Reconnaissance officielle pour le jeu de bourles - Patrimoine culturel
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Reconnaissance officielle pour le jeu de bourles

« Le jeu de bourles » est désormais reconnu comme élément emblématique du patrimoine culturel immatériel de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Une tradition ancestrale et transfrontalière

Le jeu de bourles, dont le nom dérive du mot boule enrichi d’un « R » spécifique à la langue picarde, est pratiqué depuis le haut Moyen Âge dans l’ancien Comté de Flandre.  C’est donc une tradition ancestrale que perpétuent aujourd’hui les bourleurs et bourleuses, que ce soit lors du championnat régional, des tournois organisés par les clubs de bourles ou à l’occasion d’événements festifs divers.

On recense actuellement 16 sociétés de jeu de bourles en Fédération Wallonie-Bruxelles, toutes situées en Wallonie picarde, dans l’arrondissement de Tournai-Mouscron. Le jeu se pratique également dans le Nord de la France (Tourcoing, Wattrelos, Roubaix…) et en Flandre, où le jeu est connu sous le nom de trabol. Les échanges transfrontaliers sont nombreux et s’articulent autour de tournois rassemblant plusieurs centaines de participants et participantes.

Ni pétanque, ni curling

En championnat, le jeu se pratique en équipe de quatre ou cinq joueurs ou joueuses, chacun lançant deux bourles de 1,8 kg.  Les bourles, sortes d’épais disques taillés dans un bois dur, sont lancées sur une piste incurvée d’environ 25 mètres de long. L’objectif ? Se rapprocher le plus possible de la cible appelée “étaque”, en évitant les bourles adverses placées en obstacles. La subtilité du jeu réside dans la maîtrise du lancer : trop de force et la bourle finit dans le “tchu”, le bac situé en bout de piste, synonyme de hors-jeu. Il faut aussi savoir faire louvoyer la bourle d’un côté à l’autre de la piste incurvée, de manière à contourner les autres bourles et atteindre l’étaque.

Un plaisir de jeu à partager

La piste de jeu est intégrée dans un bâtiment couvert nommé ”bourloire”, qui se situe très souvent dans le prolongement d’un café, siège de la société de bourles. Seuls dix bourloires sont encore en activité aujourd’hui en Wallonie picarde. En effet, si le jeu connaît un essor remarquable du milieu du 19e siècle jusqu’à l’entre-deux-guerres, il accuse ensuite une forte régression, et les bourloires – qui nécessitent des frais d’entretien non négligeables – se font plus rares.  Le savoir-faire artisanal lié à la fabrique des bourles se voit également menacé.

La pratique du jeu se transmettant essentiellement via le cercle familial ou amical, des actions ont été mises sur pied afin de raviver la convivialité et développer l’intérêt des plus jeunes. Des joutes spéciales sont ainsi organisées à leur intention. Une formule de tournoi intergénérationnel a également été mise en place en mai 2025, rencontrant un franc succès.

Convivialité, stratégie et adresse sont les maîtres-mots de ce jeu traditionnel qui continue de faire vibrer les communautés locales. La reconnaissance obtenue le 24 septembre 2025 en tant qu’élément emblématique du patrimoine culturel immatériel vient confirmer la place de choix qu’il occupe au sein du patrimoine vivant de la Wallonie picarde.

Voici deux images qui illustrent le jeu de bourles :

  • Bourloire de Dottignies 2019. Les bourles autour de l’étaque et le compas permettant de désigner l’équipe qui a marqué le point © MUSEF
  • La bourloire de Bailleul en 2010 © Laure André