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La staurothèque de Marbais : première inscription sur la liste des « biens d’intérêt patrimonial » (BIP) !

Depuis le 1er janvier 2023, un nouveau décret encadre la protection des biens culturels mobiliers en Fédération Wallonie-Bruxelles. En plus de la catégorie des « trésors » dédiée aux biens exceptionnels, ce texte légal prévoit une liste des « biens d’intérêt patrimonial » (BIP) pour les œuvres d’art et objets présentant un intérêt remarquable.

Cette nouvelle catégorie permet d’insister sur le caractère tout à fait exceptionnel des « trésors » tout en offrant de la visibilité et des mesures de protection à des biens qui, bien que moins extraordinaires, sont d’un grand intérêt scientifique, historique, artistique ou ethnographique pour la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Ce début d’année 2024 est marqué par une première inscription sur la liste des biens d’intérêt patrimonial, celle de la staurothèque de Marbais (Brabant wallon) conservée à l’église Saint-Martin.

Tout comme les biens classés, les biens inscrits ne peuvent être vendus sans que la Fédération Wallonie-Bruxelles n’ait été en mesure d’exercer son droit de préemption. Ils sont repris dans l’inventaire en ligne de la FW-B et peuvent faire l’objet de subventions pour leur restauration. Afin de s’assurer de leur protection, toute modification apportée aux biens inscrits (situation juridique, localisation, état de conservation, disparition) doit être signalée.

La staurothèque de Marbais, un témoignage précieux

Une staurothèque est un coffret-reliquaire destiné à contenir un morceau de la “Vraie Croix”, à savoir celle sur laquelle Jésus a été crucifié. Créé en Orient, dans la sphère artistique byzantine, ce type d’objet se répandra en Europe à la faveur des Croisades. C’est bien dans cette histoire que s’inscrit la staurothèque de Marbais puisque cet exemplaire aux décors figuratifs orfévrés a été conçu dans nos régions vers 1400-1500 afin de protéger un fragment de la Croix offert à l’église Saint-Martin à Marbais par Gérard de Marbais (1180-1263), seigneur des lieux qui ramena cette relique de la Croisade de 1199.

Ornée d’une scène de calvaires et de sept médaillons, cette pièce remarquable sur le plan du style et de l’exécution est donc un témoignage précieux de l'influence des Croisades sur le développement d'un culte de la Croix dans nos régions. Elle atteste également des types de décors orfévrés qui sont pratiqués chez nous à la fin du Moyen Âge, une époque dont quelques œuvres orfévrées de très haut niveau sont conservées, mais peu sont véritablement locales comme celle-ci. Chaque premier dimanche de mai, lors du Tour de Sainte-Croix, la relique et son coffret participent à la procession sur un parcours long de 26km.

Staurothèque de Marbais, inscrite le 31/01/2024, conservée à l’église Saint-Martin à Marbais, © IRPA-KIK, Bruxelles