Fiche
La Belgique a, depuis des siècles, entretenu des rapports étroits avec la tapisserie. Qu’elle soit de haute ou de basse lice, une communauté passionnée n’a de cesse de valoriser et de défendre ce savoir-faire d’exception. Tournai, ville licière ayant connu son âge d’or au 15e siècle, continue de maintenir son héritage textile vivant notamment via le travail de ses hauts liciers.
Toutes les informations sur Le savoir-faire du métier de licier en haute-lice à Tournai
Bien que la pratique du métier de licier en haute lice date de la fin du Moyen-Age, on peut affirmer qu’aujourd’hui et à l’initiative de la Province de Hainaut en 1982, la seule manufacture en Fédération Wallonie Bruxelles à produire des tapisseries sur métier de haute lice selon les demandes de divers commanditaires se trouve à Tournai, aux Ateliers Tournaisiens de Tapisserie du CRECIT.
La pratique de ce métier s’acquiert également dans toutes les écoles (Tournai, Bruxelles, Charleroi, Arlon…).
- ESA Académie royale des Beaux-Arts de la Ville de Bruxelles – Cursus Tapisserie / Arts Textiles
- Académie des Arts de Woluwe-Saint-Pierre - Création Textile
- Académie des Arts et Métiers Constantin Meunier – Création Textile
- Académie des Beaux-Arts Alphonse Darville de Charleroi
- Académie royale des Beaux-Arts de Liège
- Académie des Beaux-Arts de la ville d’Arlon
En Belgique : Le tissage se pratique également dans la partie néerlandophone du pays : Malines, Audenarde … , mais surtout sur métier de basse lice (métiers horizontaux).
A l’étranger : La pratique du tissage à l’étranger se fait soit par tradition ou dans le cadre d’échanges culturels. Ce tissage se fait sur métier de haute lice (métiers verticaux), mais également en basse lice. Ci-dessous une liste non exhaustive d’ateliers où la pratique du tissage manuel est encore d’actualité :
- Manufacture des Gobelins (France)
- Atelier de Paris (France)
- Atelier « Tapisserie de Haute Lisse » à Massay (France)
- Atelier Enila Tityad (France)
- Manufacture de Beauvais (France)
- Manufacture Royale Saint-Jean à Aubusson (France)
- Manufacture Pinton à Felletin (France)
- Manufacture Robert Four à Aubusson (France)
- Atelier de tapisserie Arazzeria Scassa (Italie)
- Manufacture Ramses Wissa Wassef Art Center à Gizeh (Egypte)
- Manufacture Sénégalaise des Arts Décoratif (MSAD) à Thies (Sénégal)
- …
Liste non exhaustive de lieux où l’on pratique le métier de licier en haute-lice :
- Les Ateliers Tournaisiens de Tapisserie du C.R.E.C.I.T (Centre de Recherches, d’Essais et de Contrôles pour l’Industrie Textile)
- ESA Académie des Beaux-Arts de la Ville de Tournai – Cursus Design Textile
- Ecole des Arts de la Ville de Tournai ESAHR – Création Textile / Tapisserie
Par ailleurs, un certain nombre de liciers indépendants et de liciers-créateurs utilisent toujours cette technique. Les liciers-créateurs dessinent le projet, réalisent le carton et effectuent le tissage de la tapisserie.
Groupes ou sociétés reponsables de la reconnaissance :
Ont contribué à la rédaction de ce dossier :
- Benoît STEPHENNE, directeur du CRECIT et coordinateur de ce dossier.
- Jacqueline GUISSET, docteur en Histoire de l’art, spécialiste de Edmond Dubrunfaut et Roger
Somville, ancienne présidente du Domaine de la Lice.
- Béatrice PENNANT, historienne de l’art et coordinatrice scientifique au TAMAT
- Aurélie CHAMPION, directrice de TAMAT
- Kenny SCHELLEMANS, chef d’atelier au CRECIT
- Florette DUVINAGE, professeur à l’ESA Académie des Beaux-Arts de la Ville de Tournai
- Cathy PHILIPPE, licière au CRECIT et professeur à l’École des Arts de la Ville de Tournai ESAHR
Lors du tissage, les fils de chaîne sont totalement recouverts par des fils de trame enroulés sur des fuseaux en bois.
1. La rencontre entre artiste et licier/licière
Tout commence par un dialogue entre l’artiste et la licière/le licier. Ce dialogue est déterminant pour comprendre l’intention que l’artiste souhaite transmettre à travers son oeuvre. Le travail de la licière/le licier consiste à analyser le projet de l’artiste avec intelligence tout en faisant preuve d’un esprit d’initiative dans les propositions de tissage afin de traduire cette intention par le biais d’une écriture textile.
- L’échantillonnage A partir de la maquette de l’artiste, la licière/le licier réalise un échantillon de tissage en effectuant différents tests d’interprétations, de couleurs et éventuellement de matières (la laine et la soie étant toujours largement employées). Les difficultés techniques déterminent la réduction de chaîne c’est-àdire le nombre de fils dans un centimètre. Plus il y a de fils de chaîne, plus le grain du tissage sera fin et l’interprétation pourra être détaillée.
- Le choix des couleurs La licière/ le licier établit ensuite la gamme de couleurs. Cette étape est menée en collaboration avec le teinturier. Les compétences techniques de ce dernier sont essentielles pour obtenir les nuances choisies. Lors de la réalisation de l’échantillon, la licière/le licier prend en compte l’incidence des couleurs entre elles et ajuste ses choix si cela est nécessaire. La gamme de couleurs est présentée à l’artiste sous la forme d’un chapelet. L’artiste validera cette gamme avant le début du tissage.
2. La phase préparatoire
- Le carton :
Depuis le Moyen-Age, un peintre réalisait un projet ou maquette en petites dimensions pour obtenir la commande de tapisseries. Pour tisser, les licières/les liciers ont besoin d’un carton à grandeur d’exécution. On appelle carton, un dessin coloré ou non sur papier plus ou moins épais ou tissu qui transpose la maquette. Ces cartons étaient réalisés par des peintres dont c’était le métier et que l’on appelait cartonniers. Au 20e siècle, on désigne par l’appellation peintre-cartonnier, l’artiste peintre qui occasionnellement désire que l’on tisse une tapisserie d’après un projet qu’il réalise à cet effet. Le liciercréateur désigne celui qui conçoit et tisse lui-même ses cartons. Le carton est placé derrière les fils de chaîne et le licier s’y réfère tout au long du tissage.
Le nombre de couleurs employées au Moyen-Age était limité à cause des pigments utilisés. Au cours des siècles, ce nombre augmentera pour atteindre, au 19e siècle, plusieurs milliers de nuances, et peu à peu les tapisseries se firent les copies fidèles de peintures de chevalet et perdirent ainsi leur langage spécifique.
Un renouveau d’intérêt et de la spécificité créatrice de la tapisserie apparaît au 20e siècle en France grâce à Lurçat, et en Belgique à Dubrunfaut, Someville et Deltour, le groupe Forces Murales. Tous deux réduisirent le nombre de couleurs pour retourner à l’expressivité médiévale. Des cartons peints, ils passèrent à des cartons sur papier calque chiffré, chaque indication chiffrée correspondant à une couleur de la gamme choisie. Les liciers ne devenaient que des exécutants.
Aujourd’hui, la plupart des cartons sont issus de l’impression de fichiers numériques. Une plus grande complémentarité des relations entre l’artiste concepteur de la tapisserie et les liciers permet de magnifier le projet numérisé grâce à leur liberté d’interprétation artistique.
- L’ourdissage :
Cette étape, permettant de préparer la chaîne, tire son nom de l’instrument en bois sur lequel elle s’effectue. L’ourdissage consiste à faire des allers-retours entre un point A et un point B avec le fil de chaîne en coton. La distance entre ces deux points est déterminée par la longueur de la tapisserie (les tapisseries étant rarement tissées dans le sens d’accrochage) ainsi que par la hauteur du métier (distance entre les deux ensouples) et le diamètre des ensouples. A chaque passage, la licière/le licier croise les fils afin de les maintenir à la bonne place.
La licière/le licier prépare la chaîne sous forme de piennes, petites nappes de fils de 10 cm de large, qu’elle positionne ensuite sur le verdillon de l’ensouple supérieure du métier. Ces piennes, placées en groupe, constituent le nombre total de fils de chaîne. Leur quantité est déterminée par les dimensions du carton dans son sens d’exécution.
- Le montage du métier
Afin de répartir chaque groupe de fils dans le bon ordre, la nappe de chaîne est placée dans le vautoir. Une fois protégée par des feuilles de papier kraft, elle peut être enroulée sur l’ensouple supérieure. Les fils de chaîne sont tendus verticalement au moyen de noeuds de tension sur le verdillon de l’ensouple inférieure. La première série de noeuds terminée, la licière/le licier place le bâton de croisure qui sépare les fils pairs des fils impairs. Une deuxième puis une troisième série de noeuds doivent encore être effectuées afin de tendre uniformément la chaîne. La licière/le licier entame alors un travail long, mais essentiel : le placement de chaque fil de chaîne à égale distance du suivant. Pour ce faire, elle utilise la pointe de son fuseau.
La licière/le licier effectue ensuite les lices. Ces boucles en coton sont réalisées sur des baguettes en métal appelées « barres de lices ». Elles englobent chaque fil de chaîne de la nappe avant. Chaque barre de lices est reliée à une pédale. Une fois celle-ci actionnée, les fils de la nappe avant sont tirés vers l’arrière ce qui permet une ouverture aisée de la foule (espace entre les fils pairs et impairs).
Après avoir préparé les broches/fuseaux avec les fils de couleur préalablement sélectionnés, le tissage peut commencer.
3. Le tissage
Le tissage d’une oeuvre, qu’il s’agisse d’une peinture, d’une photographie, ou d’un tirage numérique, n’est pas une reproduction servile, ni une simple traduction ou interprétation du projet. La licière/le licier s’emploie à magnifier l’oeuvre par les matériaux, les mélanges de tons et les techniques propres à la tapisserie. Tout en respectant, en toute liberté, « ses codes et ses contraintes techniques » d’après une formule de Lauren Keller, volontaire au service civique Patrimoine culturel immatériel à la Cité internationale de la tapisserie à Aubusson.
Le travail commence par le tissage d’une lisière. Celle-ci est en quelque sorte un prolongement de l’oeuvre sur quelques centimètres.
Concernant la signature de l’artiste et la marque de l’atelier, il y a deux possibilités. Certains artistes souhaitent que la marque de l’atelier et leur signature soient placées dans la lisière (ce qui se fait de plus en plus actuellement) et donc se retrouvent sur l’arrière de la tapisserie et ne sont pas visibles lors de l’exposition de l’oeuvre. D’autres préfères que la signature et la marque se trouvent sur la face avant de la tapisserie et soient donc bien visibles. Pour l’atelier du CRECIT, la marque est une tour blanche dans un cercle rouge.
La licière/le licier peut enfin commencer son travail d’interprétation et de traduction textile de l’oeuvre de l’artiste. Pour cela, elle peut employer un ensemble de gestes et de techniques dont vous trouverez une explication détaillée et illustrée dans le dossier complet ci-contre.
4. La Tombée de métier et les finitions
La tombée de métier est un moment unique et rempli d’émotion. L’artiste se joint à la licière/au licier pour couper les fils de chaîne au-dessus et en-dessous de la pièce tissée. C’est la première fois que l’on découvre l’oeuvre dans son entièreté.
Après ce moment magique s’en suivent les finitions, travail à l’aiguille de longue haleine. Les rentraitures, effectuées sur l’envers de la tapisserie, permettent de refermer les relais (boutonnières créées entre deux couleurs tissées indépendamment l’une de l’autre). Elles sont cousues par un point de feston à l’aide d’un fil en polyester en veillant à piquer ce fil entre deux trames de façon à ce que le travail ne se voie pas sur l’endroit de la tapisserie.
Après avoir replié vers l’arrière de la tapisserie la lisière supérieure, les fils de chaîne sont cachés et maintenus par un ruban gros grain fixé par un point de couture. Une bande de velcro doux est alors fixée par-dessus le ruban gros grain. Elle permet à la tapisserie d’être suspendue. La lisière inférieure subira la même opération de couture afin que l’on aperçoive les signatures de l’artiste et de l’atelier. Finalement, un bolduc (tissu rectangulaire en coton comprenant le nom de l’oeuvre, le nom de la licière/du licier, les dimensions de la tapisserie, la date de la tombée de métier, le nom de l’atelier ainsi que la signature manuscrite de l’artiste) sera cousu à l’arrière de la tapisserie dans le coin inférieur droit. Ce Bolduc est la carte d’identité de la tapisserie.
- Artisanat
L’apprentissage du tissage de haute lice demande un certain temps et exige de l’attention aux détails, de la rigueur et de la technique. C’est un savoir-faire qui se transmet de personnes à personnes.
- CRECIT (Centre de Recherches, d’Essais et de Contrôles pour l’Industrie Textile) (accueil de stagiaires et apprentissages de la technique)
- TAMAT (Musée de la Tapisserie et des Arts Textiles de la Fédération Wallonie-Bruxelles) (Accueil de boursiers)
- ESA Académie des Beaux-Arts de la Ville de Tournai,
- Ecole des Arts de la Ville de Tournai ESAHR
- Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, cours du jour
- Différentes Académies en cours du soir
TAMAT, Musée de la Tapisserie et des Arts Textiles de la Fédération Wallonie-Bruxelles, seule structure muséale dédiée à la tapisserie de lice en Fédération Wallonie-Bruxelles, développe depuis ses origines - parallèlement à sa mission de conservation, d’étude et de valorisation - une action de sensibilisation et transmission auprès du grand public, des professionnels, des scolaires, …
TAMAT est né de l’idée et de la volonté de créer à Tournai, une “maison” consacrée à l’art de la tapisserie, orientée vers le passé, le présent et l’avenir. Dès l'origine, la promotion, la diffusion et la transmission des arts de la lice sont au coeur de ce projet. Aujourd’hui, musée reconnu en catégorie B par la Fédération Wallonie-Bruxelles, fidèle à son histoire et à ses missions fondamentales, TAMAT poursuit ce projet.
La transmission se développe à travers différents types d’actions :
- une programmation dynamique d’expositions temporaires ayant pour sujet notamment la tapisserie, ainsi qu’un renouvellement de l’exposition permanente des collections (tous les ans). Pour chaque exposition, des outils d’aide à la visite sont mis en place pour les visiteurs (cartels, guides du visiteur en FR/NL/GB), des activités sont programmées (visites guidées, parcours enfants, initiations), des ressources documentaires associées et issues du centre de documentation sont mises à disposition du public en accès libre, …
- l’accueil en résidence de recherche et d’expérimentation. Chaque année, TAMAT accueille pendant un an, quatre artistes pour le développement d’un projet artistique en lien avec les arts de la lice et/ou les arts textiles. Les résidents/boursiers ont accès aux ressources disponibles à TAMAT (collections, centre de documentation spécialisé, ateliers de restauration, ...). Ils peuvent pratiquer dans un espace atelier équipé de métiers à tisser et autres outils. Ils sont initiés au tissage ou à certaines pratiques associées avec des intervenant.e.s partenaires (licier.e, designer textile, etc). Ils sont accompagnés par des visites, rencontres, dans leur découverte et connaissance de la pratique des arts de la lice en lien avec les acteurs tournaisiens (CRECIT, Ecole des arts, Académie des Beaux-Arts, Trésor de la Cathédrale, ...). Avec plus de 300 artistes accueillis depuis la création de la résidence, celle-ci a permis à certains artistes de découvrir la tapisserie, à d’autres de s’y initier, voire de compléter leur connaissance et maîtrise de la pratique.
- le programme d’activités pédagogiques. TAMAT est reconnu depuis 2022 comme l’un des opérateurs thématiques, dans le cadre du PECA (Parcours d’Education Culturelle et Artistique), par la FWB. Dans ce cadre, il développe à destination des publics scolaires - des classes d’accueil à la 6e secondaire - une offre de visites et d’ateliers autour de la tapisserie notamment. En 2023 et 2024, sont ainsi proposées des initiations au tissage, des initiations aux différentes étapes de transformation et préparation de la laine, par des intervenant.e.s formé.es aux arts de la lice. -le programme d’activités tous publics. Pour les publics individuels ou en groupe, différents formats d’initiations sont proposés pour découvrir et apprendre l’art de la tapisserie. En 2023 et 2024, par exemple, des initiations et des stages adultes à l’année autour de la tapisserie, avec une licière de haute lice. Un espace enfant, en accès libre, met à disposition des métiers à tisser, sous différents formats, pour expérimenter le tissage au plus près des collections.
Le CRECIT, via ses Ateliers Tournaisiens de Tapisserie (dernier atelier de production de tapisseries de haute lice en Belgique) relève le défi de pérenniser et transmettre le savoir-faire des liciers d’antan. Dès 1923, la Province de Hainaut avait déjà compris l’importance d’enrichir son offre d’enseignement en proposant d’installer à Tournai, l’une des trois « Ecoles Provinciales de Textile et de Bonneterie » (les autres se situant à Leuze et Quevaucamps). Équipée d’un matériel de tissage et de filature adéquat pour accueillir nombre de jeunes étudiants en cours professionnel de jour, sa renommée devient vite mondiale.
Toujours dans un souci de soutenir le secteur textile, c’est en 1954 que la Province de Hainaut décide de créer le CRECIT (Centre de Recherches, d’Essais et de Contrôle pour l’Industrie Textile). En 1982, les autorités provinciales décident de créer un atelier de tissage, qui sera rejoint quelques années plus tard par un atelier de conservation/restauration de textiles anciens.
Aujourd’hui, le CRECIT a abandonné les essais, analyses et contrôles pour l’industrie textile et est totalement orienté sur l’aspect culturel du textile grâce à son atelier de production, dernier en Belgique à exercer ce métier d’art, et résolument orienté vers l’art contemporain. Régulièrement contacté par des galeries prestigieuses, il a séduit les plus grands artistes. Il conjugue à la fois le respect, la connaissance d’une technique traditionnelle et une ouverture à la modernité.
D’autre part, les ateliers de restauration/conservation et de nettoyage sont eux orientés sur le maintien du patrimoine textile. Ils concernent non seulement la tapisserie murale, mais également les textiles anciens (tapis d’Orient, vêtements liturgiques, bannières, drapeaux, broderies …). Nos spécialistes effectuent les opérations de conservation dans le respect de l’authenticité des oeuvres.
Ces ateliers peuvent compter sur le département teinture. En effet, ce dernier peut teindre toutes nuances sur laines, soies et lin destinés à l’art textile. Pour ce faire, ce département est équipé de tous les appareils scientifiques nécessaires à la réalisation de ses missions de production et de contrôles. Ces différents produits sont d’ailleurs expédiés partout dans le monde.
Le CRECIT accueille depuis de nombreuses années, au sein de ses Ateliers Tournaisiens de Tapisserie, des étudiants-stagiaires. Selon leurs profils et la durée de leur stage, l’accompagnement proposé peut différer.
Pour les débutants, l’initiation à la tapisserie de haute lice est un passage obligé. La réalisation d’une chaîne didactique, exécutée sur l’endroit et regroupant une série d’exercices complets, permet au stagiaire de se familiariser avec les gestes propres à la technique.
Pour les stagiaires plus aguerris, il est possible de se perfectionner via la réalisation d’un petit projet personnel tout en bénéficiant des conseils avisés des licières.
Ces deux organismes (CRECIT et TAMAT) sont les témoins et font de notre ville un terrain propice au développement des arts textiles. Les deux établissements accueillent en leur sein des stagiaires et ont pour missions la valorisation et la pérennisation de la tapisserie de lice.
Au-delà de ces deux structures, deux établissements scolaires participent activement à la transmission de cette pratique : l’École des Arts de la Ville de Tournai (ESAHR) avec sa section Création Textile / Tapisserie ainsi que l’ESA Académie des Beaux-Arts de la Ville de Tournai dont l’option Design Textile inaugurera en septembre 2024 un Master à finalité spécialisé « Tapisserie-Arts textiles ».
Le détail des enseignements qui y sont prodigués se trouvent dans le dossier complet ci-contre.
Transmission et éducation :
Comme développé, les différents acteurs que sont TAMAT, le CRECIT, l’Académie des Beaux-arts de Tournai, l’Ecole des arts, chacun selon leurs moyens et missions proposent des actions pour la transmission de la pratique auprès de futurs professionnels, de partenaires et du grand public. Ils oeuvrent à la sensibilisation et à l’éducation des publics par la diffusion de la pratique ancienne et contemporaine (expositions, publications, activités/évènements), par la formation et l’initiation (formations diplômantes, stages, initiations, résidence, ...).
Identification, documentation et recherche :
TAMAT est un lieu de conservation, mais également un centre de recherches et d’étude autour de la tapisserie de haute lice, ancienne, moderne et contemporaine. A ce titre, il dispose d’un centre de documentation, d’une expertise en conservation et gestion de collections textiles et d’un atelier de restauration. A partir de ces outils et de son expertise, il participe à l’identification, la documentation et la recherche autour du fonds conservé, mais aussi plus globalement autour des arts liciers et de la pratique à Tournai. Il répond ainsi à des demandes d’études et de recherches venant de professionnels des musées, chercheurs, artistes, collectionneurs, … . Il collabore à la production de publications, contenus audiovisuels, … , et contribue à l’actualité de la recherche dans le domaine. Il est ainsi pour la recherche un point d’entrée et de convergence d’un vaste réseau belge et européen autour de la pratique.
Sauvegarde et protection :
La sauvegarde de la pratique trouve son origine dans la conservation du patrimoine licier. A ce titre, TAMAT assure cette mission de conservation en gérant un fonds patrimonial de plus de 400 oeuvres (tapisseries anciennes, modernes et contemporaines). Il travaille à la reconnaissance des pièces majeures comme trésor, à la sauvegarde de patrimoine en danger de dispersion, etc. Le musée est de manière permanente engagé dans l’amélioration des pratiques dans les domaines de la gestion de collections textiles, de la documentation d’une collection, de la mise aux normes des équipements (réserves, éclairage, etc) et s’engage au respect des règles de conservation.
Les deux ateliers de conservation-restauration, installés au CRECIT et à TAMAT, assurent aussi la sauvegarde par la conservation-restauration d’un patrimoine licier en danger, par l’action du temps, de mauvaises conditions de conservation, … . Les deux ateliers ont du personnel reconnu par l’association APROA (Association Professionnelle de Conservateurs-Restaurateurs d’OEuvres d’Arts). Elles sont par ailleurs accessibles à la visite pour les professionnels et le grand public, contribuant à la sensibilisation et à la transmission.
La sauvegarde concerne aussi le fait de maintenir en permanence le savoir-faire d’un métier ancestral. Depuis plus d’une dizaine d’années, les responsables du CRECIT à Tournai ont engagé des jeunes afin qu’ils puissent apprendre le métier de licière/licier en haute lice avec les licières plus expérimentées. Ce transfert du savoir, cette transmission des tours de main et « secrets » du tissage sont des actions indispensables pour pérenniser les techniques et le savoir-faire.
Communication, sensibilisation :
Les différents acteurs participent à la communication autour de la pratique, par l’organisation d’expositions, d'événements (exemple : tombée de métiers), d’initiations, et en participant à la production de contenus médias. Différents outils de communication sont ainsi développés par chacun d’entre eux et/ou en collaboration avec des partenaires médias (Notélé, Service de communication de la Province de Hainaut, ...) et touristiques (Office de Tourisme Ville de Tournai, ...).
La sensibilisation évoquée précédemment se développe par une grande variété d’actions publiques proposées.
Revitalisation :
La revitalisation de la tapisserie contemporaine se caractérise par une combinaison d'exploration thématique, d'innovation technique, de collaborations interdisciplinaires, de reconnaissance institutionnelle et d’un renouveau au niveau de l'intérêt du public, ce qui lui permet de rester pertinente et dynamique dans le paysage artistique actuel.
Le caractère emblématique de la pratique de la tapisserie de Haute Lice à Tournai se traduit notamment par les traces/marques de cette pratique dans l’espace public de la ville.
Aussi, TAMAT conserve aujourd’hui en Belgique le plus grand ensemble de tapisseries anciennes attribuées à Tournai, avec onze tapisseries des 15e et 16e siècles, propriétés de la Ville de Tournai et de la Province du Hainaut.
Également, la FWB a reconnu comme trésor en 2019 deux tapisseries, « Aux armes de Croy » conservées et exposées à TAMAT. Autour de ces oeuvres, un réseau de chercheurs, historiens, historiens d’art se mobilise aux côtés du musée dans le cadre d’études et de publications.
Par ailleurs, la tapisserie moderne belge, dont la Ville de Tournai fut le centre du renouveau est très bien représentée, constituant plus de 80% du fonds patrimonial du musée et faisant l’objet d’expositions temporaires régulières.
Si nous analysons la fréquentation de TAMAT, nous constatons une augmentation de celle-ci. Aussi, le public est soit un public local (Tournai, Hainaut, BE) soit un public d’origine plus éloignée (FR, UE et monde), et dans ce cas très souvent amateur, voire spécialisé, qui visite TAMAT pour le patrimoine et la création licière qui y sont conservés et exposés.
La découverte de l’art de la lice est par ailleurs inscrite dans l’offre touristique proposée par l’Office du Tourisme de la Ville, en partenariat avec TAMAT et le CRECIT. Le succès croissant des activités pédagogiques autour de la lice, mais aussi des initiations/stages proposées pour le grand public, marque un intérêt croissant du public notamment tournaisien pour cette pratique.
Depuis ces dernières années, le CRECIT est sollicité par des artistes de réputation mondiale (Vezzoli, Wang Du, Mounir Fatmi, Charlotte Beaudry, Sanam Khatibi, Yves Zurstrassen … ou par des galeries (Almine Rech Gallery, Gallerie Rodolphe Janssen, Baronian, …) afin de tisser des tapisseries contemporaines. On peut donc affirmer le caractère emblématique et le regain d’intérêt au niveau de la tapisserie tissée à la main.
Sans oublier : Que le CRECIT a présenté lors des festivités des 100 ans de Culture en Hainaut, une quinzaine de tapisseries contemporaines. Que le Musée des Beaux-arts de Tournai qui a récemment exposé les emblématiques tapisseries de l’histoire de Jacob conservées par le CRECIT, Que la Cathédrale de Tournai expose également les tapisseries de St-Eleuthère et les tapisseries de l’histoire de Jacob. Que la Cathédrale de Tournai a aussi été le lieu d’exposition d’une immense tapisserie créé par l’artiste Grau Garriga, conçue lors d’Europalia Espagne.
Les Triennales de la tapisserie à Tournai et l’importance d'E. Dubrunfaut et R. Somville dans leurs participations aux 1ères Biennales de Lausanne. Tapta Wierusz-Kowalski, initiatrice en Belgique de la Nouvelle tapisserie, et directrice d'atelier à TAMAT entre 1980 et 1997. Artiste de réputation internationale. Ainsi que la valorisation par des publications scientifiques et de vulgarisation pour tout public, éditées par TAMAT.
Dialogue intergénérationnel
Une véritable synergie existe entre les différentes institutions tournaisiennes. De nombreux événements voient se croiser un public jeune et moins jeune mûs par un intérêt commun. Qu’il s’agisse de vernissages, de visites ou de rencontres entre les acteurs de la création et de la transmission, ces événements sont toujours d’une grande richesse et attisent la motivation et la curiosité des uns et des autres.
Le CRECIT, dans les visites organisées ou l’accueil des stagiaires, et TAMAT, dans les échanges avec les résidents de la bourse de recherche ou l’accès au centre de documentation, offrent au public scolaire de nombreuses opportunités de découvertes.
De façon plus précise : Au niveau du CRECIT et depuis plus d’une dizaine d’années, les responsables ont engagé des jeunes afin qu’ils puissent apprendre le métier de licier en haute lice avec les licières/liciers plus expérimenté.es. Ce transfert du savoir, cette transmission au niveau du tissage sont des actions indispensables pour sauvegarder les techniques ancestrales et pérenniser le savoir-faire.
Au-delà de cette démarche, le CRECIT accueille des stagiaires au sein de l’atelier du CRECIT, organise des visites de groupes en collaboration avec l’Office du tourisme de la ville de Tournai et met en place des évènements publics : Vernissage, expositions de tapisseries, tombées de métier, …
Au niveau du TAMAT, différentes actions sont mises en place :
- Animations pédagogiques au sein de TAMAT : conçues et accessibles pour les scolaires des classes de maternelles, primaires et secondaires, et également développées et adaptées pour les étudiants du supérieur, les publics spécifiques en situation de handicap. Elles sont animées par des intervenant.es formé.e.s aux arts de la lice et souvent récemment diplômé.e.s ou ayant développé leur activité professionnelle depuis moins de dix ans.
- Guides du visiteur, parcours enfants et atelier de tissage libre à TAMAT : pour les adultes comme pour les enfants des supports et outils d’aide à la visite sont mis à disposition en regard des collections. Un espace de pratique du tissage, en accès libre, est aussi à disposition des enfants et adultes qui le souhaitent.
- Initiations et stage tissage/tapisserie à TAMAT : proposées pour les publics, tous les âges - enfants et adultes - et animés par des intervenants extérieurs.
- Résidence et accueil des artistes à TAMAT : les artistes peuvent être initiés à la pratique du tissage par des intervenants partenaires ou bénévoles, licier.e. pensionné.e par exemple ou en activité.
Dialogue multiculturel
Le dialogue multiculturel dans le contexte de la tapisserie à Tournai est important et riche de son patrimoine culturel et artistique. Tournai a une longue tradition dans la création de magnifiques tapisseries avec leurs détails complexes et leurs histoires. La tapisserie était un art important à Tournai dès le Moyen-Age, cette expression artistique et culturelle était reconnue au-delà des frontières.
Cette tradition a été influencée par diverses cultures au fil du temps. On peut voir des éléments de styles artistiques européens, mais aussi des influences provenant d’autres régions du monde. Les échanges culturels à travers les routes commerciales ont certainement enrichi l'art de la tapisserie à Tournai. Ce qui témoigne de la capacité des cultures à s'inspirer mutuellement.
Aujourd’hui, cette tradition continue d'évoluer. Les licières/liciers modernes tissent des oeuvres contemporaines créant ainsi un dialogue entre le passé et le présent, entre différentes cultures et esthétiques. C'est un véritable témoignage de l'histoire et de la diversité culturelle de la région.
À titre d’exemple et dans le cadre de l’accueil de stagiaires, le CRECIT a accueilli des stagiaires roumaines de l’École des Arts de Bucarest désirant apprendre le tissage de haute lice. Les responsables du CRECIT ont également visité et échangé avec plusieurs manufactures dans d’autres pays.
TAMAT s’inscrit quant à lui pour sa mission de valorisation, diffusion et recherche dans un réseau de partenaires à l’échelle internationale. Des liens étroits existent ainsi avec des structures muséales conservant des tapisseries anciennes, attribuées à Tournai, en Europe et aux Etats-Unis. Aussi, pour la programmation des échanges, des prêts et co-productions ont lieu avec des partenaires en Europe, Asie, … .
Pour les artistes résidents, certains originaires d’Asie et d'Amérique Latine par exemple, permettent de mettre en oeuvre un échange des savoirs et des pratiques autour de la tapisserie.
Egalité homme/femme
Historiquement, la place de la femme dans le travail de la lice a été réduite et limitée surtout aux étapes préalables au tissage (tri, filage de la laine). Dans la tapisserie des 15e et 16e siècles, l’action de tapissiers, marcheteurs, lissiers est soulignée… au ‘masculin’. On connaît néanmoins à Tournai quelques noms de femmes, le plus souvent veuves d’un maître tapissier, qui vont poursuivre l’activité familiale non seulement pour assurer les commandes en cours, mais aussi pour conclure de nouveaux contrats. Il semble évident que les femmes participaient de manière non négligeable dans la bonne marche des affaires de leur mari, licier ou marchand de tapisseries.
Les commandes de tapisseries étaient alors fréquemment distribuées hors de la cité, dans les campagnes où la main d’oeuvre licière pouvait être mixte, et en sous-traitance dans d’autres centres liciers ayant des métiers à disposition.
Les métiers liés à la fabrication d’étoffes, de costumes, à la couture, à la teinture,… sont dévolus exclusivement aux hommes jusqu’à la fin du 17e siècle, sous Louis XIV. L’activité corporative liée aux métiers du textile s’élargit alors à la femme avec certaines restrictions (interdiction de travailler avec un maitre tailleur homme, de réaliser des vêtements masculins et des vêtements de corps féminins - bas et corps de robes-). La place de l’homme reste fondamentale et celle de la femme, toujours marginale.
La pratique de la tapisserie devient féminine au 20e siècle, sans doute à relier à l’enseignement de la tapisserie qui s’instaure dans les Académies en Belgique, et à l’essor de ce décor mural dès l’entredeux guerres et après-guerre, phénomène général en Europe.
Le cas de Tournai est exemplaire : à l’initiative du directeur Léonce Pion, un cours de tapisserie est créé en 1931, animé par Fernande Dubois, réputée pour la finesse et l’extrême qualité de sa technique de tapisserie de lice classique. Un intérêt renouvelé pour la tapisserie murale dans les années 1930 se manifeste aussi dans d’autres pays européens notamment sous l’impulsion du Bauhaus où les femmes jouent un rôle majeur sur le plan de la création/conception.
A Tournai, dès 1947, sous l’action du collectif Forces murales, une dynamique se met en place pour redynamiser l’art de la lice. Plusieurs femmes participent à ce renouveau : l’épouse du peintre Jean Leroy et sa fille Claudine, bientôt elle-même professeure de tapisserie à l’Académie, à laquelle succède Mme Yvette Watteau-Desomberg, ouverte aux tendances novatrices de la ‘Nouvelle tapisserie’. Cet élan de mutation de la tapisserie qui quitte le métier et la technique classique pour investir l’espace et s’épanouir dans des formes, techniques et matériaux divers, sera le fait d’artistes féminines dont Tapta Wierusz-Kowalski , professeure de ‘structure souple’ à La Cambre, comme aussi en Pologne Magdalena Abakanowicz. Des générations d’artistes femmes la suivront dans cette démarche dans les années 1960-70, animées par le souffle de l’émancipation féminine et de la liberté des golden sixties. Cette (r)évolution sociologique a mené les femmes à s’exprimer suivant leur sensibilité, remettant en cause les critères habituels de la tapisserie, soit en tant que licières créatrices fidèles au métier de lice, soit dans l’art textile pluridisciplinaire. Dans ce même temps, les manufactures De Wit, de Braeckeleer à Malines, Chaudoir à Bruxelles, répondent aux commandes de l’Etat et d’institutions européennes, et de privés, réalisant des tapisseries monumentales grâce à une importante main d’oeuvre féminine (et les contremaîtres masculins) jusqu’au déclin de ces entreprises dans les années 1980.
A Tournai, après la création des cours du soir de l’Académie vers 1980 (l’Ecole des Arts actuellement), le cours de tapisserie de lice a persisté, activement fréquenté surtout par des femmes, et a pris récemment une orientation vers la Création textile.
Si le métier de la lice s’est féminisé, on peut en trouver les sources dans l’enseignement des écoles d’art, le mouvement lié à la ‘Nouvelle tapisserie’, à l’intérêt masculin pour d’autres orientations plastiques et artistiques, pour la haute couture, mais aussi à la sensibilité féminine portant son intérêt vers ce métier exigeant.
Aujourd’hui, au niveau des ateliers du CRECIT, nous accueillons des stagiaires tant féminins que masculins. Il est également à noter qu’en cas d’engagement, aucune préférence ne sera faite pour l’un ou l’autre genre.
Lutte contre le racisme et la xénophobie
Le tissage à la main n’a pas de frontière, quels que soit l’origine, la religion, le genre du licier ou de la licière, partout dans le monde, des tapisseries tissées à la main sont produites de façon artisanale.
Par ailleurs, les licières du CRECIT tissent actuellement une tapisserie selon un carton de Mehdi George- Lahlou qui questionne les normes de genres et d’appartenance culturelle. Il mélange les représentations issues d’univers religieux et culturels différents. Il déconstruit les stéréotypes ethniques occidentaux et orientaux.
On peut également citer les trois tapisseries « Les vénéneuses » selon les cartons de Rachel Labastie représentant des femmes engagées : Marie Gouze, dite Olympe de Gouge, Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt et Jeanne-Marie Phlipon, dite Madame Roland.
Développement durable
La tapisserie peut être considérée comme un choix durable pour plusieurs raisons, notamment en ce qui concerne les matériaux, la durabilité à long terme, et son impact sur l'environnement. En effet, les tapisseries tissées sur métier de haute lice sont fabriquées à partir de matériaux durables tels que le coton, la laine et la soie. Ces matériaux naturels sont renouvelables et nécessitent souvent moins de ressources pour leur production par rapport à des matériaux synthétiques.
La tapisserie fabriquée sur métier de haute lice est considérée comme artisanale. Cela implique des techniques traditionnelles qui nécessitent moins d'énergie et de ressources que les méthodes de production industrielle et mécanique. L'artisanat peut également promouvoir des pratiques de travail éthiques.
Sous un trait plus anecdotique, n’oublions pas qu’à l’époque des châteaux et autres grandes demeures, la tapisserie contribuait à l'isolation thermique des pièces, ce que l’on appelle de nos jours « économie d’énergie ». Dans le même ordre d’idée, les tapisseries ne demandent pas un entretien régulier nécessitant une consommation d’énergie importante.
La tapisserie peut être choisie pour sa beauté intemporelle et son caractère personnalisé. Opter pour des motifs classiques ou des designs intemporels contribue ainsi à la durabilité à long terme d’une oeuvre.
Une tapisserie artisanale tissée à la main peut donc être considérée comme une option durable en raison de sa fabrication à partir de matériaux durables, de sa longévité, de sa production artisanale, de sa facilité d'entretien et de son coût de production énergétique peu élevé. Cependant, il est toujours important de prendre également en compte les pratiques plus spécifiques comme les teintures de laines, soies, … et les matériaux utilisés pour évaluer réellement son impact sur l'environnement.
Contrairement aux produits mécaniques produits en série, ces pièces artisanales sont réalisées avec soin et exigent un travail minutieux, ce qui leur donne cette réputation de qualités et de durabilités. Elles permettent de promouvoir l'excellence et l'authenticité des produits artisanaux.
Concernant la teinture des laines, le CRECIT utilise des techniques limitant au maximum les rejets polluants. Les méthodes n’utilisent que la quantité nécessaire de colorant afin qu’elle puisse monter sur la fibre. Pour preuve, l’eau de rejet après teinture est limpide.
Le CRECIT fait des recherches sur les colorants naturels et s’interroge sur la problématique de la résistance à la lumière. Le CRECIT teint également des matières pour certains clients demandant la certification Oeko-Tex.
A l'avenir, la sauvegarde de ce patrimoine devra passer par des initiatives spécifiques et des mesures concrètes devront être adoptées. Nous pourrions aborder la préservation du patrimoine de la tapisserie à Tournai en tenant compte de certains critères :
Nos forces :
- Héritage culturel : La tapisserie a une longue histoire et une signification culturelle à Tournai. Il faudra donc mettre en avant ces aspects pour susciter l'intérêt et l'attachement.
- Artisanat traditionnel : La tapisserie est souvent associée à des compétences artisanales spécifiques. Nous devrons valoriser ces compétences et offrir des opportunités de formation afin de les préserver dans le temps.
- Engagement : Impliquer la communauté locale dans la préservation du patrimoine en organisant des événements, des ateliers et des expositions.
Nos faiblesses :
- Manque de financement : Trouver des sources de financement stables, que ce soit par le biais de subventions, de partenariats public ou privé ou de levées de fonds.
- Perte de compétences : Maintenir les programmes de formation pour transmettre les compétences nécessaires aux nouvelles générations et éviter la perte de ce savoir-faire.
- Faible visibilité : Mieux utiliser les médias sociaux, les expositions et d'autres canaux pour accroître la visibilité de la tapisserie et attirer l'attention du public.
- Absence de reconnaissance de l’Etat belge et des régions par un manque de commandes publiques
Les opportunités :
- Tourisme culturel : Exploiter le potentiel du tourisme culturel en mettant en avant la tapisserie comme attraction touristique via la création d’un pôle de la Tapisserie à Tournai (prendre exemple sur Aubusson).
- Collaborations artistiques : Continuer les collaborations avec des artistes contemporains de renom pour donner une nouvelle vie à la tapisserie et attirer un public plus large.
- Numérisation : Explorer la possibilité de numériser des collections de tapisseries pour les rendre accessibles en ligne, élargissant ainsi leur portée.
Les menaces :
- Désintérêt : Faire face au désintérêt potentiel en éduquant le public sur l'importance culturelle et artistique de la tapisserie.
- Evolution des tendances : Continuer à s’adapter aux évolutions des goûts artistiques et des tendances culturelles pour rester pertinent (Veille artistique).
En travaillant sur ces aspects, il est possible de développer des stratégies durables pour le maintien du patrimoine vivant de la tapisserie à long terme à Tournai.
Voir bibliogrpahie dans le dossier complet ci-contre.
Contact
Benoît Stephenne
Ateliers Tournaisiens de Tapisserie - asbl CRECIT
2, Rue Paul Pastur - 7500 Tournai
www.crecit.com
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