activité, les crosseurs se retrouvent pour déguster le repas traditionnel dans un établissement de leur choix.
En 2000, les Amis du crossage (alors le Comité du Crossage) initient les premières soumonces. Une semaine avant le crossage, elles ont pour objet de désigner un roi au moyen d’une série d’épreuves de dextérité. D’abord réservées aux adultes (hommes uniquement), elles sont organisées dans le hameau d’Horimetz, à Chièvres. Dans le but d’accentuer la mise en contexte réel, un parcours préétabli est ponctué de plusieurs tonnes, que les crosseurs, candidats au titre royal, doivent atteindre en un minimum de coups. Une pause permet également aux crosseurs soit de se désaltérer, soit de manger aux différentes haltes.
Depuis 2002, une épreuve destinée aux enfants est mise sur pied pour désigner un prince du crossage. Une invitation est lancée dans les différentes écoles de l’entité, libres et communales ainsi qu’à l’école du « Trèfle » (pour adolescents porteurs d’un handicap). Des groupes mixtes sont constitués et chaque joueur doit réaliser quatre épreuves-jeux à l’aide d’une crosse et d’une cholette.
Les épreuves des soumonces :
Jeu 1 : Les quilles - Frapper la cholette avec sa crosse et faire tomber le maximum de quilles.
Jeu 2 : Le « trou madame » - L’enfant est placé devant une boîte munie de 7 encoches dont les points évoluent entre 1 et 7. Il doit viser ces encoches à l’aide de sa crosse et décocher la cholette dans les encoches pour marquer un maximum de points.
Jeu 3 : La tonne - Toucher la tonne en un minimum de coups.
Jeu 4 : Le jeu de la longueur - Toucher la tonne en une certaine distance. C’est un jeu d’adresse.
Pour chaque jeu, sauf pour les jeux 3 et 4, l’enfant est placé à une distance de 5 mètres pour chaque atelier. Il dispose de trois coups d’essais pour chaque activité. L’enfant qui marquera le plus de points sera élu « Prince du crossage ».
En 2015, une élection de miss cholette est également créée. En effet, le crossage au départ était exclusivement destiné aux hommes. Le souhait était d’ouvrir ce type d’épreuve aux femmes.
Avant le crossage, l’ensemble des représentants communaux ainsi que les Amis du crossage et l’Office du Tourisme accueillent les heureux gagnants et attribuent les titres au cours d’une cérémonie officielle. Le roi, le prince et la miss reçoivent alors leurs signes distinctifs (le sarrau bleu, le foulard, la crosse et la cholette du crosseur) et leurs noms sont gravés chaque année sur l’assiette d’étain du crosseur. Un verre de l’amitié clôture la cérémonie.
2020 aurait dû être une année anniversaire comme signe de l’évolution et du maintien de la manifestation sur une génération maintenant.
Au terme des différentes activités liées au crossage, les organisateurs du crossage organisent chaque année son repas de clôture aux étangs d’Horimetz, à proximité des lieux où se déroulent les soumonces. La petite salle de l’étang réunit alors les Amis du crossage, l’Office du Tourisme, l’ensemble des différents intervenants et leur famille et les gagnants des soumonces adultes. Ce moment est l’occasion de faire le bilan de l’activité de l’année et de passer un bon moment en toute convivialité. C’est également le moyen d’assurer la cohésion du groupe. C’est d’ailleurs une belle amitié qui s’est instaurée et qui réunit plusieurs générations.
Retrouvez les composantes de la tradition (Artisanat traditionnel, Foolklore, traditions culinaire et orale dans le dossier complet téléchargeable depuis cette page.
- Pratiques sociales, fêtes
- Artisanat
Aujourd’hui, le crossage fait plus que jamais partie de nos traditions. Il regroupe environ 1500 crosseurs le Mercredi des Cendres, à Chièvres et à Vaudignies et 250 à Grosage le samedi suivant. L’Office du Tourisme, les Amis du crossage et la Ville de Chièvres se soutiennent en vue d’organiser cet évènement annuel. Les Chièvrois et le public extérieur répondent toujours présents à l’appel.
Le crossage est aussi un rassemblement amical qui croise toutes les générations confondues Il permet un lien étroit entre les Chiévrois, les nouveaux habitants, les extérieurs et les Américains. Les équipes sont mixtes et regroupent des jeunes, moins jeunes, hommes et femmes.
- L’élément est-il bien vivant ?
La pratique du crossage en tant que telle perdure depuis de nombreuses générations. Seule une liberté de jeu est permise au sein des équipes qui établissent leurs propres tactiques en interne. De plus, tous les 5 ans, de nouveaux Américains arrivent sur la base et assurent un roulement de transmission au niveau du folklore. Des anciens travailleurs de la base aérienne sont déjà revenus spécialement des Etats-Unis pour pouvoir crosser. En 2022, c’est le Commandant qui a donné le « coup » d’envoi pour les crosseurs sur la Grand’Place.
- Comment est-il transmis aujourd’hui ?
Ce patrimoine est d’abord transmis par les familles, par les amis et surtout par le bouche-à- oreille. La majorité des familles chièvroises sont touchées par l’évènement, depuis de nombreuses générations. Les plus âgés s’efforcent de transmettre ce patrimoine aux plus jeunes. Bien plus qu’un sport, c’est un moment où en famille, entre amis, il est possible de se retrouver et de passer une journée conviviale. C’est également l’occasion de revoir des personnes que l’on n’a plus vu depuis longtemps. Il s’agit d’un partage de culture, de tradition, de divertissement et surtout de liens.
De manière générale, les Chiévrois crossent avec la même équipe, qui accueille souvent de nouveaux membres puisque les amis sont invités. Ils découvrent à leur tour la tradition. De ce fait, les équipes grandissent d’année en année. Le chef d’équipe doit alors subdiviser son équipe en sous équipe qui devront s’affronter au cours du jeu. Par exemple, la famille Coppieters, d’origine chiévroise, compte plus de 40 joueurs dans son équipe, comprenant la famille et les amis chiévrois et extérieurs, toute génération confondue (de 20 à 75 ans).
Les associations locales sont également présentes au crossage. En effet, là où sont placées les tonnes, il y a une buvette où une association se fait toujours un plaisir de recevoir les joueurs de crosse. Les crosseurs peuvent y boire un verre ou y manger un petit en-cas. La somme récoltée durant la journée repart directement à l’association. En famille, à l’école ou au musée, des personnes expérimentées initient les plus jeunes à la tenue de la crosse, à la manière de porter les coups (avec le plat ou le pic du sabot de la crosse), à l’intensité à donner aux coups, …
- Quelles sont les actions entreprises pour garantir la viabilité de l’élément ?
De 1998 à 2013, le Comité du crossage asbl a été créé pour des raisons sécuritaires. Rapidement, son but s’est élargi à la gestion de l’évènement, à la sauvegarde, à la perpétuation de la tradition et au dynamisme de la commune sous l’aspect qui lui est propre. Les démarches du Comité ont visé à améliorer l’organisation de l’activité, à interpeler le Collège communal sur le fonctionnement et l’aspect sécuritaire du crossage. Vu l’augmentation du nombre de participants, ce comité a établi une série de règles (itinéraires, gabarits du matériel, charte, …) et a mis en place une assurance collective obligatoire pour couvrir les joueurs. En matière de transmission, le Comité du crossage développe des soumonces pour les adultes dès 2000 et pour le jeune public en 2002, afin de désigner le roi et le prince du crossage. Il faut attendre 2015 pour voir l’élection d’une miss cholette à l’attention d’un public féminin1. En 2013, pour assurer la pérennité du crossage, le comité est dissout. La gestion de l’évènement revient alors à l’Office du Tourisme de Chièvres et aux « Amis du crossage », association de fait, regroupant les Chièvrois désireux de sauvegarder leur patrimoine immatériel.
L'Office du Tourisme, en concertation avec les « Amis du crossage » et l’Administration communale, s'est également donné pour objectif de sensibiliser le public extérieur. Annuellement, il assure la promotion du crossage par des encarts dans la presse locale (L’Avenir, Dernière Heure, Le soir, Proximag), via son site internet (https://otchievres.wixsite.com/site-otc) et sa page facebook.
Cependant, pour des raisons de sécurité (déambulation en rue avec du matériel sportif), il ne fait pas de grande promotion de l’évènement. Le comité se charge aussi de coordonner les soumonces enfants et adultes. Il invite des personnalités extérieures, comme la confrérie de Manneken Pis (en souvenir de la remise du costume) ou des représentants de la Ville de Provins avec qui Chièvres est jumelée. Au niveau culturel, des expositions en relation avec le thème ont déjà été organisées. Des règles strictes sont imposées au niveau du matériel de jeu (gabarit des cholettes et la matière bois) par le Comité. Les cholettes trop petites, trop grandes, en plastique ou en mousse sont interdits.
Depuis 2019, le Musée de la Vie rurale de Huissignies, chapeauté par monsieur Ovide Canseliet, a mis en place des activités régulières liées au crossage pour sensibiliser les écoles au folklore et aux traditions locales lors des visites guidées. Le musée de Huissignies a pour vocation de sauvegarder l'histoire, les connaissances, le quotidien de nos aïeux au travers de pièces thématiques. Par exemple, le local dit barbechin illustre les sports d’autrefois comme le jeu de paume ou le tir à l’arc. Le crossage y est également présent. Ainsi, lors de visites scolaires, les guides du musée réalisent des sensibilisations pédagogiques, des démonstrations de crossage avec les enfants. Le souhait de tous est évidemment de pérenniser cette pratique sportive séculaire de ce patrimoine culturel immatériel vivant, comme partie intégrante de notre vécu et de notre quotidien auprès des générations futures.
Perpétuer le savoir-faire et l’artisanat
L’importance identitaire apparaît également au niveau de l’artisanat. Plusieurs artisans chièvrois ont suivi les traces des anciens dans la fabrication des crosses et des cholettes, ils perpétuent le savoir-faire et l’artisanat. Non seulement, le savoir-faire des aïeux a été conservé mais d’autres personnes développent de nouveaux objets autour du même patrimoine.
L’identité locale et produits dérivés
D’autres commerçants s’approprient le crossage par des décorations de vitrine appropriées. Un artiste chiévrois décore également les cholettes avec des monuments emblématiques de la localité et sont mises en vente pour le public. D’autres encore ont souhaité développer des produits dérivés (tour de cou, porte crayon en bois) pour les participants. Le but est d’entretenir l’identité et l’appartenance au folklore qu’est le crossage. Les produits dérivés Comme acteur de la promotion touristique de la commune, l’Office du Tourisme diffuse des produits dérivés : un drapeau spécifique au crossage pour pavoiser sa façade, des tours de cou aux couleurs de la ville de Chièvres (rouge et jaune) ou des pendentifs munis d’une mini-cholette, autant d’objets qui peuvent accentuer le sentiment d’attachement à la cité et à ses traditions. En tant qu’organisateur du crossage, l’Office du Tourisme est également un relais où les joueurs pourront se procurer crosses et cholettes. (Aspects sociologiques et humains).
La transmission aux jeunes
Chaque année, les jeunes de 5e et 6e primaires des écoles de l’entité chiévroise sont invités à participer à une initiation au jeu lors des soumonces pour enfants. La pratique du crossage est ainsi transmisse aux plus jeunes. Ils sont l’avenir de notre folklore local.
Lors des soumonces, organisée par le comité crossage, les enfants parlent souvent de l’expérience de leurs parents ou grands-parents qui ont déjà crossé. Pour la journée, les enfants se rendent à la salle polyvalente de Vaudignies. Les élèves des différentes écoles sont mélangés en fonction d’un listing préétabli et sont répartis dans les différentes épreuves selon un ordre précis.
Ces jeux permettent aux enfants de s’initier au folklore local mais également d’être sensibilisés aux règles de jeu et de sécurité. L’objectif de cette démarche est de leur donner l’envie de continuer la tradition à l’âge adulte et de participer au crossage en tant que tel. Ce jeu était autrefois pratiqué par les adultes lors des soumonces.
Ponctuellement, pour les enfants, le Musée de la Vie rurale de Huissignies et l’Office du Tourisme, organisent des visites guidées où une activité crossage y est prévue. Il s’agit de sensibiliser les enfants au folklore de notre ville et de leur faire découvrir une pratique ancienne qui perdure dans le temps que ce soit pour les écoles locales ou extérieures. Ces enfants pourront alors peut-être un jour participer eux-mêmes au véritable jeu et également faire venir d’autres personnes.
La transmission lors de l’organisation des soumonces
Le comité crossage et les bénévoles sont les gardiens de la transmission du savoir-être du crossage par l’organisation des soumonces pour les écoles et pour les adultes. Le comité est régulièrement contacté pour assurer des démonstrations à l’extérieur de Chièvres ou pour l’animation d’une fête particulière.
L’expérience des plus anciens : Régulièrement, les plus anciens du crossage parlent des anecdotes vécues lors des nombreuses années de pratique. Le grand-père transmet aux enfants et les enfants transmettent aux plus petits. D’ailleurs José Fagot fabrique également du matériel pour les plus petits. Des colliers sont également portés par les jeunes.
Le musée, un conservatoire de la mémoire : Le Musée de la Vie rurale de Huissignies a pour vocation de sauvegarder l'histoire, les connaissances et le quotidien de nos aïeux. Dans une de ses salles, le barbechin, il présente les sports d’autrefois ; avec le jeu de paume et le tir à l’arc, le crossage y occupe une part importante. Les guides proposent quelques initiations au crossage afin de sensibiliser les plus jeunes aux traditions folkloriques de notre commune.
Le Tout-public : L’Office du Tourisme, durant sa saison touristique 2020, a mis en place une chasse aux cholettes sous forme de jeu de piste. Au cours de ce circuit, les enfants et leur famille doivent retrouver des demi-cholettes placées dans des endroits stratégiques de la Ville. Ils devront découvrir un mot code pour « libérer la ville d’une malédiction ». Les demi-cholettes sont décorées par les enfants de l’ « Accueil temps libre », lors d’ateliers et marquées des lettres qui permettront de reconstituer le mot code du jeu.
Les menaces
1. La sécurité : Actuellement, les craintes des Chièvrois se portent sur l’aspect sécuritaire, l’augmentation du public et un a priori de sport teinté de beuverie.
Lors de la pratique du crossage, à chaque coin de rue, retentit, avec force de voix, le cri : « Attention cholette ! ». La cholette propulsée d’un coup de crosse peut « buker » autre chose qu’une tonne. L’impulsion donnée par les Amis du crossage à partir de 1998 est née en réaction aux risques physiques liés à ce sport traditionnel : atteinte aux façades, accident corporel sur un crosseur ou un accompagnant ou spectateur, … Des mesures ont progressivement été mises en place pour y remédier : souscription d’une assurance collective, délimitation de parcours, élaboration d’une charte (de bonnes pratiques) du crosseur, … Cependant le risque zéro n’existe pas et un accident, même léger, peut toujours avoir de graves conséquences.
L’Office du Tourisme communique sur la manifestation mais de manière modérée et réfléchie. Préalablement, il invite aussi les riverains à prendre des mesures pour protéger leurs façades. Le stationnement automobile et la circulation routière (excepté les transports en commun et les services de sécurité) sont interdits dans les rues le jour de la manifestation. L’Office du Tourisme rédige également un courrier officiel aux riverains pour anticiper l’événement. Ce courrier est validé par le Collège communal en concertation avec les Amis du crossage. Le coût n’est pas un frein à la pratique. Modique, il se limite à une participation à l’assurance. Le matériel nécessaire à la pratique (crosse, cholettes) se conserve d’année en année (sauf perte ou bri).
2. Accès tout public : Si au départ, la pratique du crossage se limitait principalement aux Chièvrois. Aujourd’hui, le nombre de participants augmente insensiblement, au risque d’engorger les rues. Les anciens continuent à jouer, les jeunes générations alignent de nouveaux groupes, des joueurs extérieurs s’inscrivent davantage et le public néophyte est attiré par un événement hors du commun. Les Amis du crossage et la Ville de Chièvres sensibilisent régulièrement leurs concitoyens et les passants à la pratique du sport.
Le parcours du centre de Chièvres a ainsi été allongé. Bien que les organisateurs ne souhaitent plus l’agrandir, l’éventualité devra sans doute être à nouveau envisagée dans l’avenir.
3. L’apriori bibitif : Les conditions climatiques n’arrêtent pas le crosseur. Il faut une bonne condition physique pour la pratique sportive en extérieur durant plusieurs heures. À chaque tonne, une association propose une forme de ravitaillement (boissons ou petite restauration).
La consommation d’alcool est également un risque. Le passage aux différentes buvettes peuvent provoquer des états d’ébriété sévères, de mauvaises frappes de cholette, causer des blessures corporelles, des risques de dégradations de matériel sur le terrain (vitres, gouttières cassées, …). Un arrêté de police officiel est donc rédigé, en concertation avec l’Administration communale et la police, afin de déterminer la procédure adéquate pour assurer la sécurité et la protection des crosseurs, des habitants et des passants. Ainsi que pour les éléments plus matériels. Les mineurs ne peuvent pas boire d’alcool. Durant le parcours, il y a bien sûr des boissons alcoolisées mais également des softs et de la nourriture. La police est disponible sur place pour encadrer l’activité. Des balais constants de véhicules traversent la ville de part en part. S’il y a le moindre problème, ils interviennent. Les membres du comité crossage et de l’office du tourisme assurent le suivi téléphonique pour la sécurité et les problèmes de terrain.
Le crossage se transmet de générations en générations par les familles. Les plus anciens communiquent aux jeunes les règles dans le respect de la tradition.
Pour la pratique du jeu, il n’y a pas de limite au niveau de l’âge. Il existe des crosseurs de 80 ans. Le crossage pour les plus jeunes débute à partir de 14 ans sous la surveillance des adultes. Les équipes sont mixtes et regroupent des jeunes, moins jeunes, hommes et femmes.
Les vrais « cayaux » pratiquent le crossage avec fair-play, pour le plaisir du jeu ou de la compétition sportive. Il s’agit avant tout d’un sport familial, amical qui rassemble des familles et des amis. Aujourd’hui, les Amis du crossage et l’Office du Tourisme enseignent les règles par l’intermédiaire des soumonces et également lors du jeu, dans le feu de l’action. Le Musée de la Vie rurale de Huissignies initie les plus jeunes lors de visites guidées.
Les Chiévrois ont l’occasion de côtoyer des Américains travaillant sur la base aérienne voisine. Ils ont réussi à leur faire prendre goût au crossage. Depuis plusieurs années, près de 200 Américains participent à l’activité. Un lien étroit est établi entre les habitants de Chièvres, les extérieurs et les Américains. Les Américains qui ne souhaitent pas crosser tiennent parfois une buvette.
Dans le cadre du jumelage avec la ville de Provins, les Provinois ont l’occasion de se tâter au crossage. Les crosseurs de la Belgique entière (Liège, Namur, Tournai, Renaix, Bruxelles, …) rallient Chièvres de plus en plus nombreux chaque année.
Lors des soumonces, des jeunes moins valides de l’école du Trèfle ont aussi la possibilité de s’initier au crossage et de participer à l’activité comme tout le monde. Le Centre « La Pommeraie » de Quevaucamps (centre d’accueil pour personnes adultes handicapées) est un des principaux fournisseurs en matériel (crosse, cholette, pendentif) de l’Office du Tourisme
- Dialogue intergénérationnel :
Le crossage se transmet de générations en générations par les familles. Les plus anciens communiquent aux jeunes les règles dans le respect de la tradition. Les vrais « cayaux » pratiquent le crossage avec fair-play, pour le plaisir du jeu ou de la compétition sportive. Il s’agit avant tout d’un sport familial, amical qui rassemble des familles et des amis. Aujourd’hui, les Amis du crossage et l’Office du Tourisme enseignent les règles par l’intermédiaire des soumonces et également lors du jeu, dans le feu de l’action. Le Musée de la Vie rurale de Huissignies initie les plus jeunes lors de visites guidées.
- Dialogue multiculturel :
Les Chiévrois ont l’occasion de côtoyer des Américains travaillant sur la base aérienne voisine. Ils ont réussi à leur faire prendre goût au crossage. Depuis plusieurs années, près de 200 Américains participent à l’activité. Dans le cadre du jumelage avec la ville de Provins, les Provinois ont l’occasion de se tâter au crossage. Les crosseurs de la Belgique entière (Liège, Namur, Tournai, Renaix, Bruxelles, …) rallient Chièvres de plus en plus nombreux chaque année. Lors des soumonces, des jeunes moins valides de l’école du Trèfle ont aussi la possibilité de s’initier au crossage et de participer à l’activité comme tout le monde. Le Centre « La Pommeraie » de Quevaucamps est un des principaux fournisseurs en matériel (crosse, cholette, pendentif) de l’Office du Tourisme. Les soumonces permettent également la mixité scolaire, entre élèves de tous réseaux confondus, valides ou moins valides, et favorisent l’interaction entre eux dans le respect de la tradition. Le crossage est aussi un lieu de mixité sociale où l’ouvrier côtoie l’entrepreneur, l’employé le patron, le chômeur le médecin ou l’intellectuel.
Petit à petit, les femmes se sont insérées au sein de groupes dans un sport initialement masculin. En 2015, les Amis du crossage ont ouvert les soumonces à la gente féminine pour l’élection d’une « Miss cholette ». Le crossage fait preuve d’une ouverture sociale et diversifiée. Pour les jeunes, moins jeunes, porteurs d’un handicap, Belges, Français, Américains, ou de toute autre nationalité, le crossage est un sport démocratique qui rassemble toutes les diversités socio-culturelles. C’est une véritable richesse pour la ville de Chièvres.
- Développement durable (environnement, santé, économie inclusive)
Dans Les soumonces permettent également la mixité scolaire, entre élèves de tous réseaux confondus, valides ou moins valides, et favorisent l’interaction entre eux dans le respect de la tradition.
Le crossage est aussi un lieu de mixité sociale où l’ouvrier côtoie l’entrepreneur, l’employé le patron, le chômeur le médecin ou l’intellectuel. Petit à petit, les femmes se sont insérées au sein de groupes dans un sport initialement masculin. En 2015, les Amis du crossage ont ouvert les soumonces à la gente féminine pour l’élection d’une « Miss cholette ». Le crossage fait preuve d’une ouverture sociale et diversifiée.
Pour les jeunes, moins jeunes, porteurs d’un handicap, Belges, Français, Américains, ou de toute autre nationalité, le crossage est un sport démocratique qui rassemble toutes les diversités socio-culturelles. C’est une véritable richesse pour la ville de Chièvres.
Le crossage chièvrois utilise un matériau noble, facilement recyclable : le bois. Celui-ci est mis à façon par des artisans locaux. Les tonnes sont des objets cylindriques de récupération (tonneau, bonbonne à gaz, fût métallique, …). Les points d’arrêt sur le parcours sont soit un café où il n’est servi qu’à l’intérieur, soit une buvette improvisée tenue par une association locale. Chacun s’emploie à générer le moins possible de déchets. L’année 2020 a été un test pour l’utilisation de gobelets réutilisables fournis par l’intercommunale Ipalle ; certains groupes ont commencé à en employer en 2019.
Le crossage est synonyme de créativité. Les joueurs peuvent faire preuve d’imagination. En effet, une fois sa crosse achetée, le crosseur peut l’adapter à la prise en main ou la décorer pour se démarquer sur le terrain. Les joueurs ont également la possibilité de se déguiser ou d’arborer un signe distinctif pour personnaliser leur équipe. La période est en plein dans le carnaval.
Une mesure de prévention est l’utilisation des gobelets réutilisables en plastique. Pour le respect de l’environnement mais également pour éviter les accidents comprenant les bouteilles ou les récipients en verre.
Le crossage permet aussi de faire vivre les locaux. Le 100% de joueurs mangent sur place et consomment dans les cafés et restaurants. Les repas se prennent dans les buvettes, et font vivre les associations. Des bières locales sont également développées pour l’occasion, notamment la cholette qui était un brassin unique. En 2022-2023, une nouvelle bière va faire son apparition, la « Chaulon », initiative d’un particulier.
- Diversité et créativité humaine :
Le crossage est synonyme de créativité. Les joueurs peuvent faire preuve d’imagination. En effet, une fois sa crosse achetée, le crosseur peut l’adapter à la prise en main ou la décorer pour se démarquer sur le terrain. Les joueurs ont également la possibilité de se déguiser ou d’arborer un signe distinctif pour personnaliser leur équipe. La période est en plein dans le carnaval. Les associations peuvent également décorer leurs tonnes.
Durant le crossage et toute l’année, il est possible d’acheter de petits gadgets ou autres produits dérivés : souvenirs en bois, tour de cou aux couleurs de la ville de Chièvres (garni d’une petite crosse, d’une petite cholette ou d’un petit tonneau), des porte-clés, le drapeau du crossage, …
Des commerçants conçoivent des produits alimentaires (bière la Cholette par exemple). Des artistes locaux, comme Patrice Dasnoy, réinterprètent le crossage (peinture, sculpture, BD).
La candidature pour l'inscription du crossage à l’tonne à Chièvres sur la Liste représentative du patrimoine oral immatériel de la Communauté française a été initiée et élaborée par un groupe composé des membres de l’Office du Tourisme de Chièvres, de l’association de fait les « Amis du crossage » et de l’Administration communale de Chièvres.
Leur souhait était de faire reconnaître ce patrimoine immatériel en vue de pérenniser son histoire au coeur de nos traditions. Cette activité multiséculaire fait référence à un sport d’équipes intergénérationnel remontant au Moyen-âge. Il reste encore méconnu pour certains. Leur souhait est de valoriser ce patrimoine, de le transmettre de générations en générations et de le faire connaître au niveau régional et national. Ils comptent préserver leur particularisme local face à une certaine forme d’uniformisation globale qui gomme les particularités régionales.
Bibliographie non exhaustive
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VAN HAUDENARDE, Maurice, Plaisirs, ducasses et jeux athois, dans La Vie wallonne, n° 7, 15 mars 1929, p. 215.
Retrouvez de nombreuses photos, témoignages et liens vers des reportages audio-visuels dans le dossier complet téléchargeable depuis cette page.
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